L’ANSM a accordé un financement pour un projet de recherche (SIMONAL) promu par le CHU de Nice


Le lymphome est une pathologie encore méconnue du grand public, qui ne se dépiste pas et dont les symptômes ne sont pas spécifiques. Mais elle se soigne une fois le diagnostic posé. Le lymphome non Hodgkinien (LNH) est le 5eme cancer en France, la plus fréquente des hémopathies malignes. La survie relative est de 55%. La Commission d’orientation sur le cancer estime qu’il y a 60 000 personnes encore en vie après un LNH. La mortalité des survivants reste supérieure de 5 à 10% à celle de la population générale. Ceci peut s’expliquer par un risque accru de seconds cancers et de toxicité d’organe, principalement cardiovasculaire. L’introduction des thérapies ciblées du type anticorps anti-CD20 a permis de faire baisser la mortalité spécifique du lymphome depuis les années 2 000 mais l’effet au long terme n’est pas connu.

Le Projet SIMONAL KESAKO
C’est la «Détection de signaux de toxicité 10 à 15 ans après des traitements par thérapies ciblées, combinées aux chimiothérapies cytotoxiques à dose modulée en fonction de l’âge : Application au lymphome»

En 2012 l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de Santé ) qui a en charge l’analyse de la toxicité des médicaments a confié au CHU de Nice la promotion du projet SIMONAL. Il s’agissait d’une réponse à un appel d’offre national très compétitif financé à hauteur de 500 KE.

Les premiers résultats viennent d’être communiqués au congrès de l’ASCO du 2-6 juin 2016 à Chicago. Il s’agit du plus grand congrès mondial de cancérologie avec plus de 30.000 médecins où les équipes du CHU de Nice étaient présentes.

«C’est une reconnaissance de notre savoir-faire dans le cadre du suivi au long terme grâce à des bases de données structurées depuis plus de 25 ans par les groupes coopérateurs français.» Professeur Mounier, Oncohématologue au CHU de Nice.

Les équipes du CHU de Nice ont proposé d’appréhender de façon globale la possibilité d’une consommation disproportionnée de soins par les sujets guéris d’un lymphome.

L’étude SIMONAL financée par l’ANSM a été conduite sur l’année 2015, auprès de patients ayant fait l’objet d’un traitement pour un lymphome diffus à grandes cellules ou de lymphomes folliculaires.

8113 patients avaient été inclus dans les essais du LYSA entre 1993 et 2007. Il s’agissait de traitements aussi variés que des chimiothérapies standards, des chimiothérapies intensives + greffe de moelle, et des chimiothérapies associant des anticorps monoclonaux comme le RITUXIMAB.

5247 personnes étaient toujours en vie à la date des dernières nouvelles. Nous avons pu obtenir leurs adresses pour 3317 et 50% d’entre eux, soit 1671, ont répondu au questionnaire de santé que nous leur avions envoyé.

Les équipes ont eu recours aux données du Système National d’Information Inter Régime d’Assurance Maladie (SNIIR AM) qui enregistre toutes les prestations remboursées par l’assurance maladie avec une antériorité de trois ans.

Elles ont associé les données d’auto-questionnaires patient, ont fait des analyses statistiques et économiques en utilisant des contrôles internes.

La majorité des patients a reçu une chimiothérapie de type CHOP, les autres ayant reçu, soit du CHOP à fortes doses, soit une autogreffe d’emblée pour 342 patients. Les chimiothérapies étaient combinées avec du RITUXIMAB dans la moitié des cas.

Seulement 1/3 des personnes ne rapportent aucun problème de santé durant cette période de surveillance au long terme. En moyenne les personnes restantes rapportent au moins un problème de santé (jusqu’à un maximum de 7). On retrouve principalement des problèmes cardiaques dans 20% des cas, des problèmes d’infections dans 12% des cas, des problèmes de douleurs musculo-squelettiques dans 12% des cas, des problèmes neuro-psychiques dans 17% des cas, et des seconds cancers dans 8% des cas. L’utilisation du RITUXIMAB ne semble pas avoir augmenté ces risques de pathologies au long terme. Par contre, l’utilisation d’une autogreffe en 1ère ligne est associée à un peu plus d’infections, notamment pulmonaires.

