Grande Conférence de Santé : le SNPI réagit

 

 

Contrairement à la mauvaise idée du Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) nous estimons qu’il n’est pas nécessaire de faire une première année commune pour mettre en place quelques cours transversaux, ou donner des notions de base concernant chaque métier afin de mieux prendre en charge le patient et de mieux comprendre le travail de chacun. Car il faut respecter le cœur de métier. En novembre 2015, 20.585 infirmières, cadres infirmiers ou infirmières spécialisées ont répondu à une enquête : 68 % de ces professionnels infirmiers sont hostiles à une première année commune aux 14 formations paramédicales (14.018 réponses contre, 6.567 réponses pour).

Pour Thierry Amouroux, le Secrétaire Général du SNPI CFE-CGC, « cela irait à l’encontre de l’approche par compétences des nouveaux référentiels de formation issus de la réforme LMD des professions de santé. Par contre, qu’en 3ème année de formation il y ait des cours communs avec les autres étudiants arrivant eux aussi en fin de formation (éthique, travail en équipe, réflexions sur le travail pluridisciplinaire…) améliorerait surement les relations par la suite, pour le plus grand bénéfice des soignés. Mais nous de souhaitons pas la dissolution des IFSI dans des instituts régionaux de formation paramédicale formant les 14 professions de santé réglementées.

 

Nos attentes pour les infirmières
Malgré nos nombreuses demandes, le décret d’acte infirmier n’a pas été réactualisé depuis 2004. Or les techniques médicales évoluent sans cesse, et la prise en soins s’est modifiée.
« La loi autorise les infirmières à vacciner l’ensemble de la population, elles y ont été formées, et ont les compétences nécessaires. Mais le décret stupide d’une administration rétrograde a cantonné cela à une seule pathologie, la grippe, et pour un seul segment de la population : les personnes âgées ou les personnes atteintes de pathologies chroniques ! Là on nage en plein délire : nous sommes compétents pour vacciner une personne fragile, mais surtout pas son entourage en bonne santé ! » s’indigne Thierry Amouroux.
Autre exemple, une infirmière libérale peut prescrire des dispositifs médicaux comme les pansements, mais pas des médicaments aussi dangereux que le sérum physiologique (de l’eau stérile) pour décoller la compresse, ni l’antiseptique (en vente libre) pour désinfecter ! Il faudrait une loi pour nous y autoriser !

 

Nos attentes sur la pratique avancée
Pour la profession infirmière, le plus grand changement de la nouvelle loi de santé est la création en France du cadre légal de l’infirmière de pratique avancée IPA. (article 119, qui figurera dans le Code de la Santé Publique comme Art. L. 4301-1.)
Conformément à la proposition du Plan cancer III de créer le nouveau métier d’infirmier clinicien, la France devient ainsi le 26ème pays à créer ce nouveau métier pour des infirmières titulaires d’un Master (bac+5). Attention, ce nouveau métier ne concernera que 3% des effectifs, soit quelques milliers de personnes, sur l’ordre de grandeur des effectifs actuels d’infirmières spécialisées (infirmiers anesthésistes IADE, infirmières de bloc IBODE, puéricultrices).
La loi fixe le cadre général, mais nous attendons l’ouverture rapide de négociations pour constituer un référentiel de formation, définir une grille salariale, etc. Car seuls les décrets d’application va permettre à ce nouveau métier intermédiaire d’agir sur le terrain, sur le modèle des 330.000 infirmières de pratique avancée qui exercent déjà dans 25 pays du monde.

 

A l’étranger, la pratique avancée est un terme générique qui désigne deux rôles :
– Infirmière clinicienne spécialisée, qui exerce dans le même champ réglementaire que l’infirmière généraliste, mais avec un niveau de compétence plus élevé et généralement dans un domaine plus restreint ;
– Infirmière « praticienne », qui exerce dans le même champ réglementaire que l’infirmière généraliste et a, par dérogation aux conditions légales d’exercice, des activités relevant du champ médical (diagnostic de pathologies, prescriptions de thérapeutiques, prescription et interprétation d’examens, dépistage, orientation etc.).