Quand un membre de notre famille nous pousse à bout

’est le lot de toute famille de compter dans ses rangs des personnalités difficiles, voire carrément antisociales. Ce n’est d’ailleurs pas forcément néfaste. Nous sommes nombreux à avoir des membres de notre famille qui nous poussent à bout. Cela peut être l’excentrique de la famille – la tante Martha qui vit dans une ferme traditionnelle en Écosse, sans électricité ni eau courante, et qui n’échange jamais un mot poli avec le reste de la famille; ou Peter, l’oncle radin, tellement pingre qu’il n’achète aux enfants qu’un petit paquet de bonbons quand il vient pour Noël et réussit toujours à éviter de sortir le moindre sou lors des sorties familiales; ou l’ivrogne de la famille, Papi Jo, qui, si on le laisse faire, siphonnera un peu trop d’alcool au déjeuner dominical et se lancera dans une longue tirade sur sa vie et ses exploits.

C’est le lot de toute famille de compter dans ses rangs des personnalités difficiles, voire carrément antisociales. Ce n’est d’ailleurs pas forcément néfaste. Nous sommes nombreux à avoir des membres de notre famille qui nous poussent à bout. Cela peut être l’excentrique de la famille – la tante Martha qui vit dans une ferme traditionnelle en Écosse, sans électricité ni eau courante, et qui n’échange jamais un mot poli avec le reste de la famille; ou Peter, l’oncle radin, tellement pingre qu’il n’achète aux enfants qu’un petit paquet de bonbons quand il vient pour Noël et réussit toujours à éviter de sortir le moindre sou lors des sorties familiales; ou l’ivrogne de la famille, Papi Jo, qui, si on le laisse faire, siphonnera un peu trop d’alcool au déjeuner dominical et se lancera dans une longue tirade sur sa vie et ses exploits. Beaucoup de familles ont aussi leur râleur de service, comme Martin, surnommé « Papi Grincheux », qui fera un esclandre si on lui manque d’égard dans un magasin ou s’il est confronté à des personnes incompétentes. quant aux barbants, les familles n’en manquent pas. Leur enthousiasme pour l’élevage de pigeons, le golf ou tout autre hobby va bien plus loin que ce que nous pouvons supporter.

Cela étant dit, notre ambition n’est pas de vous aider à vous entendre avec les personnalités maladroites de votre environnement familial. Certes, elles n’ont pas leur langue dans leur poche, et elles vous irritent sans doute, mais au bout du compte, elles sont inoffensives et font partie de l’histoire familiale – même s’il serait utile de faire preuve d’un peu plus de compréhension à leur égard. Les familles seraient même fades sans ces personnalités «piquantes», qui fournissent de quoi plaisanter au reste du clan. Ces personnes n’ont pas de réel impact sur votre vie, elles ne vous causent aucun tort. Ce que nous traitons dans ce livre, ce ne sont pas ces excentriques plus ou moins attachants, ou ces personnes aux défauts trop humains dont le cœur est, au fond, à la bonne place, mais les membres de la famille qui causent une vraie souffrance à long terme et affectent ou restreignent votre qualité de vie régulièrement et durablement : quelqu’un qui, consciemment ou pas, s’immisce dans votre liberté ou votre développement, et peut même se montrer froid, calculateur, malicieux et cruel; quelqu’un qui semble vraiment n’avoir aucun sentiment pour les autres; quelqu’un qui se place au premier plan en permanence, dont la grande histoire d’amour a toujours été lui-même, et qui ne semble pas trop concerné par ce qui se passe dans le reste du monde. un tel individu ne fait pas semblant – il est convaincu d’être plus important que le reste du monde. Si difficile que cela puisse être à admettre, « moi d’abord » est bien sa devise.

