L’enfant et la sexualité

L’enfant de 2 ans sait s’il est un garçon ou une fille, mais, jusqu’à 2 ans et demi ou 3 ans, il peut aisément être berné par la longueur des cheveux ou par les vêtements quand il identifie le sexe d’un autre enfant. Par ailleurs, ce n’est que vers 4 ou 5 ans qu’il comprend qu’il aura toujours le même sexe. Jusque-là, il peut croire, par exemple, qu’une fille qui met une barbe devient un garçon et redevient une fille quand elle enlève sa barbe. Lorsque l’enfant comprend qu’il restera toujours un garçon ou une fille, il s’efforce d’adopter des comportements adaptés à son sexe.


L’enfant de 2 ans sait s’il est un garçon ou une fille, mais, jusqu’à 2 ans et demi ou 3 ans, il peut aisément être berné par la longueur des cheveux ou par les vêtements quand il identifie le sexe d’un autre enfant. Par ailleurs, ce n’est que vers 4 ou 5 ans qu’il comprend qu’il aura toujours le même sexe. Jusque-là, il peut croire, par exemple, qu’une fille qui met une barbe devient un garçon et redevient une fille quand elle enlève sa barbe. Lorsque l’enfant comprend qu’il restera toujours un garçon ou une fille, il s’efforce d’adopter des comportements adaptés à son sexe.

L’enfant de 3 à 6 ans est fasciné par les différences ana- tomiques qu’il constate entre les garçons et les filles et entre les enfants et les adultes, que ce soit lors du bain ou lorsqu’il joue au docteur. L’intérêt que l’enfant porte à son sexe et au sexe de l’autre, qu’il soit identique ou dif- férent, fait partie intégrante de son développement. Les enfants s’observent mutuellement, cherchent à surprendre la nudité de leurs parents et se masturbent à l’occasion.

S’il ne faut pas s’inquiéter de ces jeux sexuels, il est important d’enseigner à l’enfant des règles de base concernant la vie privée et l’intimité. On peut faire comprendre à l’enfant qui se masturbe ou se touche les parties génitales que certains gestes doivent être faits dans l’intimité. On peut notamment utiliser l’exemple d’un enfant qui baisserait sa culotte devant tout le monde pour faire pipi afin de l’aider à comprendre qu’il s’agit d’un geste intime que l’on fait lorsqu’on est seul ou dans un endroit prévu à cette fin.

La curiosité sexuelle de l’enfant l’amène aussi à poser de plus en plus de questions. Pourquoi les filles ne font pas pipi debout ? Pourquoi maman a des seins ? Pourquoi papa a un pénis ? Comment fait-on les bébés ? Quel est le rôle du père ? D’où viennent les bébés ? Comment la maman les met-elle au monde ?

À cet âge, l’enfant est plus intrigué par l’origine de son existence que par le rapport sexuel lui-même. Il a besoin d’obtenir une réponse claire et simple à toutes ses questions. L’enfant ne sera pas choqué par la vérité si elle est dite naturellement, avec un vocabulaire simple, et surtout, si les parents ne semblent pas gênés d’aborder ce sujet.

Pour expliquer comment on fait les bébés, oubliez les choux. Il vaut mieux dire qu’il s’agit d’une graine qui a été déposée par le papa dans le ventre de la maman. Cette graine rencontre un œuf dans lequel un petit bébé

Les pénis et les bébés
Patrick, le frère de Camille, est tout content d’avoir un pénis. Il me l’a montré hier. C’est comme un petit tuyau qui dépasse de son ventre, en bas. Moi, j’ai pas trouvé ça beau, mais j’ai- merais ça en avoir un pour faire pipi debout. Quand on va faire un pique-nique, il y a pas toujours des toilettes et je dois faire pipi assise en petit bonhomme : c’est difficile de pas se mouiller les pieds. Si j’avais un pénis, j’aurais pas de problème. J’aurais juste à le tenir dans ma main et à envoyer le pipi loin, loin.

