Trente-cinq ans de déplacements à vélo

 

Sortir mon vélo pour me déplacer est un plaisir qui m’accompagne depuis mon enfance. Mon « biclou » est même devenu mon véhicule principal à partir de 1974. J’étais alors loin d’imaginer l’importance que cela allait prendre dans ma vie. Pourtant, choisir définitivement la bicyclette comme moyen de locomotion ne s’est pas fait tout seul.

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Sortir mon vélo pour me déplacer est un plaisir qui m’accompagne depuis mon enfance. Mon « biclou » est même devenu mon véhicule principal à partir de 1974. J’étais alors loin d’imaginer l’importance que cela allait prendre dans ma vie. Pourtant, choisir définitivement la bicyclette comme moyen de locomotion ne s’est pas fait tout seul.

À onze ans, j’entrai fièrement au collège. Habitant à un kilomètre de l’établissement et rentrant à la maison à midi pour déjeuner, comme beaucoup de mes camarades de classe, je devais prendre le vélo. J’y atta- chais mon cartable, et me laissais glisser dans la descente. Le retour, je l’ai souvent fait avec un ami assis sur mon porte-bagages, lui faisant ainsi gagner du temps. La bicyclette était considérée comme le moyen de déplacement des enfants. C’était naturel et efficace. J’ai continué ainsi jusqu’à mon baccalauréat.

Mon premier grand choix s’est fait à dix-neuf ans. Habitant à dix kilo- mètres de l’université, le vélo n’était pas la solution immédiate. En choisissant sciemment ce mode de locomotion, alors que je disposais d’autres alternatives, j’inscrivais durablement en moi cette préférence, qui ne m’a alors jamais quitté.

Pour autant, j’étais étudiant. Il semblait assez aisé de se déplacer à vélo dans ces conditions, sans « standing » à tenir, ni vie de famille à organiser. De nombreuses personnes m’avaient prédit un retour à la voiture, soit en entrant dans le monde du travail, soit pour raisons familiales, lors de l’arrivée des enfants. Certes, en tant qu’ingénieur, je me suis fait discret pour continuer à utiliser le vélo, et j’ai dû m’organiser. De même, mon épouse ne passait pas inaperçue avec nos deux filles installées sur sa bicyclette, l’une à l’avant, l’autre à l’arrière, surtout à cette période où l’utilisation de ce moyen de locomotion n’était pas encore tendance.

Doucement, le statut d’original a laissé la place à celui de précurseur. Étant connu en tant qu’utilisateur du vélo, je me faisais de plus en plus souvent interpeller dans les couloirs de mon entreprise par des collègues enthousiastes m’exprimant leur découverte récente de cette pratique et des plaisirs qu’elle leur procurait. Ils savaient qu’ils trouveraient auprès de moi une écoute qu’ils n’obtenaient pas avec leurs collègues qui les prenaient pour des illuminés. Cette énergie qu’ils me manifestaient a fini par m’interroger. J’y voyais un formidable potentiel de changement, que je ne savais pas comment mettre en œuvre. En y réfléchissant, et grâce aux coïncidences de la vie, j’ai eu l’idée de développer les Bus Cyclistes. Progressivement, je me suis investi de plus en plus, jusqu’à faire de cette passion mon activité professionnelle, me permettant d’exprimer ma satisfaction d’allier efficacement plaisir et déplacements.

Ce livre est le recueil d’expériences, de témoignages et de conseils pratiques accompagnant le passage d’un mode de vie à un autre. Avec le premier, nous sommes esclaves de la voiture, avec le second, le vélo nous apporte liberté et apaisement dans la vie quotidienne.

On le voit bien, tous les indicateurs sont au vert pour que les acteurs de la société puissent vivre et accompagner ce changement et en récolter les fruits, beaucoup plus nombreux que ce qu’on imagine. Passer du vélo à la voiture n’est pas un simple changement de véhicule. Cela entraîne un bouleversement dans les modes de vie et les systèmes de pensée. Avec un rythme apaisé, davantage de respect de l’environnement et d’autrui, la modification du paysage urbain qui en découlera apportera inévitable- ment une modification de la société. Durant longtemps, ce ne fut qu’un rêve qui pouvait passer pour une utopie. Les réalités de la vie, avec les contraintes liées aux changements économiques et climatiques, à l’obligation de repenser les déplacements, nous apportent la plus belle opportunité de changement et d’espoir que nous pouvions espérer. Chacun de nous dispose, par sa possibilité de choix, de ce levier agissant sur notre qualité de vie, et sur notre futur proche.

À nous de choisir. Alors, en toute simplicité, mon invitation est : TOUS À VÉLO !


 Hervé Bellut

 

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