Manipulation positive et manipulation perverse


On l’a vu, la manipulation peut avoir des buts très différents. Mais ce qui distingue les différents cas de manipulation, c’est leur finalité. En effet, contrairement aux idées reçues, toute manipulation n’est pas forcément perverse.

Exemple :
> Quand un commercial vous manipule pour vous inciter à acheter un vêtement ou un service, ce processus n’est pas forcément perverti. La personne ne fait finalement que son travail, sans objectif malsain derrière. En revanche, ce processus peut être perverti quand la manipulation a pour objectif la malveillance, la destruction de l’autre. En clair, quand il s’agit d’une escroquerie : le manipulateur veut vous faire croire que ce qu’il veut vous vendre, c’est de l’or alors que, en réalité, il ne s’agit que de métal doré !

Voilà pourquoi on peut distinguer deux grands types de manipulation :
• D’un côté, la manipulation normale, saine, utilisée comme une stratégie pour atteindre un but précis et limité dans le temps. Dans ce cas, la manipulation peut même être positive : on peut manipuler l’autre « pour son bien », par amour, par compassion... ou même dans un but constructif (c’est le cas, par exemple, de la séduction amoureuse). Le mensonge « honnête » permet de limiter la violence d’une vérité. Amener un enfant à travailler mieux à l’école en utilisant quelques astuces de langage ou suggérer des images mentales pour atténuer la douleur d’un malade sont des petites manipulations du quotidien qui visent une finalité positive pour le manipulé. La manipulation positive amène un plus à l’autre ; elle est au profit de l’autre ! C’est évidemment ce qui la distingue de la manipulation perverse.

Exemples :
> L’enfant manipule ses parents pour avoir des bonbons, en faisant une crise dans le magasin, en leur posant trente-six fois la même question, en refusant de remettre son manteau...
> Votre chat vous réveille le matin et ronronne dans vos oreilles jusqu’à ce que vous vous leviez pour lui donner sa pâtée ou ses croquettes.
> Les parents font miroiter telle ou telle récompense à leur enfant pour qu’il travaille bien à l’école, pour faire en sorte que ce soit lui qui décide d’être appliqué et consciencieux.

• De l’autre côté, la manipulation malsaine et perverse, construite autour de l’idée que l’autre n’existe pas vraiment ou qu’il n’existe qu’au profit du manipulateur. C’est à partir de ce moment-là que l’on peut parler de situation d’emprise (voir p. 93). Le cas extrême et sans doute le plus médiatisé, c’est celui du pervers narcissique (sur lequel nous reviendrons dans la suite de cet ouvrage), dont le but ultime est de s’accaparer l’image de l’autre et d’établir une emprise totale sur lui, jusqu’à l’anéantir.

Antoine Spath

 

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Ne plus se laisser manipuler