Les papas aussi ont des pénis. J’ai déjà vu celui de papa une fois qu’il sortait de la douche : il est beaucoup plus gros que celui de Patrick. Maman m’a dit que les pénis, ça sert aussi à faire des bébés.
Hier, Monique est venue à la maison. Monique, c’est l’amie de maman. Elle avait un très gros ventre. Maman m’a dit que c’était pasqu’elle avait un bébé dans son ventre.

J’avais jamais vu de proche une maman en train de fabriquer un bébé. Maman m’a dit qu’il resterait dans le ventre de Monique jusqu’à ce qu’il soit assez gros pour sortir. S’il attend trop longtemps et qu’il devient trop gros, il pourra plus sortir. Moi, j’aurais peur à la place de Monique.

Camille m’a dit que les bébés sortaient par le nombril, mais un nombril, c’est même pas un trou. Je le sais pasque l’autre jour, j’ai mis mon doigt dans mon nombril et il a pas été loin : c’était bloqué. Peut-être que les nombrils des mamans sont pas pareils, mais ils sont petits quand même. Je le sais pasque j’ai déjà vu celui de maman.

Monique m’a dit : « Tu sais, le bébé bouge dans mon ventre. Veux-tu le sentir ? » Elle semblait vouloir que je dise oui, alors j’ai dit oui. Elle a pris ma main et elle l’a placée sur son ventre. Elle m’a dit : « Le sens-tu ? » Je sentais rien, alors j’ai pris une grande respiation et, pour lui faire plaisir, j’ai dit : « Hum ! Il sent bon! » Maman et Monique sont parties à rire. J’étais pas contente : j’essaie d’être gentille et elles rient de moi. Moi, quand je serai grande, je rirai jamais des enfants.

Le bébé de Monique est sorti de son ventre. Maman et moi, on est allées le voir aujourd’hui. Il est tout petit. Ses mains surtout. À côté de lui, je suis presque une géante. J’ai pas pu jouer avec lui : il est trop petit. Il dort tout le temps. Monique était toute contente de nous le montrer. Il va s’appeler Maxime.

C’est un bébé garçon. Je savais pas comment Monique le savait ; c’est juste un bébé. Mais quand Monique l’a changé de couche (pasqu’il fait pipi dans sa couche, il va pas encore aux toilettes), elle m’a montré qu’il avait un pénis : il est tout petit, tout ratatiné, encore plus petit que celui de Patrick. Dans sa chambre, il y a beaucoup de bleu. Il paraît que s’il aurait été un bébé fille, il y aurait du rose à la place du bleu. Ça a du bon sens. Moi, j’étais un bébé fille et ma couleur plus préférée, c’est le rose.

J’ai demandé quelque chose à Monique et maman était pas contente. Elle a toujours un gros ventre, Monique. Je lui ai demandé si elle avait un autre bébé dans son ventre. Et là, maman m’a dit : « Voyons, Mathilde ! » Quand elle dit ça, c’est pasqu’elle est pas contente. Monique était pas fâchée, elle. Elle a dit que non, elle avait pas d’autre bébé, mais que ça prendrait du temps pour que son ventre devienne plus petit. J’aurais voulu lui demander si son bébé était sorti par son nombril, mais je l’ai pas fait. Maman aurait encore dit : « Voyons,Mathilde! » Jepourraisdemanderàpapa:ilsait beaucoup de choses. Mais il a jamais eu de bébé dans son ventre, peut-être qu’il sait pas ça.

L’autre jour, avec papa et maman (Valérie voulait pas venir), on est allés voir des bébés animaux. Il y avait des poussins et une petite chèvre avec sa maman. Ce que j’ai aimé le plus, c’était les petits cochons. Il y en avait beaucoup et ils sontaient roses. C’est pour ça que je les trouvais si beaux : ils sontaient de ma couleur préférée. La maman cochonne était couchée et ses bébés boivaient du lait de son ventre, comme le bébé de Monique aujourd’hui.

Mais Monique pourrait pas donner du lait à tous les petits cochons. Elle a juste de la place pour deux. Son lait sort de ses seins. Je le sais pasqu’elle a ouvert sa blouse et elle a sorti son sein pour faire boire Maxime.

