Tao : la posture de méditation

 Il est important pour le débutant de bien veiller à sa posture pendant la séance, car toute la réussite d’une bonne méditation en dépend. Lorsque l’on médite, l’énergie vitale circule dans le corps. Cette circulation doit se faire sans entraves ni contraintes, c’est la raison pour laquelle la posture doit être stable et parfaite. La respiration doit aussi se faire dans le calme et sans obstacles, alors l’air subtil se propage dans le corps et stabilise l’esprit. L’assise


Il est important pour le débutant de bien veiller à sa posture pendant la séance, car toute la réussite d’une bonne méditation en dépend. Lorsque l’on médite, l’énergie vitale circule dans le corps. Cette circulation doit se faire sans entraves ni contraintes, c’est la raison pour laquelle la posture doit être stable et parfaite. La respiration doit aussi se faire dans le calme et sans obstacles, alors l’air subtil se propage dans le corps et stabilise l’esprit.
L’assise

Pour que la posture soit stable, il est nécessaire d’avoir une bonne assise de base. Pour cela, il est recommandé d’adopter la position assise en tailleur. Certains préconisent la position assise en lotus (chaque pied étant posé sur la cuisse opposée) ou en demi-lotus (un seul pied repose sur la cuisse opposée).

Les taoïstes en ce domaine ne sont pas aussi rigoureux que les Hindous pour qui la position en lotus est nécessaire à une bonne méditation. Pour les taoïstes, l’assise en tailleur peut suffire. Par contre, la position des jambes doit être respectée pour une bonne circulation de l’énergie qui n’a pas le même sens pour les hommes et pour les femmes. Les hommes mettront la jambe gauche devant la jambe droite, le talon droit sera placé au niveau du Hui Yin (« Réunion des Yin », 会引) c’est-à-dire au périnée. Les femmes mettront la jambe droite devant la jambe gauche, le talon gauche sera également placé au niveau du Hui Yin. Pourquoi cette position inversée chez l’homme et chez la femme ? Tout simplement pour respecter la qualité de l’énergie essentielle de l’homme et de la femme. L’homme est d’essence Yang, représentée par la partie gauche du corps. Mais il a en lui un peu d’essence Yin représentée par la partie droite du corps. La jambe gauche Yang doit de ce fait être à l’extérieur et la jambe droite Yin à l’intérieur, afin de respecter l’essence même de la virilité spirituelle masculine. La femme est d’essence Yin, représentée par la partie droite du corps. Mais elle a en elle un peu d’essence Yang représentée par la partie gauche du corps. La jambe droite Yin doit de ce fait être à l’extérieur et la jambe gauche Yang à l’intérieur, ceci pour respecter l’essence même de la spiritualité féminine matricielle. Ainsi sont respec- tés les deux composants Yang et Yin du Tai-Ji ([).

L’emploi d’un coussin de méditation est fortement recommandé. Ainsi, le bassin se trouve plus élevé que les jambes, ce qui facilite leur positionnement sans contraintes musculaires et articulaires. Il existe différentes sortes de coussins de méditation, plus ou moins épais, de forme ronde, carrée ou même en demi-lune. C’est à chacun de voir ce qui lui convient le mieux. À la limite, on peut utiliser un simple coussin de salon ou même un oreiller, pourvu que l’on y soit bien installé. Le coussin, en surélevant le bassin, permet de bien positionner le rachis, ce qui est important pour une bonne méditation.

Certaines personnes peuvent avoir des difficultés à se mettre en position assise en tailleur. Il est possible dans ce cas de méditer assis sur une chaise ou un tabouret. Pour ce faire, il faut s’asseoir sur le bord de la chaise, les deux pieds bien à plat sur le sol, les jambes formant un angle droit avec les cuisses. Le dos ne doit pas être appuyé sur le dossier.

La colonne vertébrale
La colonne vertébrale doit être droite. En effet, cette structure vertébrale est le support du Canal Central (Chrong Mo, 中脉) où circule l’énergie vitale, c’est-à-dire le support de l’Orbite microcosmique composée du Canal Gouverneur en arrière, par lequel monte l’énergie, et du Canal Conception en avant, par où redescend l’énergie. La bonne circulation de l’énergie dans le Canal Central est nécessaire à la stabilisation du corps et de l’esprit.

Si la colonne vertébrale est penchée à droite ou à gauche, trop en avant ou trop en arrière, la circulation du Qi vital est entravée et perturbe la méditation. La colonne vertébrale est l’axe qui relie l’énergie de la terre et l’énergie céleste, c’est pourquoi on la nomme « arbre de vie ». Or, au cours de la méditation, il doit y avoir accord parfait entre la terre (le corps) et le ciel (l’esprit).

