Satisfaire les besoins physiques et affectifs de l’enfant et de l’adolescent


Il est difficile d’obtenir le respect d’un enfant et de lui faire comprendre qu’il est digne de respect si nous ne respectons pas ses besoins physiques et affectifs et que ne mettons pas tout en œuvre pour les satisfaire et en faire une priorité dans nos vies. Le manque d’attention positive de la part du parent peut porter atteinte au développement affectif de l’enfant. Contrairement à l’adulte, qui est directement responsable de la satis- faction de ses besoins, l’enfant dépend des adultes pour combler les siens.

Malheureusement, les termes besoin et désirs sont fréquemment confondus. Tous deux impliquent le manque ou l’absence de quelque chose, mais ils n’ont pas la même portée et ne devraient pas avoir la même priorité. Comment les distinguer ? Boire découle d’un besoin ; boire un jus, d’un désir. S’habiller est un besoin ; posséder des vêtements de marque est un désir. Dormir reste un besoin essentiel ; avoir une chambre à soi est un désir parfois impossible à satisfaire. Éprouver du plaisir lors d’un jeu ou d’une activité est un besoin ; jouer toute la journée est cependant un désir. Que dire d’un téléphone cellulaire pour un enfant et d’un téléphone de la plus récente génération pour son parent ? Ce sont des désirs, bien entendu. Il est important de rester alerte afin de bien reconnaître les nuances entre l’expression d’un besoin et celui d’un désir.

Le propre du besoin, physique ou affectif, est d’être satisfait le plus rapidement possible, sans quoi l’intégrité physique ou psychologique de la personne s’en trouve menacée. Les besoins sont présents dès la naissance, alors que les désirs surviennent plus tard, au gré de la croissance et des possibilités qu’offre l’environnement. Un désir émane davantage d’un « rêve ». Il doit être entendu et discuté, sans nécessairement devoir être satis- fait. Lorsqu’il n’est pas comblé dans l’immédiat, l’enfant prend conscience qu’il doit se projeter dans le futur pour tenter de concrétiser son désir. Pour y parvenir, il com- prend qu’il y a un prix et qu’il doit faire des efforts. Le désir de marcher, par exemple, est nourri par l’envie de pouvoir se déplacer comme il le veut. Le petit est donc amené à se relever et à recommencer lorsqu’il tombe. Le désir de lire, de déchiffrer la signification des lettres, amène aussi l’enfant à fournir des efforts, alors que le désir d’une nouvelle bicyclette peut le motiver à vouloir effectuer des tâches pour se la procurer ou faire réparer celle qu’il possède déjà.

Il est essentiel de distinguer les besoins des désirs et de doser les réponses à la satisfaction des premiers (besoin) et, surtout, des seconds (désir) afin d’exercer une autorité efficace et constante. Il semble toutefois que moins le parent s’investit dans la satisfaction des besoins affectifs de son enfant, plus il compense en lui offrant tout ce qu’il désire. Pourtant, le dosage de la réponse aux désirs de l’enfant est un moyen efficace de l’aider à passer du prin- cipe de plaisir à celui de réalité.
Le fait qu’on laisse de nos jours les enfants prendre la place qu’ils désirent, c’est-à-dire celle du décideur, est un problème majeur qui a de graves conséquences sur plusieurs plans, notamment sur la notion de respect et sur la valeur que l’on accorde à ce dernier. Certains enfants ont tout ce qu’ils désirent parce que leurs parents leur achètent tout, mais ils n’ont ni ce dont ils ont véritablement besoin ni la place qui leur revient et qu’ils devraient pouvoir occuper. D’un côté, les besoins de ces enfants ne sont pas comblés ; de l’autre, ils sont trop gâtés matériellement. Ne croyez-vous pas qu’un juste équilibre s’impose, pour les enfants comme pour les adultes ?

En veillant à répondre le plus adéquatement possible aux besoins de son enfant, le parent peut tisser un lien affectif significatif avec ce dernier. Comme nous venons de le dire, ce lien est le fondement du respect entre le parent et l’enfant.

Vous trouverez ci-dessous un survol rapide des principaux besoins physiques et affectifs des enfants et des adolescents (voir le chapitre 2 du présent ouvrage de même que les deux autres publications de l’auteure pour les précisions concernant les besoins des adultes).

