L’estomac : un laboratoire alchimique

Votre bouchée a pris la consistance d’une bouillie épaisse, le chyme, que vous avalez illico. La voilà qui descend le long de l’œsophage, un long tube qui va de la gorge à l’entrée de l’estomac. Dès qu’il reçoit des aliments, il se contracte comme un serpent pour les faire descendre, grâce à une série de muscles périphériques. L’estomac, prévenu de cette arrivée imminente, ouvre sa porte : c’est une sorte de clapet qui s’abaisse pour laisser passer les aliments, puis se referme pour les empêcher de refluer. Le reflux gastro-œsophagien, que connaissent bien les femmes enceintes, est dû à un mauvais fonctionnement de ce sphincter qui n’est plus suffisamment étanche et laisse remonter des aliments dans l’œsophage.
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Votre bouchée a pris la consistance d’une bouillie épaisse, le chyme, que vous avalez illico. La voilà qui descend le long de l’œsophage, un long tube qui va de la gorge à l’entrée de l’estomac. Dès qu’il reçoit des aliments, il se contracte comme un serpent pour les faire descendre, grâce à une série de muscles périphériques. L’estomac, prévenu de cette arrivée imminente, ouvre sa porte : c’est une sorte de clapet qui s’abaisse pour laisser passer les aliments, puis se referme pour les empêcher de refluer. Le reflux gastro-œsophagien, que connaissent bien les femmes enceintes, est dû à un mauvais fonctionnement de ce sphincter qui n’est plus suffisamment étanche et laisse remonter des aliments dans l’œsophage.

Une fois dans l’estomac, le chyme s’accorde une petite pause. Mais cela ne va pas être de tout repos. Cette grande poche, très extensible (sa capacité peut passer d’un demi-litre à quatre litres), est enveloppée de muscles puissants. Lorsqu’ils se contractent, les parois de l’organe se resserrent et malaxent son contenu. Puis elles desserrent leur étreinte avant de recommencer (toutes les 3 minutes environ). Les aliments se font de plus en plus liquides, au fur et à mesure que l’estomac sécrète les sucs gastriques. Ces sécrétions extrêmement corrosives poursuivent la dégradation qui a commencé dans la bouche avec la salive. Heureusement, une sorte de mucus tapisse les parois stomacales afin de les protéger contre ces agresseurs impitoyables. Ouf !

Mais côté aliments, c’est la grande lessive. Ils sont attaqués de toutes parts. L’acide chlorhydrique décompose les fibres fermes de la viande et de certains végétaux. La pepsine casse les protéines pour les réduire en acides aminés assimilables. Les graisses sont émulsionnées afin de commencer à en extraire les acides gras... Pour ne citer que quelques exemples. Comme lorsqu’on donne un coup de pied dans un château construit en Lego, tout ce qui séjourne dans l’estomac va être déconstruit, fracturé jusqu’à se réduire en petites unités susceptibles d’être assimilées par l’organisme.
Mais nous n’en sommes pas encore là... Au bout de trois-quarts d’heure, dans le meilleur des cas (davantage si le repas a été gras et lourd), le contenu de l’estomac peut enfin en sortir pour passer dans le tronçon suivant : l’intestin grêle.

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À l’heure de la vidange
La vidange de l’estomac ne se fait pas de manière continue. elle est progressive, afin de ne pas encombrer trop brutalement l’intestin grêle (c’est un tube très long mais assez étroit).
Petit miracle supplémentaire : à chaque fois que le clapet qui ferme la partie basse de l’estomac (le pylore) s’ouvre, il laisse passer une petite quantité de bol alimentaire qui représente toujours à peu près la même valeur calorique.
Comment le sait-il ? on n’en a encore qu’une vague idée. une histoire de capteurs et de récepteurs hormonaux, sans doute.

 

Dr Philippe Maslo / Marie Borrel


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