Economie : les grands prédateurs


Il n’est pas simple de sauter d’un train en marche, surtout lorsqu’il est le résultat d’une technologie de pointe qui permet d’aller où l’on veut, à toute vitesse, et que l’on se croit apparemment protégé malgré le bruit et le chaos. Beaucoup de nos grandes entreprises ressemblent à ces trains prodigieusement puissants et efficaces, qui roulent de plus en plus vite vers leurs destinations strictement financières.

Pour alimenter la croissance, tous les coups sont permis, comme si l’on était dans un jeu virtuel où ceux tombés sur les bas-côtés – les pauvres, les malades et les morts – pouvaient se relever pour la partie suivante.

Parmi tant d’autres, Monsanto est le symbole parfait de l’entreprise gagnante, « numéro un mondial », qui fait de cet objectif sa priorité. Hormis la croissance, point de salut ! Choisissons, au sein de ce groupe Monsanto, l’exemple de certaines de ses semences transgéniques, dont une des caractéristiques est d’offrir des récoltes immédiates particulièrement abondantes, mais l’autre de bloquer la reproduction des cultures, contrairement à ce qui se passe normalement dans la nature. En arrivant dans un nouveau pays, la stratégie Monsanto est d’offrir les graines, histoire de s’implanter facilement et rapidement dans un contexte local de grande pauvreté. La perspective d’une récolte immédiate décuplée par rapport aux autres graines ou semences est alléchante. Les agriculteurs locaux acceptent. Ceux qui sont en bas de l’échelle sociale n’ont pas vraiment le choix de refuser en fait, car ils ont faim, et tout est bon à prendre. Et les autres cèdent devant la perspective de telles récoltes immédiates et des retombées d’argent faciles. Mais la majorité des petits paysans n’ont pas de quoi acheter les semences l’année suivante, leurs anciennes cultures qui, elles, se reproduisaient spontanément, ont disparu et la famine refait son apparition auprès des plus démunis.

Une majorité de nos groupes industriels, tous secteurs confondus, jouent ensemble au poker et, à tour de rôle, cèdent les cartes qui ne font pas partie des bonnes pioches, comme les secteurs d’activité dont régulièrement on se débarrasse. Comme pour Monsanto, le « capital humain » dans cette histoire ne fait pas partie des préoccupations, trop souvent, il ne sert que de pion pour la partie suivante, si toutefois il y est convié.

Nos grands groupes industriels mènent le monde. Aucune nation, aucun peuple, aucune tribu ne peut prétendre aujourd’hui échapper à la présence inopinée ou aux influences du prédateur économique d’à côté ou d’en face. Le soi-disant progrès a ouvert les portes à tous les dangers. Encore une fois, la grande différence avec ce qui a toujours été vient de la mondialisation. Aujourd’hui, c’est la planète entière qui vibre au son du même diapason, celui de l’acharnement à posséder toujours plus et à envahir sans cesse concrètement, virtuellement ou symboliquement le territoire des autres. Qui tuera l’autre ? Qui le mettra sous sa coupe ? Et qui n’en aura rien à faire ? Les résultats inversement proportionnels entre l’amélioration de la productivité et la lutte contre la grande pauvreté dans le monde en sont un exemple insupportable. Dans son dernier livre3, le grand économiste mondial Joseph Stiglitz dénonce combien actuellement les inégalités ne cessent de s’accroître sous le joug du pouvoir illimité du dieu argent !

Tous concernés
Grâce aux technologies de l’information et à cette gigantesque toile humaine connectée en temps réel sur le net, pour la première fois, les êtres de la planète sont tous vulnérables ensembles. Les êtres humains ont réussi cet exploit grâce à leur cerveau imaginatif, créatif et opérationnel.

Désormais, nous sommes tous enchaînés les uns aux autres, à l’intérieur d’effets systémiques qui peuvent être soudains et terrifiants à l’échelle de la planète entière. Certains économistes, politiques et journalistes cherchent toujours, même huit ans après, en 2016, à comparer la crise de 2008 à celle des années 1930 quand rien n’est plus comparable vu les avancées technologiques et les interconnexions permanentes à portée de chacun. Le vrai danger maintenant est l’emballement généralisé. La toile informatique et ses nombreux réseaux intern tionaux ont complètement changé le paysage.

Nos politiciens et « grands » patrons sont un peu démunis, car il faut penser global et local en même temps, et plus que jamais être en mesure de détecter les signaux faibles avant-coureurs d’éventuels effets dévastateurs. Ces signes sont là comme des alliés et des guides, mais nul ne s’arrête suffisamment pour les considérer. Il n’y a qu’à voir, par exemple au sujet du virus h1n1 (ou plus récemment du virus Ebola), la psychose qui s’était développée dans tous les États et surtout en France. Ce virus h1n1 est très symbolique des effets d’emballement planétaire, des manipulations massives, de la précipitation désordonnée des pouvoirs en place sans réelle réflexion et de la main mise économique de quelques grands groupes industriels qui saisissent l’opportunité d’en profiter, à tort ou à raison, pour faire plus d’argent.

Notre démarche aujourd’hui est donc de repenser individuellement notre présent pour choisir les portes à ouvrir et celles à fermer catégoriquement.

 

Martine Laval     
                                                                              

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