Innovation en cancérologie : le Leem appelle à un débat « sans œillères »

« Le Leem a pris connaissance avec beaucoup d’attention de l’appel lancé ce matin par 110 cancérologues dans Le Figaro concernant le coût des traitements du cancer.

Le retour de l’innovation thérapeutique est avant tout une bonne nouvelle pour les patients, notamment pour ceux souffrant de cancer, car ces traitements offrent de nouvelles perspectives de prise en charge d’une pathologie qui frappe chaque année 365 000 Français.

La question du coût de cette innovation est légitime. Elle a d’ailleurs été récemment soulevée par les associations de patients.  Patrick Errard, Président du Leem, a – comme il s’y était engagé – rencontré ces associations pour initier un échange sur le sujet. De même, il a participé à l’invitation du Prof. Maraninchi à un grand débat citoyen à Marseille, le 28 janvier dernier, sur le prix de l’innovation en oncologie, débat auquel participait par ailleurs le Prof. Vernant.

Le coût de ces nouveaux traitements doit être mis en perspective avec l’apport thérapeutique majeur qu’ils représentent. Les nouveaux traitements du cancer permettent de mieux identifier les patients répondeurs par l’utilisation de biomarqueurs compagnons ou encore s’adressent à des populations de plus en plus ciblées en vue d’un meilleur usage. Ces nouveaux traitements vont bouleverser l’organisation des soins en cancérologie (développement de la médecine ambulatoire). Ils amélioreront la qualité de vie des patients, parce qu’ils permettent une plus large prise en charge à domicile.

C’est dans cette perspective qu’il convient d’apprécier leur arrivée sur le marché. Face à cette révolution thérapeutique, le coût des innovations ne peut être dissocié des transformations profondes du système de santé qu’elles induisent, et le cas échéant des économies qu’elles rendent possibles.

A titre d’exemple, une étude menée en 2015 par le cabinet Jalma pour le Leem montre que, sur la seule prise en charge du cancer de la prostate, les progrès thérapeutiques des nouveaux traitements pourraient générer près de 400 millions d’euros d’économies dans les 10 ans qui viennent avec moins d’hospitalisations requises et des patients plus souvent soignés à leur domicile.

Le Leem invite tous les acteurs de santé à considérer que le progrès médical en général, et l’innovation thérapeutique en particulier, vont modifier en profondeur l’organisation des soins dans l’intérêt même des patients.

S’agissant du prix proprement dit, le Leem considère toute comparaison du système français (à prix administrés) avec le système américain (à prix libres) comme non pertinente.

Le prix d’un nouveau médicament est aujourd’hui fixé par l’Etat (Comité Economique des Produits de Santé) sur la base de la valeur thérapeutique et de l’efficience (évaluées par la Haute Autorité de Santé) qu’il apporte par rapport aux traitements déjà existants.

Enfin, le Leem rappelle, qu’au-delà du débat légitime sur le prix des médicaments innovants, les dépenses de médicaments remboursés ont baissé en France depuis 4 ans et que le médicament constitue aujourd’hui la dépense de santé la mieux maîtrisée. Ainsi, depuis 5 ans, le médicament a représenté près de la moitié des économies décidées dans le cadre de la LFSS alors qu’il ne représente que 15 % des dépenses d’assurance maladie. Les prix français sont aujourd’hui généralement les plus bas de ceux des 5 grands marchés européens[1].

Comme le souligne Patrick Errard : « la détermination du juste prix du médicament doit prendre en compte la nécessité d’assurer un accès aux traitements à tous les patients qui en ont besoin, la valeur thérapeutique apportée, les économies générées dans le système de soins, un financement soutenable dans le temps pour le système de santé mais aussi la possibilité pour l’industriel de réinvestir dans la recherche pour trouver de nouvelles molécules et continuer de produire du progrès thérapeutique. La définition d’un nouveau modèle de financement de l’innovation repose sur la capacité de notre système à réviser sans œillères ses schémas, à donner sa véritable chance à la prévention, à répercuter sur son organisation les effets cumulés des progrès en santé et des développements technologiques. ». »