Manger avec plaisir c’est maigrir un peu...

Très bonne nouvelle : la gourmandise n’a rien d’un vilain défaut, c’est même une arme minceur redoutable, car elle guide judicieusement nos sens aussi sûrement qu’une tête chercheuse. Quand c’est bon, curieusement, on mange moins, cela a été maintes et maintes fois démontré. En fait, ce n’est pas si curieux que ça : lorsque le regard, les papilles, l’odorat voire le toucher sont comblés, la faim s’efface. Tandis que frustrés par un fromage sans saveur, un pain mou qui ne croustille pas, une soupe sans odeur, un dessert « au faux sucre » et des additifs qui ne trompent pas le cerveau, les sens, tyranniques, forcent à manger encore et encore, dans l’espoir (vain) d’être satisfaits.

Sauf exceptions, le surpoids va souvent de pair avec des menus standardisés, monotones, une certaine défiance envers les aliments (« toi, si je te mange, tu vas me faire grossir ou pas ? »), des calculs savants (« dans cette portion-là, tu crois qu’il y a 124 calories ou 127 ? »). Observez nos jeunes chefs : Jamie Oliver, Gontran Cherrier, Cyril Lignac... n’ont plus rien de commun avec ces toqués sympathiques et ventripotents qui posaient en tablier, une poularde dans une main, une casserole de sauce dans l’autre ! Minces, enjoués et désireux de nous faire part de leurs secrets de cuisine, qu’ils revendiquent comme accessibles à tous (il suffit de feuilleter leurs livres de cuisine en librairie pour s’en convaincre), ils soignent autant leur look que celui de leur assiette. Résultat : les magazines féminins s’arrachent ces nouvelles icônes, aussi plébiscitées que les sportifs posant nus pour les calendriers chaque année. Qui a dit que mincir devait rimer avec ennui ?

Anne Dufour

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