2/3 des patients rapportent une fatigue excessive. Là encore, il n’y a pas d’effet particulier des traitements du lymphome, cette fatigue est majorée par l’âge, l’obésité, et bien sûr la présence de pathologies associées. Un point intéressant concerne aussi les troubles de concentration et de mémoire qui surviennent chez près de 50% des patients avec des intensités très variables. Des troubles sexuels sont rapportés chez 1/3 des patients également.

Au total, ces résultats préliminaires montrent un retentissement au long terme chez les personnes à plus de 10 ans au traitement d’un lymphome. Il ne semble pas y avoir d’effets délétères de l’utilisation du RITUXIMAB.

D’autres données vont être encore analysées afin de faire le point sur la consommation de médicaments et sur les effets d’un éventuel traitement de la rechute.

Le Service d’Hématologie clinique du CHU de Nice est le seul service de spécialité de tout PACA Est. Les autres services les plus proches étant à Marseille ou à Lyon.

Il est classé parmi les meilleurs au plan de la recherche sur l’institution (rang A, CrBSP) et est garant de l’innovation et santé sur le territoire.

Au CHU de Nice à ce jour, la principale mission en Onco-Hématologie est le diagnostic et la médecine de précision des hémopathies malignes.

L’activité est effectivement organisée autour d’une recherche clinique centrée sur le développement des thérapeutiques innovantes dans le cadre d’essais multicentriques nationaux et internationaux.
La multiplicité des modalités de prise en charge implique ainsi une interaction étroite entre les structures d’hospitalisations (conventionnelle de 14 lits et protégée de 10 lits), ainsi que le secteur ambulatoire (14 lits).

- Tous les dossiers sont discutés en RCP (650 fiches annuelles,) par 4 hématologistes cliniciens (dont 1 PUPH et 1 MCU-PH), 4 hématologistes biologistes (dont un PUPH), 2 immunologistes, 2 spécialistes de la greffe de moelle et un oncologue médical (PUPH) spécialiste des lymphomes.

- La thérapie cellulaire est une composante importante avec 50 allogreffes annuelles. Elle est considérée comme une activité d’excellence par le classement récent du Comité de la Recherche en matière Biomédicale et Santé Publique du CHU, et accréditée au niveau européen (JACIE, EBMT). 25 autogreffes sont aussi réalisées chaque année.

- Outre la mise à disposition de l’ensemble du plateau technique du CHUN, cette activité d’Onco-Hématologie bénéficie de l’expertise immédiate des spécialistes du Pôle Spécialités Médicales Archet 1 (services de maladies infectieuses, médecine interne et réanimation), lui permettant ainsi de conduire l’intégralité des plans thérapeutiques sans aucune limitation.

Le lymphome c’est :
Le 1er cancer chez les adolescents et les jeunes adultes Un cancer du système lymphatique est la pathologie la plus fréquente avec une incidence de 15/100.000. Le CHUN a environ 80 nouveaux patients par an.
200 000 personnes touchées en France
14 000 nouveaux cas diagnostiqués par an
Le 5ème cancer en termes d’incidence
75 % des patients diagnostiqués

Epidémiologie locale et régionale
L’épidémiologie de la pathologie est celle déjà connue au plan national, probablement légèrement majorée dans le Département des Alpes-Maritimes du fait de la présence d’une population plus âgée.

Les Myélomes et les leucémies lymphoïdes chroniques, autour d’une incidence de 7/100.000. Beaucoup sont non diagnostiqués car asymptomatiques ou survenant chez le sujet très âgé. Le CHUN a environ 100 cas chaque année.

Moins fréquentes sont les leucémies aigues de novo (2/100.000) ou secondaires (3/100.000), le CHUN ayant environ 40 cas chaque année

Les leucémies myéloïdes chroniques et autres maladies de la cellule souche myéloïde (syndrome myéloprolifératifs, myelodysplasie, 5/100.000, 40 cas) ne nécessitent pas forcément des traitements par chimiothérapie mais représentent une part importante de l’activité de recherche clinique.