Trouble de langage, dysphasie ou trouble primaire de langage ?



Les différents termes utilisés pour nommer le trouble de langage ont de quoi déconcerter. Disons d’emblée que trouble primaire de langage tend peu à peu à remplacer dysphasie au Québec depuis une dizaine d’années. Ce dernier est toutefois encore très présent dans les pays francophones où l’on retrouve également les appellations trouble spécifique de langage ou trouble du développement du langage. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, on utilise généralement le terme specific language impairment.

Mentionnons que l’utilisation d’un terme plutôt qu’un autre fait l’objet de nombreux débats. Au moment de publier ce livre, aucun terme ne faisait consensus. Pour cette raison, nous avons choisi d’alléger le texte en pri- vilégiant l’appellation trouble de langage. Dans le même esprit, nous utilisons l’appellation enfant dysphasique pour parler de l’enfant présentant un trouble primaire de langage. Évidemment, ces enfants ne sauraient être réduits à leur trouble de langage; il s’agit d’un choix purement pratique qui ne traduit en rien la complexité du développement, de la personnalité et des forces individuelles de ces jeunes.

Pourquoi existe-t-il tant de mots pour parler d’une même réalité ? Chacun d’eux marque une époque et une façon de concevoir ce trouble, façon qui reflète elle-même l’état des connaissances du moment. Par exemple, le terme dysphasie a été introduit à une période où l’on comparait beaucoup ce trouble à l’aphasie, un trouble du langage généralement acquis à l’âge adulte à la suite d’un accident vasculaire cérébral. Le terme trouble spécifique de langage est quant à lui remis en question parce qu’il est maintenant admis que le trouble de langage peut s’accompagner de diverses difficultés de développement.

À retenir
Le trouble de langage est un trouble développemental qui touche entre 7 et 10 % des jeunes, si l’on prend en compte autant ses formes légères que sévères. C’est un trouble persistant, d’origine neurologique, occasionné par des facteurs génétiques auxquels peuvent aussi s’ajouter des facteurs environnementaux et personnels. Il affecte plus souvent les garçons. Il se manifeste par des atteintes linguistiques qui varient d’un enfant à l’autre et dans le temps. Les déficits de langage peuvent être accompagnés d’autres difficultés de développement, généralement plus discrètes, et il peut y avoir des chevauchements avec d’autres troubles de l’enfance. Toutes ces dimensions ont des répercussions dans la vie quotidienne de l’enfant, notamment dans ses apprentissages, sa vie scolaire et sociale et sa communication. La vie de la famille s’en trouve également affectée.

Isabelle Meilleur, Annick Proulx, Tamara Bacheleet, Annik Arsenault

 

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Les troubles du langage chez l'enfant