Il peut s’agir d’un(e) époux/épouse ou d’un(e) conjoint(e) qui vous dénigre constamment et se soustrait à ses responsabilités familiales. ou alors de la maladie, de la mort ou de questions d’héritage qui ont affecté votre famille d’une manière si horrible que celle-ci semble s’écrouler sous le poids du problème. Les querelles sur l’héritage seront attisées par cette personne difficile, qui met toujours de l’huile sur le feu, alors que n’importe qui à la place serait heureux de régler le problème de manière harmonieuse. Peut-être avez-vous des parents exigeants, manipulateurs ou cruels, ou des frères et sœurs indifférents, qui ne communiquent jamais avec le reste de la famille. ou encore un parent âgé, ou vos parents qui, bien qu’ils ne vous aient jamais bien traité, insistent à présent pour que vous emménagiez chez eux, parce qu’ils ne peuvent plus vivre de manière autonome.
Ce que nous abordons dans ce livre, ce sont les instabilités de long terme qui affectent vos relations avec certains membres de votre famille – les personnes qui ont toujours été « difficiles », quelle que soit la manière dont elles ont été traitées par la vie ou par les autres.

George était décédé récemment, à l’âge de quatre-vingts ans. Toute sa famille l’avait trouvé « difficile » à travers les générations. Depuis son enfance, il aimait jouer au clown pour attirer l’attention, mais s’il n’y parvenait pas, il renfermait une bonne dose de cruauté et de froideur. Sa mère, qui disait qu’il avait toujours été « spécial », se souvenait de lui comme d’un enfant jetant délibérément de la boue sur le linge propre en train de sécher, à une époque où la lessive se faisait à la main. Son frère cadet raconta qu’adolescent, George l’avait abandonné dans un grenier fermé pendant plusieurs heures. Dans sa vie d’adulte, ses clowneries se transformèrent en sarcasme et en remarques coupantes, souvent très blessantes, et il jubilait quand il appuyait là où cela faisait le plus mal. Il se maria quand même, mais sa femme souffrit de sa personnalité – en particulier de ses « petites blagues » comme elle les appelait, ainsi que de son absence de sociabilité.

Personne n’était invité – ou plutôt autorisé – à venir chez eux. Ses enfants aussi eurent à subir ses sautes d’humeur et son côté soupe au lait. Les repas tournaient souvent au vinaigre et il perdait facilement son calme avec des objets du quotidien, comme la tondeuse à gazon. Il s’était disputé avec son frère et sa sœur, donc il ne parlait plus à sa famille. Ses bizarreries s’accentuèrent avec l’âge, et après la mort prématurée de sa femme, il rompit tout contact avec le reste de sa famille, refusant même de rencontrer ses enfants devenus adultes ou de s’intéresser à ses petits-enfants. Deux ans avant sa mort, son fils fit une dernière tentative et vint lui rendre visite du Canada où il vivait alors. George refusa de le faire entrer et mourut sans avoir revu aucun membre de sa famille.