Attention toutefois, droit ne veut pas dire rigide. Inutile donc de contracter tous les muscles rachidiens pour maintenir la verticalité, sinon il y a risque de fatigue musculaire et de douleur au bout de quelques minutes de méditation. La colonne vertébrale doit être droite mais souple. Seule une tension musculaire minimale au maintien de la posture est nécessaire.

Le périnée (Hui Yin) et le sommet du crâne (Bai Hui) doivent se trouver sur une même verticale. Le menton doit être légèrement rentré dans le cou.

La position assise en tailleur, étudiée précédemment, représente la base terrestre, féminine, la matrice, le yoni de Shakti des tantristes, la mère, la coupe dans laquelle se dresse l’axe vital. La colonne vertébrale représente le membre viril, le linga de Shiva des tantristes qui s’élève vers le ciel, le père, l’esprit vers lequel on dirige notre méditation. La stabilité de l’assise et la verticalité de la colonne vertébrale doivent donc être bien contrôlées pour une bonne union du corps et de l’esprit.

Les mains et les bras
Différentes positions des mains peuvent être adoptées pour la méditation, mais elles doivent toujours être en position dite d’égalité, c’est-à-dire au même niveau. Si l’une des mains est posée sur le genou, l’autre main doit avoir la même position sur l’autre genou.

Dans la position la plus simple, les mains sont posées sur les genoux, paumes contre ceux-ci.

Dans la position purement taoïste, les mains sont posées sur les genoux paumes tournées vers le ciel pour capter l’énergie céleste par le Lao Gong (centre de la paume). Le pouce et l’index sont mis en opposition pulpe contre pulpe afin de faire une boucle énergétique entre le Méridien des Poumons responsable de la respiration et celui du Maître du Cœur qui régule le cœur responsable du calme de l’esprit.

Dans la position bouddhiste, les deux mains sont posées l’une sur l’autre devant le pubis, paumes tournées vers le ciel, main droite sur la gauche, les deux pouces formant un arc de cercle fermé au-dessus.

Les bras forment quant à eux un arc de cercle de chaque côté du corps, sans tensions, sans raideur, les épaules souples et tombantes.

La tête et le visage
La tête doit rester droite, dans le prolongement de la colonne vertébrale ; le Bai Hui, le sommet du crâne, dressé vers le ciel. Il ne faut pas baisser la tête vers l’avant, pas plus que la redresser exagérément en la penchant vers l’arrière. Les muscles faciaux doivent être bien détendus, les mâchoires décontractées. La mâchoire inférieure tombe légèrement vers là-bas, entrouvrant légèrement la bouche.

Les lèvres sont détendues. La langue est placée pointe contre le palais. Les yeux doivent rester absolument immobiles, car tout mouvement des yeux entraîne un mouvement de l’esprit. Le regard doit être placé dans le prolongement du bout du nez, ou tourné vers le troisième œil pour les pratiquants les plus avancés en méditation. Au début, on peut garder les yeux clos pour faciliter le vide en soi. Mais les adeptes taoïstes habitués à méditer gardent les paupières très légèrement ouvertes pour laisser passer un léger rayon de lumière. Car pour ces adeptes, il y a toujours un peu de Yang dans le Yin, donc un peu de lumière dans l’obscurité. Sachant que cette obscurité créée sera la mère de la lumière intérieure incréée au fur et à mesure de l’obtention de la profondeur méditative. De plus, certains Maîtres taoïstes disent que si l’on garde les yeux complètement clos, on enferme en soi nos Nei Gui3, nos fantômes intérieurs, qui risquent de perturber le calme mental.

Comment s’installer avant de commencer à méditer
Il faut s’asseoir sur le coussin de façon à bien installer confortablement et de manière stable ses fessiers. Au besoin remuer en tous sens les fesses de façon à trouver la bonne assise sur le coussin. Redresser la colonne vertébrale pour la positionner bien droite, rentrer le menton dans le cou. Se pencher un peu en avant, en arrière, un peu à droite, un peu à gauche pour trouver le bon axe vertical médian. Puis positionner les mains et les bras dans la tenue adéquate pour la méditation. Quand on a trouvé la bonne position, il y a un minimum de muscles en tension, juste ce qu’il faut pour maintenir la posture sans fatigue, ceci évitera les crampes et les douleurs musculaires et articulaires.
 

Krasensky Jean-Pierre

                        
                                                                              

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 La méditation taoïste ch'an