L’insatisfaction sexuelle dans le couple

Beaucoup viennent me consulter car ils n’ont plus de désir pour leur partenaire. Ils n’en peuvent plus. Ils ne supportent plus leur conjoint. Leur désir s’est déplacé sur d’autres hommes ou d’autres femmes. Il n’y a pas eu forcément de passage à l’acte sexuel. Certains se conten tent de trouver de l’excitation en fantasmant les rencontres virtuelles. Parfois, ils ont l’impression d’aimer encore leur conjoint. Ils se sentent blessés par l’agressivité de l’autre ou par le manque de désir sexuel. Dans l’énergie du désespoir, ils viennent en thérapie, avec l’immense espoir que ce travail en commun va les réveiller. Le plus souvent, l’initiative est prise par la femme. Le partenaire vient à la demande expresse de celle-ci ou il la rejoint un peu plus tard, lorsque celle-ci a pris de la distance avec ce qu’elle vit et éprouve la nécessité de faire bouger le couple.

 



Beaucoup viennent me consulter car ils n’ont plus de désir pour leur partenaire. Ils n’en peuvent plus. Ils ne supportent plus leur conjoint. Leur désir s’est déplacé sur d’autres hommes ou d’autres femmes. Il n’y a pas eu forcément de passage à l’acte sexuel. Certains se conten tent de trouver de l’excitation en fantasmant les rencontres virtuelles. Parfois, ils ont l’impression d’aimer encore leur conjoint. Ils se sentent blessés par l’agressivité de l’autre ou par le manque de désir sexuel. Dans l’énergie du désespoir, ils viennent en thérapie, avec l’immense espoir que ce travail en commun va les réveiller. Le plus souvent, l’initiative est prise par la femme. Le partenaire vient à la demande expresse de celle-ci ou il la rejoint un peu plus tard, lorsque celle-ci a pris de la distance avec ce qu’elle vit et éprouve la nécessité de faire bouger le couple.

Lorsque nous écoutons les couples en difficulté, l’insatisfaction sexuelle est rarement exprimée. Les partenaires s’arrêtent le plus souvent sur des difficultés de communication qu’ils vivent dans le quotidien. Ils ne partagent plus les mêmes goûts dans la vie. Leur vi sion du monde est radicalement différente. Leurs attentes ne se ren contrent pas. L’argent est un problème. L’éducation des enfants est vue différemment. Les petits soucis du quotidien prennent beaucoup d’importance. Le ménage, la vaisselle, les courses sont lourds à porter. Ils se sentent agacés par l’autre. L’hos6lité s’exprime dans des mots blessants, des accusa6ons et des comportements de rejet. Les uns ne se sentent pas respectés, les autres sont dans l’incompréhension. Ils se sentent tous agressés. La perte de désir est vue, le plus souvent, comme la conséquence des difficultés de communication. Pourtant, dans la clinique du couple, lorsque la vie sexuelle des conjoints est abordée réellement, l’insatisfaction sexuelle apparaît comme l’aspect fondamental de ces difficultés, ou tout au moins concomitante aux difficultés de communication verbale.

De nombreuses personnes sont venues me voir pour une dépression liée à des difficultés professionnelles et à un manque de désir en général. Systématiquement, l’insatisfaction sexuelle était présente. L’angoisse était dominante. Parfois, le médecin leur avait donné des antidépresseurs qui renforçaient leur manque de désir sexuel. Les partenaires ne se sentaient pas investis érotiquement par l’autre. Ils ne se sentaient pas en mesure d’exprimer leurs besoins. Ils étaient plus dans l’attente du désir de l’autre que dans l’expression de leurs propres désirs. La passivité des deux partenaires et les interprétations du comportement de l’autre avaient bloqué tout désir, ou tout du moins ses manifestations.

Dans le couple, la sexualité est le facteur prépondérant de la régulation de la vie psychique de chacun de ses membres. Les aspirations profondes de chacun confrontées à la réalité affective et érotique perçue et vécue dans le quotidien engendrent une tension qu’il convient de libérer, si possible dans une jouissance partagée.

La sexualité n’est pas, bien sûr, le seul facteur de régulation. Mais c’est sur cet aspect de la vie humaine que nous centrons notre attention.

Nous questionnons les fondements de la relation amoureuse.
Il est évident que chaque couple est confronté aux changements liés au temps qui passe, à l’arrivée d’un enfant, aux rencontres de la vie, au vieillissement, à la maladie parfois. Il est dans l’obligation du changement face aux crises de la vie et à l’envahissement de la vie ordinaire.

Le changement passe par un nouvel engagement des partenaires à dépasser les entraves de la vie ordinaire. Ce dépassement de soi n’est possible que si les partenaires entrent en contact avec eux-mêmes et acceptent de se dévoiler pour savoir qui ils sont. Les amants, qui ne sont plus que des partenaires, dont le contrat s’est amoindri comme une peau de chagrin, doivent apprendre à se mobiliser pour créer des moments sacrés où la sexualité se vit comme une rencontre profonde, une complétude infinie. Les amants se retrouvent dans une con6nuité, un espace de rêve où les désirs se rencontrent et contribuent à une communication éro6que profonde, source de sa6sfac6on. Parler ainsi, n’est-ce pas semer du rêve et de l’illusion ? Je ne crois pas. Pourquoi l’homme devrait-il renoncer aux plaisirs et aux joies qui créent la réjouissance des corps et des cœurs ? C’est toute une philosophie de la vie qui se dégage de ce principe fondamental. Je rejoins en cela la philosophie hédoniste selon laquelle la recherche du plaisir et l’évitement du déplaisir cons6tuent l’objectif de l’existence humaine10.

8 À mon sens, une relation peut être qualifiée d’épanouissante dans la mesure où elle répond aux demandes de nourriture affective et sexuelle et que les plaisirs réjouissants sont ressen6s comme supérieurs aux déplaisirs occasionnés par la relation.
9 La vie ordinaire est celle de tous les instants marqués par les obligations familiales, sociales et professionnelles. Avoir des enfants engendre des rythmes. Se retrouver ensemble, entre amants, est plus difficile. Les obligations peuvent être également un prétexte, une fuite pour ne pas affronter les difficultés du couple à trouver, à créer des moments extraordinaires nécessaires pour maintenir l’élan amoureux et le désir.
10 Des travaux récents suggèrent que la recherche du plaisir et de la satisfaction est essentielle chez tous les vertébrés pour leur survie. On peut d’ailleurs considérer que le plaisir sexuel et sa sublimation amoureuse chez l’homme ont été en partie sélectionnés par l’évolution pour garantir le maintien des espèces. Pour Philippe Vernier, chercheur CNRS spécialiste de neuroembryologie, « chaque vertébré, dans la perception du monde qui lui est propre, va inlassablement rechercher les éléments valorisants et plaisants pour lui ».

 

 Michel Bonhomme

 

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