Le tube digestif : anatomie et physiologie


La bouche
La bouche est la partie supérieure du tube digestif, limitée en avant par les lèvres et en arrière par le pharynx, carrefour des voies digestives et respiratoires. Elle est constituée d’un vestibule comprenant les gencives et les dents, d’une cavité avec un plancher musculaire sur lequel s’insère la langue et d’un palais formé par la face interne des joues.

La bouche est tapissée d’une muqueuse qui comprend plusieurs glandes salivaires : les parotides, les sous- maxillaires et les sublinguales. Dans la bouche, les aliments sont broyés par les dents et dilacérés par la mastication. Simultanément, les aliments sont imprégnés de salive, laquelle contient une enzyme importante, la ptyaline, qui transforme l’amidon en sucres simples.

Nous sécrétons environ un litre et demi de salive par jour, ce qui montre l’importance de ce premier épisode digestif. Quand les aliments mastiqués et imprégnés de salive arrivent dans le pharynx, des récepteurs tactiles commandent l’obturation de celui-ci par l’épiglotte (évitant aux aliments de faire fausse route). Alors s’opère le relâ- chement de l’anneau musculaire qui contrôle l’accès à l’œsophage.

L’œsophage
L’œsophage, fragment du tube digestif reliant la bouche à l’estomac, est un simple tuyau d’environ 25 cm muni à sa base d’un sphincter nommé cardia qui empêche le reflux des aliments vers le haut. Dans l’œsophage, le bol alimentaire ne fait que passer, sa fonction étant purement mécanique, depuis la déglutition jusqu’à l’arrivée dans l’estomac où le voyage est sans retour (sauf accident).

L’estomac
L’estomac est la partie dilatée du tube digestif, sous forme d’une poche reliée en aval au duodénum par le pylore, lequel est muni d’un sphincter et d’une valvule qui commandent la vidange gastrique en s’ouvrant de façon intermittente.

L’estomac met un temps inégal pour se vider. L’évacuation d’un repas varie de 6 heures pour un repas normal à 12 heures pour un repas copieux et gras. Elle commence environ trois quarts d’heure après la déglutition des premiers aliments, le chyme alimentaire passant à travers le pylore sous forme de jets.

L’estomac a une double fonction digestive :
> mécanique : de puissantes contractions musculaires broient les aliments, les particules alimentaires étant hachées, malaxées, écrasées ;
> chimique : la muqueuse qui tapisse la paroi interne de l’estomac sécrète le suc gastrique comprenant de l’acide chlorhydrique et de la pepsine. Simultanément, l’estomac sécrète un épais mucus le protégeant contre l’acide chlorhydrique.

Paradoxalement, à la sortie de l’estomac, la digestion n’est que très grossièrement amorcée. L’essentiel reste à faire, dans l’intestin.

L’intestin grêle
L’intestin grêle est le plus long segment du tube digestif puisqu’il mesure environ 5 m de long. Il comprend trois parties.

Le duodénum
La première partie du grêle est la plus courte, une trentaine de centimètres. C’est dans le duodénum qu’émergent le canal cholédoque par lequel se déverse la bile en provenance du foie (environ un demi-litre par jour) et les deux canaux pancréatiques contenant le suc pancréatique (environ un litre par jour).

Quand le chyme alimentaire arrive dans le duodénum, celui-ci se contracte, provoquant la sécrétion de deux hormones (la sécrétine et la cholécystokinine) qui déclenchent à leur tour le déversement des jets de bile et de suc pancréatique.

La bile, produite par le foie et stockée par la vésicule biliaire, contient à la fois des sels biliaires et des pigments, dont la biliburine issue de la dégradation de l’hémoglobine par le foie et qui colore en brun les selles. La bile est un détergent qui solubilise les graisses grâce à ses enzymes, les lipases. C’est pourquoi les hépatiques, insuffisants biliaires, ont du mal à digérer les aliments trop gras.

Le suc pancréatique, lui, possède un équipement enzymatique complet qui permet la dégradation des protéines, des glucides et des lipides.

La bile et le pancréas élèvent le pH du chyme alimentaire (très acide à sa sortie de l’estomac), ce qui le neutralise.

Le jéjunum
Le duodénum se prolonge par un boyau d’environ 3 m de long et 3,5 cm de large qui forme des anses sinueuses. La paroi externe du jéjunum comprend deux couches de fibres musculaires qui provoquent des ondes de contrac- tion lentes faisant progresser le bol alimentaire. Sa paroi interne est une muqueuse comprenant des plis et des replis en forme de doigts de gant, villosités qui forment une surface 600 fois plus importante que celle de la paroi elle-même.

Cette muqueuse de l’intestin grêle est l’interface nutri- tive de l’organisme : les molécules des nutriments issus de la digestion des aliments pénètrent dans le cytoplasme des cellules de la muqueuse intestinale grâce au phénomène d’osmose qui rend les membranes de ces cellules perméables. Ensuite, les capillaires qui irriguent les villo- sités de la muqueuse captent ces nutriments. Ceux-ci se rassemblent dans les veines jéjunales et iliaques jusqu’à la veine porte qui les conduit au foie, véritable centre de redistribution nutritif pour tout l’organisme en fonction des besoins spécifiques et ponctuels.

L’iléon
Le jéjunum se rétrécit dans sa partie terminale pour constituer un second boyau nommé iléon, un peu plus court, environ 2 m, et un peu plus étroit, environ 2,5 cm. L’iléon se termine par la valvule de Bauhin qui est une soupape empêchant le bol alimentaire de refluer depuis le côlon jusqu’au grêle.

Dans l’intestin grêle s’opère donc la partie essentielle de la digestion, la bouche et l’estomac n’ayant que très sommairement amorcé le travail. Les protéines sont fragmentées en éléments toujours plus petits (peptides et acides aminés) grâce à des enzymes protéolytiques comme les peptidases. Mais cette dégradation protéique n’est jamais vraiment totale, surtout chez les gros man- geurs de viande.

Environ 15 % de la masse des protéines ne sont pas assimilées au niveau de l’intestin grêle et se retrouvent en aval dans le côlon où il y a alors un réel problème : aucun enzyme protéolytique n’étant sécrété au niveau du côlon, les protéines non digérées en amont dans l’intestin grêle seront un facteur putréfiant toxique. En cas de stagnation des matières dans le côlon, quand on est constipé, les résidus protéiques provoquent alors des putréfactions nocives.

Comme les protéines, les lipides sont métabolisés au niveau de l’intestin grêle sous l’action d’enzymes (les lipases) qui les fractionnent en nutriments assimilables : les acides gras et le glycérol.
Les glucides, quant à eux, sont fractionnés en molécules simples assimilables sous l’action d’enzymes dénommés d’après la substance qu’ils réduisent. Ainsi, pour prendre un exemple, la lactase réduit le lactose en glucose et en galactose.

Pourtant, certains glucides ne sont pas digérés au niveau de l’intestin grêle. Ce sont la cellulose, l’hémicellulose et la lignine, qui forment ce que l’on appelle les fibres végétales. La cellulose, la plus connue, est une très longue chaîne moléculaire qui résiste à toute hydrolyse par les enzymes glucidiques.

N’étant pas fractionnées dans l’intestin grêle, on retrouve les fibres végétales intactes dans le côlon. Nous développerons longuement dans le chapitre sur la dié- tétique l’intérêt qu’il y a pour une personne constipée à consommer en quantité des aliments riches en fibres (céréales complètes, légumes et fruits).

                                                                                         
         Jean-Luc Darrigol   

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