Estime de soi et conscience de soi

si l’on se contente de modifier son comportement, on ne modifiera sa relation à l’autre que temporairement. En effet, les conditionnements reviennent et s’expriment sous d’autres formes.

 



LA QUALITÉ DE L’ESTIME DE SOI est une conséquence de la conscience de soi,
de la perception de son corps, de l’image de soi

1. La boîte noire de chacun
On s’exprime très souvent en disant que chacun a une boîte noire dans la tête. C’est l’invisible, l’inviolable ; c’est une image qui exprime le contenu de la conscience de soi, différente de l’estime de soi. L’élaboration de ce contenu conditionne l’estime de soi.

Il est nécessaire d’avoir conscience de soi, conscience des autres comme sujets interactifs dans la relation. Chacun a une conscience de soi différente de celle de l’autre. Ces deux boîtes noires peuvent- elles communiquer ? S’entendre : entendre l’autre, accueillir ses mots ?

D’après mon expérience, si l’on se contente de modifier son comportement, on ne modifiera sa relation à l’autre que temporairement. En effet, les conditionnements reviennent et s’expriment sous d’autres formes. On répétera les mêmes schémas réactionnels, car on ne connaît pas les sources de ses réactions comportementales. Si on les connaît, on se déconditionne pour la vie. Nous constatons des états d’abattement, des réponses qui ne sont pas toujours adaptées, ressentons des souffrances. Néanmoins, nous les dépassons plus faci- lement, car nous savons que nous sommes renvoyés à des émotions, des sentiments déjà éprouvés à l’occasion d’une émotion proche, bien que non identique. Peurs, craintes, images négatives de soi réapparaissent. Le contenu de la boîte noire a des rouages bloqués, grippés par de vieilles émotions à dépasser. Ce sont en quelque sorte des feux rouges qui entravent l’apparition de la réponse juste (j’aurais dû répondre, agir comme ça, je fonctionne en escalier). L’expérience montre que ces feux rouges peuvent se transformer en feux verts lorsque les émotions sont identifiées, dites, partagées. Les quatre fonctions de la psyché fonctionnent alors harmonieuse- ment. Elles constituent une partie de la boîte noire, ce sont les sen- sations, les sentiments, la pensée et l’intuition.

2. Sensation, sentiment, pensée et intuition
Je me réfère aux quatre fonctions de la vie psychique selon C. G. Jung.
La sensation provient de nos cinq sens ou de nos organes, elle est une information sans sens. Le sens provient de notre système de références émotionnelles, sentimentales ou logiques.

Je perçois que le ciel est gris. C’est la sensation. L’émotion est cette richesse qui se déclenche à notre insu devant ce ciel gris, le sens donné à ce ciel gris, « je le sens gai », « il est printanier ». En revanche, « il est triste » exprime un sentiment. Le sentiment est très mal connu, car nous avons peur de nos sentiments : où vont-ils nous conduire ? Socialement, en entreprise, il faut contrôler ses sen- timents : en éprouver serait une tare. Certes, non, c’est une richesse du vécu de la vie. « Le ciel est gris, je prends un parapluie » est une réflexion du domaine de la logique. Il ne s’agit plus de ressenti, du sentiment « j’aime », ou « je n’aime pas », la décision est opérationnelle.

Par exemple, je découvre qu’une personne est agressive dans sa relation avec moi, ce qui ne veut pas dire qu’elle soit généralement agressive. « Je la ressens comme agressive » : c’est une émotion. « Il est impossible de verbaliser mon ressenti avec elle » : c’est une pensée. « Je suis attristée par nos rencontres » : c’est un sentiment. J’ai le choix de la subir, de couper la relation ou de me protéger momentanément. Si je décide de couper la relation, c’est de l’ordre de la réflexion, de la prise de décision. J’utilise la fonction psychi- que de la pensée pour me protéger de cette personne.
L’intuition est une connaissance qui ne procède ni du savoir, ni de la déduction, c’est une perception immédiate, soudaine, complètement irrationnelle. Cette fonction psychique existe chez l’homme, mais elle est étouffée par la rationalité, la conceptualisation, les modèles et les stéréotypes culturels.

3. Conscience de soi
Que signifie conscience de soi ? Comme Catherine, nombreuses sont les personnes qui vivent sans avoir conscience de soi. Catherine commençait une approche corporelle par la relaxation. Lorsque je lui dis « indigo conscience de soi », elle fut étonnée. Je lui expli- quai que la conscience de soi est cette représentation réelle, imaginée, imaginaire, de notre personne physique, mentale, spirituelle. L’expression « conscience de soi » avait pris sens pour elle : elle accédait à une représentation de son moi, une histoire de vie qui intégrait la conscience de soi.

La conscience peut être comparée à une éponge. Elle absorbe les différents épisodes de la vie.
Au début de la conception, le fœtus n’a pas de conscience propre mais, dès que son système nerveux est structuré, il enregistrerait les émotions de sa mère. C’est une sorte de sous-terrain de la conscience. Plus tard, l’enfant vit dans un environnement familial et social en évolution, et l’éponge commence à s’imbiber. Les expériences de l’enfant s’enrichissent au fur et à mesure de son développement; l’éponge absorbe les nouveautés. À la période de scolarisation, l’enfant vit les expériences d’un contexte extra-familial.

La conscience englobe la totalité de la personne. Elle est connais- sance du corps en tant qu’image de soi et en tant que contenu psychologique. Sans doute avez-vous déjà perçu que la conscience est différente pour chaque personne. Elle se transforme également au cours d’une vie, au fil des époques et au gré des cultures.

Elle a été décrite par les philosophes, puis par les psychologues, en fonction du niveau des connaissances et des conditions de vie de leur époque, de leurs valeurs morales, spirituelles et de leur contexte économique, politique, culturel et religieux. Il existe maintenant des lois de la psychologie et des modèles de représentation de la conscience. Les travaux de la psychanalyse et de la psychologie en décrivent les diverses approches.
Freud introduit trois instances :
> Le ça est l’inconscient, il n’est accessible que par le rêve. Le surmoi dresse des barrières qui résultent des interdits sociaux et parentaux (d’après Henri Laborie, lorsque les règles de la société deviennent trop contraignantes, l’individu se trouve dans une situation d’inhibition et le stress apparaît, car le moi ne peut plus s’exprimer.)

> Le moi est formé par l’interaction entre le « ça » et le « surmoi ».
Jung a aussi décrit la conscience. Sa théorie introduit des représentations nouvelles de l’inconscient et des propriétés différentes du moi. Il introduit et décrit d’autres instances, le Soi, ainsi que l’animus et l’anima.

Les neuropsychologues qui étudient le cerveau parlent également de niveaux de conscience. D’après eux, ce sont des seuils liés à l’activité du cerveau. Ils ont établi une cartographie des aires du cerveau dans lesquelles sont imprimées les sensations des membres et des organes : c’est le schéma corporel, qui constitue aussi l’iden- tité de soi et participe à la conservation de l’image de soi. Il préserve l’estime de soi.

4 Schéma corporel
Les mouvements participent à l’élaboration du schéma corporel. Celui-ci résulte de la perception du corps à travers le mouvement et les sensations. Pour l’enfant, c’est le reflet de lui-même lorsqu’il se perçoit dans un miroir. C’est une des formes de la relation à lui-même. Les exercices corporels proposés dans ce livre interpellent pour prendre conscience et mémoriser le schéma corporel dans les aires du cerveau.

 

Agnès Payen de la Garanderie

 

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