Marche arrière de la France en santé mondiale et en recherche

A l’heure où la communauté scientifique et les acteurs communautaires se réunissent pour décider des prochaines stratégies de lutte contre le VIH-sida, et se mobilisent pour atteindre les objectifs 90-90-90 de 2020, nos associations déplorent l’absence d’engagement du président de la République dans la lutte contre le VIH-sida et condamnent la véritable marche arrière amorcée par le nouveau gouvernement en matière de santé mondiale et de recherche.

Réunies à Paris à l’occasion de la 9e conférence scientifique sur le VIH, la communauté scientifique, les ONGs et les acteurs communautaires alertent sur les risques d’une reprise de l’épidémie du VIH face au recul des engagements politiques et financiers des Etats en la matière. Car si, en 30 ans, la lutte contre le VIH/sida a été marquée par des avancées considérables dans le domaine de la recherche, de la prévention et des traitements, c’est encore 7 milliards d’euros qu’il manque chaque année pour atteindre d’ici 2020 les objectifs 90-90-90 d’ONUSIDA.

Inscrits dans l’objectif de développement durable plus global de « Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge », l’atteinte de ces objectifs dépendra aussi bien de l’engagement politique que financier de la France. Pourtant si la France s’est bien dotée d’une stratégie française globale et transversale en santé mondiale, sa mise en œuvre, à ressources financières actuelles et constantes, reste illusoire.

Pire encore, faisant fi de son engagement international d’allouer 0,7% de son RNB à l’aide publique au développement, le nouveau gouvernement décide de lui soustraire 140 millions d’euros et diminue par ailleurs de 331 millions d’euros le budget du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. En amputant une partie des financements dédiés à la santé mondiale et supprimant une partie des financements de la recherche, pourtant indispensables aux innovations en santé, le gouvernement porte un coup fatal à la santé mondiale et met fin au rôle historique et capital de la France, en la matière.

Motivées pour des raisons d’équilibre budgétaires ces coupes s’ajoutent cependant à des annonces, tout aussi préoccupantes, visant à revenir sur les outils essentiels de financement de la solidarité internationale. Annonçant coup sur coup le report des négociations sur la taxe sur les transactions financières européenne et la suppression de la taxe sur les transactions intra-journalières, le gouvernement tourne le dos à près de 2 milliards d’euros. Pourtant, en étant dédiées à 100% à la solidarité internationale, à la santé et au climat, ces ressources pourraient permettre à la France de contribuer à la solidarité internationale à hauteur de ses engagements et de ses discours politiques. Incohérentes et injustifiées, ces annonces sont d’autant plus inquiétantes qu’elles révèlent une stratégie politique, aux conséquences dramatiques sur la vie de centaines de millions de personnes, dont les 17 millions de personnes n’ayant toujours pas accès aux traitements antirétroviraux.

Le gouvernement français doit donc réaffirmer l’engagement financier et politique de la France envers la santé mondiale et la recherche. Il doit assurer le financement des stratégies françaises de santé mondiale et honorer les engagements financiers pris par ses prédécesseurs en décaissant les 55 millions d’euros manquant au Fonds mondial pour l’année 2017 et relevant à 110 millions d’euros sa contribution annuelle à UNITAID.

Pour ce faire, il doit, dès le prochain projet de loi de finance, protéger et renforcer les avancées du précédent quinquennat sur les financements innovants, notamment la taxation des opérations intra-journalières ; et augmenter de 1,5 milliard d’euros les montants de l’APD afin d’atteindre l’objectif des 0,7% de son RNB alloué à l’APD d’ici 2022, en y consacrant 15% en dons alloués à la santé.

 

Associations signataires : Action Santé Mondiale (GHA), le Planning familial, Sidaction et Solthis