Le besoin de sommeil
Le manque de sommeil nuit à l’enfant de plusieurs façons. En plus d’affecter son humeur, ce qui a des répercussions directes sur ses relations avec les autres, il diminue sa concentration à l’école et sa capacité d’intégration des nouveaux apprentissages durant la nuit, affectant par le fait même sa réussite scolaire. L’enfant qui ne dort pas suffisamment est globalement moins patient, moins tolérant et moins enjoué. Son système immunitaire n’est pas aussi fort et sa croissance est également affectée.

Encourager l’enfant à adopter de bonnes habitudes de sommeil et orienter son autorité parentale sur le respect des heures et du rituel du coucher n’est pas seulement bénéfique, mais nécessaire. Si votre enfant refuse de se coucher le soir ou s’il se couche trop tard, mettez-le au lit à l’heure que vous jugez convenable pour son âge. Prenez par la suite un moment avec lui pour faire une recherche (sur Internet ou à la bibliothèque, par exemple) afin de lui faire prendre conscience des bienfaits du sommeil et des conséquences du manque de sommeil sur sa santé, son bien-être et son développement.

Le besoin d’exercice
Votre enfant bouge-t-il suffisamment ? L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que les deux tiers des enfants ne font pas suffisamment d’activité physique, ce qui peut avoir des conséquences graves sur leur santé. Les Directives canadiennes en matière de santé physique8 peuvent vous aider à planifier des activités physiques pour et avec votre enfant.

Les besoins alimentaires
Une alimentation équilibrée est indispensable afin de garantir un développement sain et le maintien d’une bonne santé. Selon le Partenariat canadien contre le cancer9, le pourcentage des cas d’obésité augmente sans cesse au Canada, tant chez les adultes que chez les enfants et les adolescents. Cela a bien évidemment des répercussions sur le développement des maladies. S’il est bon que l’enfant puisse faire certains choix lors des repas, le choix du menu et l’achat des aliments relèvent de la responsabilité des parents.

Le besoin d’amour
L’enfant a un profond besoin d’aimer et d’être aimé. Rappelez-vous lorsque vous étiez amoureux : vous imaginiez toutes sortes de choses pour faire plaisir à l’autre et pour qu’il se sente important et aimé ! Des petits mots, des surprises, des attentions, des invitations, des moments en tête-à-tête. L’enfant a lui aussi besoin d’un adulte qui l’aime et qui le fait se sentir important.

Comment l’enfant peut-il se sentir aimé si son parent lui accorde peu de temps ? Il ne faut pas s’étonner de son opposition ou de sa défiance. C’est un peu comme s’il se disait : « Puisque je ne compte pas, que je ne semble pas être important pour toi, pourquoi est-ce que je donne- rais de l’importance à tes besoins, à tes requêtes et à tes consignes ? » L’enfant qui ne respecte pas les demandes manque probablement de quelque chose. Un ou plu- sieurs de ses besoins ne sont pas satisfaits. Il est vital que l’enfant sente qu’il est une priorité pour son parent, sans quoi il le remplacera éventuellement par d’autres attachements. Cela ne signifie pas que le parent doit lui offrir tout ce qu’il demande, loin de là. Il faut simplement savoir doser.

L’enfant dont le besoin d’attention n’est pas comblé comprend très tôt qu’il peut obtenir cette attention par des comportements dérangeants. Cette manière de se comporter lui sera nuisible, puisqu’il recherchera l’attention de son éducatrice ou de son enseignant de la même façon. Plus il vieillira,
plus ce genre d’attitude sera ancrée en lui.

Les parents ont ainsi le choix de gérer des comportements dérangeants et désagréables visant à attirer l’attention ou d’investir du temps avec leur enfant pour satisfaire adéquatement son besoin. Une fois son besoin satisfait, l’enfant n’aura plus besoin de recourir à ces comportements irrespectueux.
Le besoin de se sentir compétent
L’enfant éprouve également le besoin de sentir qu’il est compétent dans un domaine quelconque. Il a d’abord besoin que des adultes significatifs reconnaissent sa valeur et ses talents. Il apprendra par la suite à reconnaître sa propre valeur et à développer son estime de soi. Toutes les occasions sont bonnes pour reconnaître ses capacités et ses réussites de façon honnête, sans flatteries.