Barbara avait toujours trouvé sa sœur aînée compliquée. Bien qu’il n’y ait que dix-huit mois d’écart entre elles et qu’elles aient reçu strictement la même éducation – elles avaient été traitées presque comme des jumelles –, sa sœur Michaela était depuis toujours négative et d’humeur changeante. Elle ne semblait jamais vraiment trouver ce qu’elle cherchait. Comme elle était une étudiante brillante, on lui proposa de postuler à oxbridge*, mais elle refusa, prétextant qu’elle ne voulait pas se retrouver coincée au milieu d’étudiants snobs. Elle enseigna pendant vingt ans et on l’encouragea à tenter un poste de directrice, mais elle refusa à nouveau, arguant qu’elle ne voulait pas d’un poste à responsabilités. Sa vie personnelle était difficile et solitaire. Elle fut fiancée pendant plusieurs mois mais, une fois sur le point de se marier, elle rompit, déclarant que son fiancé n’était pas le bon, puis resta célibataire. on ne savait jamais si elle allait assister aux réunions de famille ou si elle allait les gâcher en se disputant avec son père, avec lequel elle s’entendait encore moins bien qu’avec le reste de la famille. À quarante-cinq ans, elle toucha un petit héritage et quitta son travail pour se mettre à écrire des romans. Ces derniers étaient loin d’être des best-sellers, et Michaela devint très acariâtre sur ses accomplissements, mettant la faute sur le dos de ses parents pour tout ce qui lui était arrivé – ou pas arrivé – dans la vie. Barbara trouva cette attitude incompréhensible et injuste : après tout, elles avaient eu les mêmes parents et la même éducation, et elle, Barbara, était complètement différente, toujours occupée, amicale et heureuse, mariée, mère de deux enfants, et à la tête d’une entreprise de design, qu’elle avait créée en utilisant sa part d’héritage. Barbara sentait de plus en plus que Michaela était sur une voie qui ne mène nulle part. Ses relations avec le reste de la famille étaient devenues très tendues, et Barbara redoutait une réunion de famille qu’elle avait prévue pour fêter l’anniversaire de mariage de leurs parents. Michaela ne parlait à personne et ne répondait ni aux appels, ni aux SMS. Elle semblait n’avoir aucune considération pour le reste de la famille. Franchement, même s’ils étaient une famille très unie, Barbara avait le sentiment qu’elle serait soulagée si Michaela ne venait pas.

La mère de Laura était peintre. Elle avait connu un assez grand succès dans sa jeunesse, mais rien n’était jamais assez pour elle. Elle se mettait en scène comme une artiste injustement ignorée et incomprise ayant le monde entier contre elle. Dès la naissance de Laura, elle se montra excessivement exigeante et surprotectrice à l’égard de sa fille, jusqu’à l’abus – Laura n’eut jamais le droit de fermer la porte de sa chambre ou d’avoir une réelle vie privée, et elle devait se coucher tôt le soir, même en été, à une heure où les autres enfants avaient le droit de jouer dehors. Fille unique, on la poussa à se sentir responsable du bonheur de ses parents, une dynamique qui se poursuivit jusqu’à l’âge adulte et empira après la mort de son père, lorsqu’elle se retrouva seule responsable de sa mère. Laura ne voulait pas répéter le modèle de sa propre enfance, au cours de laquelle sa grand-mère dominatrice et exigeante avait vécu avec eux, mais cela lui semblait inévitable et elle se sentit profondément démunie face aux menaces de sa mère de venir s’installer avec elle, son mari et leurs deux enfants. Le chantage affectif était une habitude pour la mère de Laura, et bien que cette dernière en eût conscience sur le plan intellectuel, sur le plan émotionnel il lui était presque impossible d’y résister. La mère de Laura la rendait de plus en plus responsable de son propre malheur et de son manque de succès, et elle n’hésitait pas à verser des larmes pour le lui faire remarquer. Enfin, Laura se mit en quatre pour organiser des expositions, faire de la promotion et créer des pages Web pour sa mère – mais rien ne pouvait la rendre heureuse.

Sandra était une personne ouvertement malveillante. Elle fit en sorte de faire mettre son frère Dermot en prison en l’accusant d’irrégularités dans l’affaire familiale. Dermot gérait pourtant le restaurant de manière compétente – même s’il faisait parfois appel à des travailleurs sans papiers. Cela n’empêchait pas Sandra de surgir deux à trois fois par semaine, d’exiger de voir les comptes et de faire des scènes publiques bruyantes, en hurlant, et même à une occasion en allant jusqu’à gifler Dermot. Bien sûr, ils finirent au tribunal, ce qui ne leur apporta rien, si ce n’est qu’ils perdirent beaucoup d’argent. Lorsque Mary, leur mère, mourut, Sandra prit immédiatement possession de son appartement. Il n’y avait pas de testament. on savait que Mary gardait d’importantes sommes d’argent liquide sur place, mais personne dans la famille n’avait jamais su combien. Sandra utilisa l’argent pour payer les obsèques de Mary ainsi que d’autres dépenses et proposa à Dermot et à ses deux autres frères et sœurs un arrangement informel, assorti d’une petite somme d’argent, au terme duquel ils renonçaient à toute réclamation ultérieure concernant le patrimoine de leur mère. Furieux, Dermot refusa cet accord et exigea que les biens de Mary soient répartis d’une manière plus équitable. C’était il y a quatre ans, et depuis, il n’a plus eu aucun contact avec Sandra.