Je sais que le lait qu’on boit vient des vaches. Une fois, Valérie m’a dit que les vaches brunes donnaient du lait au chocolat. Je sais pas si c’est vrai ou si c’était une blague, mais si c’est vrai, peut-être que le lait des mamans noires, c’est du lait au chocolat.

Il paraît qu’il y a des mamans qui fabriquent deux ou trois bébés en même temps. Ils doivent être serrés dans le ventre de leur maman. Pis la maman doit être très, très grosse pour qu’ils aient assez de place. Pis comment les bébés décident qui va sortir le premier ? Peut-être qu’ils font une course ? Pis la maman, comment elle fait pour faire boire trois bébés ? Elle a juste deux seins.

La sexualité des parents
L’enfant qui surprend les ébats amoureux de ses parents peut craindre que son père soit en train d’écraser sa mère. Il est important de donner des réponses rassurantes aux questions de l’enfant. On peut lui dire, par exemple, que ce sont des marques d’affection que se donnent les parents qui s’aiment.

Si l’enfant ouvre la porte de la chambre de ses parents sans avertissement, les parents peuvent profiter de l’occasion pour lui parler du respect de l’intimité. Quand la porte de la chambre des parents est fermée, l’enfant doit
frapper et attendre avant d’entrer.

Mes parents jouent à la lutte
Une fois, je m’ai réveillée. C’était la nuit. Il faisait tout noir et j’ai entendu du bruit dans la chambre
de papa et maman. Pas des mots, mais des han !, des ho !, pis d’autres bruits bizarres.
Je m’ai levée sans faire de bruit et j’ai été voir. La porte de leur chambre était un peu ouverte. Papa et maman sontaient dans leur lit et ils faisaient comme de la lutte. Ils bougeaient, ils roulaient sur le lit, même que le lit aussi faisait du bruit. C’était maman qui faisait les bruits que j’avais entendus. J’avais peur que papa lui fasse mal en luttant avec elle, mais elle avait les yeux fermés et elle souriait : elle avait pas l’air d’avoir mal. Je suis retournée dans mon lit. Je me demandais bien à quoi ils jouaient.

Le lendemain, j’ai demandé à maman. Elle est devenue toute rouge. Elle m’a dit : « Tu sais, les papas et les mamans ont des jeux à eux. C’est une façon de se dire qu’on s’aime. » Moi, j’aime mieux qu’on m’embrasse pour me le dire. En tout cas, quand je serai une maman, le papa qui sera avec moi aura juste à me prendre dans ses bras pour me dire qu’il m’aime. Je ferai pas de lutte avec lui, c’est sûr.

L’attrait pour le parent de sexe opposé
L’enfant de 3 à 5 ans développe un intérêt particulier pour le parent de sexe opposé. Entre 4 et 6 ans, il est fréquent qu’il essaie de le monopoliser et qu’il se montre, à l’occasion, désagréable envers le parent de même sexe : la petite fille veut plaire à son père et le petit garçon veut remplacer son père dans le cœur de sa mère. Ce sentiment amoureux témoigne du désir d’avoir le parent pour lui seul, de le posséder entièrement.

Cet attrait peut se manifester par des demandes en mariage. « Quand je serai grande, je me marierai avec toi », dit la petite fille à son papa. Il est important d’ex- pliquer clairement à l’enfant que cela est impossible et de ne pas entretenir d’ambiguïté à ce sujet. Cela permet à l’enfant de comprendre que ses désirs sont irréalistes. Il a besoin de voir ses parents unis par un lien qui leur est propre et de trouver sa vraie place dans la famille.

Quand l’enfant comprend qu’il ne pourra pas remplacer le parent du même sexe que lui dans le cœur de l’autre parent, il passe progressivement à l’étape suivante : il cherche à lui ressembler et à devenir aussi bon, fort ou gentil. Le lien qui unit l’enfant au parent de même sexe l’oriente dans la quête de son identité.

Par ailleurs, comme la notion du temps n’est pas encore complètement intégrée, l’enfant à qui l’on dit qu’il pourra se marier avec une petite fille ou un petit garçon de la garderie trouvera cette idée tout à fait saugrenue. Il est en effet incapable de s’imaginer que cet enfant deviendra un jour une femme ou un homme.

Francine Ferland

 

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