Ceux qui ont fait la France : Mérovée

412-457
Le premier roi a-t-il existé ?

Les origines de la première dynastie royale française se perdent dans les limbes d’une histoire bien incertaine. Une question a longtemps taraudé les historiens : Mérovée est-il le fondateur de la première dynastie royale de France ?

Il est difficile de réunir des éléments sur celui qui est supposé avoir fondé la première dynastie royale. Cela n’est pas très étonnant au vu de la période considérée, le début du ve siècle, époque qui voit l’Empire romain se déliter sous la pression des tribus venues d’outre- Rhin. La Gaule romaine est traversée par des peuplades guerrières qui cherchent de nouvelles contrées où s’établir, comme les Alains ou les Vandales, qui gagnent la péninsule ibérique. Les Wisigoths s’installent dans le sud de la province romaine. D’autres tribus ne pénètrent en Gaule que pour se livrer au pillage avant de retour- ner derrière le Rhin avec leur butin. Pour tenter de défendre leur province, les Romains nouent avec certains peuples barbares des alliances en leur offrant des terres à condition qu’ils participent à la protection de la Gaule.

C’est le cas des Francs saliens, établis dans les régions de Cambrai et Tournai. Un de leurs premiers chefs connus, Clodion, aurait eu un un fils, Merowig... Rien n’atteste cette filiation entre et alors ? » Clodion et celui que les historiens renommèrent Mérovée, sa date de naissance demeurant inconnue. Celle de son accession à la tête de son peuple est tout aussi incertaine. Selon certaines sources, ce serait en 448, selon d’autres en 451.

Cependant, le sujet sur lequel une majorité de chroniqueurs et d’his- toriens se retrouvent concerne l’aide apportée par Mérovée et ses combattants francs à Aetius et à son armée romaine.

Une des dernières grandes invasions a lieu peu de temps après son accession au pouvoir. Attila et ses tribus ont quitté les plaines d’Europe centrale. À l’est du Rhin, il renforce ses troupes en ralliant à son projet d’envahir la Gaule d’autres peuplades comme les Ostrogoths et les Francs de Germanie. Avec cette multitude d’hommes de guerre, il pénètre en Gaule, pillant les villes qui se trouvent sur son chemin. Il évite Paris – ce qui vaudra à une certaine Geneviève de devenir la sainte patronne de la ville – et va faire le siège d’Orléans. Mais la ville résiste et le roi des Huns, sachant que les armées romaines approchent, repart vers l’est. Son incursion n’en a pas moins provoqué le ralliement au général romain des tribus établies en Gaule. Sous la conduite de Mérovée, les Francs saliens se mêlent aux Wisigoths et aux Burgondes pour se joindre à Aetius. Attila est rejoint dans les plaines de Champagne. La bataille des champs Catalauniques se révèle sanglante. Elle aurait fait, selon la tradition, entre 150 000 et 300 000 victimes. Théodoric Ier, roi des Wisigoths, en fait partie. Attila, vaincu, est obligé de prendre la fuite avec le reste de ses troupes, et c’est Mérovée qui se lance à sa poursuite.

Le roi franc ne survivra pas très longtemps à cette victoire. Il serait mort en 456 ou 457. Là encore, le flou est persistant, d’autant que sa tombe n’a jamais été retrouvée. Ce qui n’est pas le cas de celle de son fils Childéric, dont le tumulus a été fouillé en 1653, permettant de mettre au jour les armes et atours d’un roi mérovingien.

Celui qui passe pour le grand-père de Clovis a donc laissé fort peu de traces. Mais son existence n’a jamais été remise en cause par sa descendance fondatrice du royaume de France.
Et c’est sans doute cette discrétion historique qui permet à certains de remettre en cause son existence, d’autant que Jacques de Guise a fait de l’histoire de sa vie une fable totalement irréaliste. Mais ces temps-là n’étaient-ils pas prodigues en légendes ?

 

Bertrand Galimard Flavigny

 


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