La fabrication et la présentation des remèdes homéopathiques

On nous demande souvent de préciser la signification des mentions « CH », « K », ou « D », figurant sur les préparations homéopathiques. Ces abréviations représentent chacune une méthode de préparation du remède.

◊ La teinture-mère, Hahnemann et Korsakov
On nous demande souvent de préciser la signification des mentions « CH », « K », ou « D », figurant sur les préparations homéopathiques. Ces abréviations représentent chacune une méthode de préparation du remède.

S’il s’agit de substances végétales (des plantes), elles macèrent d’abord dans de l’alcool. Ce macérât est ensuite pressé et filtré. On obtient ainsi la teinture-mère. Certains produits chimiques, les métaux ou les minéraux par exemple, sont préalablement rendus solubles par des triturations : broyage ou friction dans du talc. Les produits d’origine animale, tels les insectes, sont également macérés dans de l’alcool, le tout étant pressé et filtré afin d’obtenir à nouveau une teinture-mère.

Si l’on veut procéder selon la méthode centésimale hahnemannienne, l’on prélève au moyen d’une pipette un millilitre (ml) de la solution-mère et l’on dilue celle-ci dans un flacon contenant 99 ml d’alcool. L’étape suivante est la succussion qui consiste à agiter cent fois fortement le flacon. Samuel Hahnemann, à ses débuts, provoquait chaque succussion en tapant le flacon contre la reliure en cuir d’un gros livre. On a ainsi une idée de la patience du fondateur de l’homéopathie ! Heureusement, les succussions sont devenues actuellement des pratiques industrielles et automatisées, grâce aux secoueurs mécaniques ou dynamiseurs des laboratoires pharmaceutiques homéopathiques. L’on obtient ainsi une « 1CH » ou première centésimale hahnemannienne. De ce mélange dynamisé, l’on prélève 1 ml que l’on dilue à nouveau dans un deuxième flacon contenant 99 ml de solvant. Après succussion, l’on obtient une « 2CH » ou une deuxième centésimale hahnemannienne. L’on peut procéder ainsi jusqu’à la « 30CH ». Dans la pratique, les potences centésimales les plus couramment uti- lisées sont les 4CH, 5CH, 7CH, 9CH, 15CH, et 30CH. On peut également diluer selon l’échelle décimale hahnemannienne : l’on prélève une partie de la solution-mère que l’on mélange avec neuf parties de solvant. Après succussion de ce mélange, l’on obtient une « D1 » ou première décimale hahnemannienne. En prélevant une partie de cette « D1 », et en la mélangeant avec 9 parties de solvant dans un deuxième flacon, l’on obtient, après succussion, une « D2 » ou deuxième décimale hahnemannienne. On peut procéder ainsi de suite jusqu’à la « D200 ». Les potences les plus couramment utilisées sont les D2, D3, D4, D6, D8, D10, D12, D30, et D200.

Les potences décimales se prêtent à merveille à des mélanges de différents pro- duits dans un seul flacon. Ce sont les complexes, lesquels ont la faveur du public car facilement accessibles en pharmacie. Ce sont par exemple des complexes pour la toux, pour l’estomac, etc. Ils font montre d’une efficacité certaine, mais l’on peut difficilement parler ici d’homéopathie de haut vol, en ce sens qu’il n’y a pas eu, préalablement, une consultation chez un médecin permettant de cibler un similimum, ou différents similia. Ces complexes contiennent en effet des subs- tances bioactives susceptibles de soulager un malade, mais également d’autres substances qui sont moins actives par rapport au problème présenté par ce même malade. En pratique journalière, les complexes sont utilisés en complémentarité d’un traitement de fond au moyen d’un ou de plusieurs remèdes similia. Certains complexes sont également de bons dépuratifs du foie, des reins, et de la peau.

En ce qui concerne la méthode selon Korsakov, l’on se sert d’un unique flacon, lequel va servir aux différentes étapes de dilution et de succussion. L’inventeur de cette technique, un homéopathe russe du début du XVIIIe siècle, est parti du principe que lorsque l’on vide un flacon rempli d’un liquide contenant une substance bioactive, il subsiste, par adhérence de ce dernier aux parois de verre, une quantité de solution suffisante pour réaliser de nouvelles dilutions et ainsi trans- mettre l’action thérapeutique. Partant d’une « 3CH » selon la méthode hahnemannienne, ce qui rend tous les produits solubles, on vide le flacon en question et, sans le nettoyer, on le remplit d’alcool et l’on procède à cent succussions. Le résultat de ces manipulations est une « 4K » ou quatrième korsakovienne. On vide ce flacon, on le remplit à nouveau de solvant et on secoue cent fois, après quoi on obtient une « 5K ». L’on peut procéder de cette manière jusqu’à la 10 000K ou « 10MK ». Les potences les plus couramment utilisées dans la gamme korsako- vienne sont les 6K, 12K, 30K, 200K, MK, et 10MK.

Les cures sont un mode de traitement qui se prêtent bien à l’utilisation des potences korsakoviennes. Il est surtout réservé aux adultes, mais a sa place en médecine infantile dès le plus jeune âge. Une cure se présente sous la forme d’une longue boîte plate de 30 gélules numérotées de 1 à 30. Elles contiennent des globules imprégnés de potences korsakoviennes progressives, de 6K à 200K, ou de 6K à MK. L’intérêt de ces cures est double. Premièrement, elles permettent de vérifier l’effet d’un seul remède selon les principes de l’école uniciste. Qui plus est, une cure ne pose pas de problèmes pratiques particuliers. Il suffit de suivre la numérotation au jour le jour.

 

  Dr. Baudouin Caironi       
                                                                              

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