◗ « Quand tu me vois arriver à la garderie et que tu me fais un gros câlin comme celui-ci, je me sens chanceux d’être ton papa. »
◗ « Je me sens soutenue et soulagée lorsque je rentre à la maison et que j’aperçois tes chaussures bien alignées dans l’entrée, ton manteau sur le crochet et ton sac d’école à sa place. J’apprécie tes efforts pour garder la maison en ordre. »
◗ « Lorsque tu partages ta friandise avec ta sœur, cela touche mon cœur de papa. Je trouve cela très généreux. »
◗ « J’aime t’entendre rire : ton rire sonne comme des clochettes à mes oreilles ! »
◗ « Lorsque tu me demandes si j’ai passé une bonne jour- née, cela me touche. »
◗ « Te voir travailler comme tu le fais présentement en faisant tes devoirs me donne vraiment confiance en ta réussite. »
◗ « Cela me fait plaisir que tu nous présentes tes copains et que tu les invites à la maison. »
Il vaut mieux partir d’observations (« Lorsque je vois... », « Lorsque tu me demandes... ») et nommer ensuite ce que cela provoque (« J’aime... », « Cela me fait vraiment plaisir... », « Je me sens... »). Cette façon de faire a beau- coup plus d’impact que les jugements tels que : « Tu es bon dans le rangement » ou encore « Tu es vraiment un bon garçon de me demander cela ». L’enfant peut alors refuser le compliment en répondant : « Pas tant que cela ! » ou « Pas tout le temps ! » Évitez les jugements, même positifs. L’enfant ne pourra pas contester vos observa- tions et se reconnaîtra ainsi à sa juste mesure. Comme cette reconnaissance viendra de lui, elle sera ajustée à la valeur qu’il s’accorde lui-même.

Voici quelques idées de questions que vous pouvez poser à votre enfant pour l’aider à reconnaître sa propre valeur :
◗ « Qu’est-ce que tu fais le mieux à la garderie ? »
◗ « Dans quels jeux excelles-tu ? »
◗ « Dans quelle matière réussis-tu le mieux selon toi ? »
◗ «De quoi es-tu le plus fier?»

Le besoin de liberté
Le besoin de liberté est un besoin important, et ce, à tout âge. Lorsqu’il est associé au pouvoir de choisir ou de contrôler, il permet à l’enfant de développer son auto- nomie. Il peut s’appliquer dans plusieurs domaines selon l’âge de l’enfant.
Vous pouvez, par exemple, dire à votre enfant de 2 à 5 ans :
◗ « Quel pantalon veux-tu porter pour aller à la garderie demain ? »
◗ « Quel conte choisis-tu pour la lecture de ce soir ? »
◗ « Quels jouets prendras-tu avec toi dans le bain ? »
◗ «Commences-tu par les dents d’en haut ou par celles d’en bas aujourd’hui ? »
◗ « Est-ce moi qui boucle ta ceinture ou préfères-tu le faire toi-même ? »
◗ « Préfères-tu manger des carottes ou des brocolis ce midi ? »
◗ « Préfères-tu me donner la main ou te rendre seul à la baignoire ? »
◗ « T’assois-tu de ce côté-ci ou de ce côté-là ? »
Vous avez sans doute remarqué que le petit ne choisit pas d’aller à la garderie ou non, de prendre son bain ou non ou de se brosser les dents ou non... Il peut avoir un pouvoir décisionnel pour certains éléments, mais il doit respecter les règles d’hygiène et les routines que vous avez instaurées pour lui.

Les choix évoluent selon l’âge. Ainsi, vous pouvez demander à l’enfant de 6 à 11 ans :
◗ «Débutes-tu par ton devoir de français ou de mathématiques ? »
◗ « Joueras-tu avec Alexandre devant la maison ou au parc ? »
◗ « Préfères-tu prendre ta collation dans la cuisine ou dans la salle de jeux ? »
◗ «Veux-tu de l’aide pour faire ta recherche ou préfères-tu la faire tout seul ? »
◗ « Quels amis souhaites-tu inviter pour ta fête ? »
◗ « Dans quelles activités sportives souhaites-tu t’investir ? »

Vous pouvez demander à l’adolescent de 12 à 16 ans :
◗ « J’entre avec toi dans la boutique pour choisir ta chemise ou tu y vas seul avec le budget alloué ? »
◗ «Tu prépares la salade ou tu m’aides à cuire les légumes ? » S’il ne veut pas vous aider, dites-lui que sans aide, vous ne pourrez pas faire le repas et qu’il devra se préparer quelque chose lui-même.
◗ «Tu t’y rends à pied ou je t’y conduis?»
◗ « Avec ton amie, vous dormez dans ta chambre ou au sous-sol ? »
Bien entendu, ces choix doivent vous convenir et correspondre à vos valeurs.

 

Brigitte Racine


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