Elevages : l’antibiorésistance : sujet de santé publique mondiale majeur

 

© Olmix

Si la crise de l’ESB a pris tout le monde par surprise, la prochaine crise sanitaire mondiale pourrait bien être celle des bactéries résistantes aux antibiotiques (en anglais : AMR : Antimicrobial resistant bacterias). Ces « superbugs » sont déjà capables de résister à plusieurs familles d’antibiotiques avec les conséquences que l’on peut imaginer.

Dans son rapport rendu fin 2014 au gouvernement britannique sur le sujet de la résistance aux antibiotiques1, Jim O Neil, ancien chef économiste de Goldman & Sachs, prévoit qu’en 2050 « la surmortalité due aux infections par des bactéries antibiorésistantes sera de 10 millions de morts par an dans le monde, plus que le cancer ou toute autre maladie. »
« Superbugs » : une famille de bactéries résistantes aux antibiotiques.

Il fait écho à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui alerte, dans son dernier rapport sur le sujet : « L’usage exagéré et inapproprié des médicaments antimicrobiens accélère l’apparition de micro‐organismes résistants ».

« Des infections communes et des blessures légères qui sont traitées depuis des décennies peuvent à nouveau tuer », a averti Charles Penn, coordinateur de l’OMS pour la résistance antimicrobienne. L’humanité est entrée dans une nouvelle ère, l’ère post‐antibiotiques où l’on pourra mourir d’infections banales ou de blessures légères.

Un enjeu primordial pour les élevages
Les causes de cette antibiorésistance sont multiples et, comme le soulignent l’OMS et l’OIE « l’apparition de résistance partielle ou totale aux antibiotiques chez les bactéries est une conséquence inévitable de l’usage anarchique d’antimicrobiens, chez les hommes comme chez les animaux ».

Aujourd’hui, l’élevage et les éleveurs commencent à être pointés comme partiellement responsables de la situation. Il y a donc, pour toute l’industrie de l’élevage, un enjeu de crédibilité et d’image qui peut mettre en jeu sa survie.

Une prise de conscience internationale
L’Union européenne a déjà considérablement réduit le recours aux antibiotiques en élevages en interdisant leur usage en tant que facteurs de croissance2. De même, des plans volontaristes ont été initiés par les États Membres pour en limiter fortement l’utilisation y compris au niveau préventif.
Le 27 mars 2015, le Président Obama a lancé le Plan national américain pour « combattre l’antibiorésistance ». Ce plan fixe des objectifs ambitieux aux éleveurs pour 2020.
La demande sociétale pour un élevage plus respectueux de la santé publique se fait chaque jour plus forte. En mars dernier, de grandes chaînes de restauration rapides aux USA ont annoncé que d’ici deux ans toutes les viandes de poulets servies dans leurs restaurants seraient produites sans antibiotique.

En France, c’est COOPERL, la première coopérative porcine française, qui lance pour l’exportation en Chine du jambon issu de porc élevé sans antibiotique.
Lors du récent VIV Asia à Bangkok, c’est la Fédération des vétérinaires d’Asie du Sud Est (FAVA) qui a lancé un premier séminaire sur la question.

Le train du sans‐antibiotique est en train de se lancer.
1 Antimicrobial Resistance: Tackling a crisis for the health and wealth of nations, The Review on Antimicrobial Resistance Chaired by Jim O’Neill, December 2014, London
2 Utilisation en doses subthérapeutiques en continu dans l’aliment pour augmenter les performances de croissance


Pour en savoir plus : www.olmix.com/fr