La déchéance de nationalité est une mauvaise réponse à une question qui ne se pose pas



Christian Gaudray, président de l'UFAL



 

L’Union des Familles Laïques est une association familiale progressiste qui défend et promeut la notion de République “indivisible, laïque, démocratique et sociale”. Elle s’inscrit donc dans la continuité du projet républicain, de la Révolution Française à nos jours en passant par la Libération.

La conception républicaine de la nationalité la lie à la citoyenneté : c’est la nationalité qui confère la qualité de citoyen. L’attribut juridique de la nationalité, avec les droits et les devoirs qui en découlent, est constitutif de l’association politique. Le droit du sol découle de ce que l’appartenance à l’association politique ne dépend d’aucun lien préalable, qu’il soit ethnique, politique ou religieux.

La nationalité est un attribut juridique des citoyens qui selon nous ne saurait être retiré. L’indivisibilité de la République ne peut s’accommoder d’une citoyenneté qui serait divisible – rappelons d’ailleurs que la France ne reconnaît pas la double nationalité, même si elle l’autorise.

Or, nous ne vivons pas une crise de la nationalité mais une crise de la citoyenneté. Casse sociale et licenciements massifs, « territoires perdus » désertés par les services publics, ghettoïsés par la politique immobilière, abandon de l’école au pédagogisme niveleur par le bas, destruction des systèmes de protection sociale solidaire, inégalités accrues dans l’accès aux études, à l’emploi, au logement… comment se sentir « citoyen » dans ces conditions, et saisir l’importance de ce concept politique exigeant quand commande la survie matérielle immédiate ? Près de 50% des électeurs, en s’abstenant, ont partiellement renoncé à exercer leur citoyenneté. Les mesures envisagées par le pouvoir ne feront qu’aggraver cet abandon de citoyenneté !

Affaiblir ce qui fait de tous des « citoyens libres et égaux » n’est une réponse ni légitime, ni adéquate face à une offensive politico-religieuse qui vise précisément les principes républicains au travers de la guerre qu’elle mène sur notre territoire.

Réviser la Constitution, texte au sommet de la hiérarchie de notre ordre juridique interne, sous la pression et l’émotion d’actes de guerre est un aveu de faiblesse, qui plus est totalement dépourvu d’efficacité. Quelle que soit l’horreur des crimes, c’est à la loi seule qu’il revient de les définir et de les punir.

Or les peines permettant de retirer les droits civils et politiques lors de crimes existent déjà. La création, par voie législative, d’une peine les rassemblant, qui s’appliquerait aux crimes contre la République, serait un symbole fort et suffisant.

La République est robuste et ses citoyens ont montré qu’ils savaient s’unir face à l’adversité. Elle ne peut vivre et progresser qu’en s’appuyant sur ses principes et non en leur tournant le dos et en piochant dans la boîte à idées d’une extrême-droite qui, sur le fond, l’a toujours combattue.

Aujourd’hui, c’est la citoyenneté qui est questionnée, pas la nationalité. Il n’y a de bonnes réponses qu’aux questions qui se posent.

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