Simon était charmant, possédait un sens de l’humour espiègle et une certaine présence, et Sarah-Anne était heureuse de l’épouser. Elle pensait que sa vie allait s’épanouir comme elle l’avait toujours imaginé. Elle était impatiente de développer sa carrière et leur vie sociale conjointe. Elle fut donc quelque peu désarçonnée en constatant que c’est l’inverse qui arriva. Les amis de Simon disparurent tous après leur mariage et Simon se mit à prendre en grippe ses amis et sa famille à elle, si bien qu’ils voyaient de moins en moins de personnes. En outre, Simon n’hésitait pas à dénigrer le travail de Sarah- Anne dans le marketing, le qualifiant de trivial et indigne d’elle, tout en traitant ses collègues de superficiels. Sarah- Anne avait toujours aimé marcher, mais là encore Simon se mit à casser du sucre sur le groupe avec lequel elle marchait, le traitant de bande d’excentriques et de bons à rien. Ses critiques semblaient subtiles et raisonnables, si bien que Sarah-Anne ne se rendait pas compte qu’elle était de plus en plus isolée. Elle sympathisa avec d’autres mamans à la naissance de leur bébé, mais bientôt elle abandonna sa carrière – sans le soutien de son mari –, il était trop difficile de reprendre le travail et l’attitude de Simon l’empêchait de voir ses amis et sa famille. Après cinq ans de mariage, sa vie était loin d’avoir pris de l’ampleur. Au contraire, elle était plus étriquée que jamais.


Comment ces personnalités difficiles tirent-elles leur épingle du jeu ? Comment parviennent-elles à établir une dynamique si puissante et maléfique? Comment ces rôles deviennent- ils si ancrés ? Comment ces tyrannies, sans être ouvertement abusives, limitent-elles la vie et les possibilités sociales de familles entières et se transmettent parfois de génération en génération ? Mais surtout : que peut-on faire contre cela ?

Vous vous demandez sûrement s’il est possible de changer des situations installées depuis longtemps, et qui semblent en quelque sorte irrémédiables. Vous estimez sans doute que tout est votre faute et que, si vous aviez fait plus d’efforts, tout se serait bien passé avec cette personne, ou au contraire que vous avez justement fait de votre mieux et que, si vous pouviez simplement changer cette personne difficile, les choses s’arrangeraient. Dans ce livre, nous faisons le point sur des situations courantes, où les problèmes risquent de surgir ou de s’aggraver s’ils ne sont pas traités. Notre ambition est de vous aider à faire face à des problèmes familiaux de longue date, comme ceux que nous venons de mentionner.
Ce livre montre comment survivre aux interactions, quotidiennes ou moins fréquentes, avec les personnalités difficiles qu’il peut y avoir dans nos familles. Il présente une série de stratégies permettant de gérer les personnes qui nous poussent à bout, et inclut des conseils concrets provenant de personnes qui ont surmonté avec succès des difficultés familiales. Basé sur la recherche la plus récente, il propose une nouvelle manière de prendre en compte les types de personnalité, avec un focus particulier sur l’empathie. Si vous avez le sentiment qu’un membre de votre famille est atteint d’un trouble de la personnalité, il est possible que vous ayez raison. Plusieurs études publiées au cours de la dernière décennie – y compris les travaux de recherche en cours menés par les auteurs de ce livre – font l’hypothèse que les membres de famille aux personnalités difficiles souffrent souvent d’un trouble de la personnalité non diagnostiqué, tel que le narcissisme ou un autre problème clinique, comme le syndrome d’Asperger.

Dr Jane Mc Gregor / Tim Mc Gregor

 

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