FÉMINISATION DES PROFESSIONS DE SANTÉ : DE QUOI PARLONS-NOUS ?



Si le système de santé repose beaucoup sur l’engagement des femmes, d’un point de vue professionnel comme personnel, leur participation à ce système reste toute relative. Malgré une féminisation des métiers de la santé, il existe en effet encore de nombreux obstacles inhérents aux carrières en santé. Des freins qui tendent à décourager et désengager ces acteurs pourtant clés de la santé en France.

LA MÉDECINE : UNE DISCIPLINE QUI ATTIRE MAJORITAIREMENT LES FEMMES
C’est un constat national bien connu : tous secteurs confondus, les femmes sont décrites comme désormais plus diplômées que leur conjoint, et c’est l’une des grandes évolutions de ces 40 dernières années - bien que l’accès au diplôme ne se traduise pas par une égalité dans la profession, notamment d’un point de vue salarial, comme le rappelle une étude publiée en avril 2016. La médecine n’échappe pas à cette tendance. Alors que les femmes étaient quasiment absentes de la profession au début du XXème siècle, - rappelons que la première femme française n’a pu s’inscrire à la faculté de médecine qu’en 1869 ! - celle-ci a commencé à se féminiser depuis les années 60. A tel point que les femmes représentaient plus de 62 % des effectifs totaux des étudiants en médecine en 2014 et 43,5 % des effectifs de médecine en 2015.

Plus largement, ces dernières années ont vu des femmes accéder à des postes de décideurs en santé. Ainsi, nous avons pu compter cinq femmes à la tête du Ministère de la Santé sous la Vème République, et nous avons observé la très récente nomination d’Agnès Buzyn à la présidence de la Haute Autorité de Santé. Un mouvement positif, pouvant indéniablement inspirer les femmes à des carrières plus poussées dans la santé.

ANNE-SOPHIE MICHALLET
Département hématologie du Centre Léon Bérard à Lyon
« C’est vrai qu’à un certain stade, les femmes se retrouvent isolées dans un monde d’hommes, notamment à l’international, et le choix leur appartient. Au quotidien, ce qui est encore plus frustrant, c’est de voir des femmes très capables mais qui n’aident pas au niveau où elles pourraient aider. Il est devenu essentiel de trouver des solutions pour réengager ces femmes. »

DES FREINS POURTANT RÉELS À LA CARRIÈRE DES FEMMES DANS LA SANTÉ
Pourtant, cette féminisation est toute relative. Très présentes en santé, les femmes restent en effet encore isolées dans les instances de décision ou de représentation du monde de la santé. On notera par exemple la présence d’une seule femme, sur 22 membres, au bureau du Conseil national de l’Ordre des médecins. Les industries du médicament suivent la même tendance avec seulement 3 femmes membres au Conseil d’Administration du LEEM. Certaines professions restent par ailleurs perçues comme « réservées aux hommes ». Ainsi, seuls 24 % des chirurgiens sont des femmes et elles représenteraient même moins de 10 % des Chefs de service hospitaliers. A l’inverse, elles représentent encore l’écrasante majorité des infirmiers, 87 % et de la profession de sage-femme qui compte à peine 200 hommes sur près de 20 000 professionnels.

Plus préoccupant selon les professionnelles de santé participant à la démarche « Forum Femmes et Santé », on note une forme de désengagement des femmes dans ces carrières. En cause selon elles, le manque de prise en considération des souhaits ou impératifs des femmes dans leurs parcours de carrière. Par exemple, dans les carrières universitaires, on attend des médecins qu’ils fassent de la recherche et publient entre 30 et 40 ans, âge auquel l’on attend également des femmes qu’elles fondent une famille et aient des enfants. Ainsi, les femmes tendent à se présenter plus tard que les hommes aux nominations pour le titre de Professeur des Universités-Praticien Hospitalier, ou se refusent cette possibilité de carrière pour privilégier leur équilibre familial. Cette forme d’abandon des femmes est en effet la deuxième cause de désengagement identifiée par les dix femmes qui composent le board Femmes & Santé. L’accompagnement de carrière et l’écoute manqueraient beaucoup au milieu de la santé.

FRÉDÉRIQUE PENAULT-LLORCA
Directrice Générale du Centre Jean Perrin à Clermont-Ferrand
« En tant que directrice d’établissement, il y a plein de pistes que j’explore pour décomplexer les femmes et leur permettre de s’investir dans leur métier sans empiéter sur leur vie familiale. J’ai décidé d’établir des règles pour veiller à la carrière des femmes : pas de réunion après 19h par exemple. Cela semble tout simple mais c’est déjà un moyen de les garder dans la course car les femmes portent souvent la charge de l’articulation entre vie familiale et vie privée. »

Plus d'infos sur  www.janssen.com/france

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