L’enfance et les nourritures affectives

Transmettre la vie à un enfant est un acte d’amour important qui se joue dans un grand secret. La conception est habitée de plusieurs désirs, celui de transmettre la vie pour les géniteurs et celui de prendre racine sur cette terre pour ce futur enfant, s’il accepte d’aller jusqu’au bout de ce temps de gestation et si les géniteurs laissent cette vie s’épanouir. Si cette transmission de la vie est le résultat d’une fusion organique, elle est animée par plusieurs sources d’amour. C’est ainsi que nous appartenons à un grand champ énergétique qui provient de multiples dimensions humaines et d’une part de subtil.
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Transmettre la vie à un enfant est un acte d’amour important qui se joue dans un grand secret. La conception est habitée de plusieurs désirs, celui de transmettre la vie pour les géniteurs et celui de prendre racine sur cette terre pour ce futur enfant, s’il accepte d’aller jusqu’au bout de ce temps de gestation et si les géniteurs laissent cette vie s’épanouir. Si cette transmission de la vie est le résultat d’une fusion organique, elle est animée par plusieurs sources d’amour. C’est ainsi que nous appartenons à un grand champ énergétique qui provient de multiples dimensions humaines et d’une part de subtil.

La naissance d’un enfant offre beaucoup de joie, une effervescence d’amour envahit les parents et l’entourage. Pour la grande majorité des parents, c’est un moment de pur bonheur que d’accueillir ce nourrisson qui a tant à recevoir et à transmettre. C’est un espace-temps où tout s’arrête, c’est à la fois l’aboutissement du désir de donner la vie et la naissance d’une nouvelle vie. Pour papa, maman, éventuellement les frères et les sœurs, c’est une révolution, ce petit être qui a tant besoin d’attention et d’amour va prendre une nouvelle place. C’est le début d’une longue histoire qui sera émaillée de multiples ressentis et sentiments. Trop peu de parents en ont conscience à ce moment-là. Il y a une sorte d’innocence, et c’est normal, la naissance est un espace de découverte, de « co-naissance », d’émerveillement et aussi quelquefois d’inquiétude, parfois même d’angoisse. Les débuts de la vie sont déjà habités par de multiples questionnements, des peurs, des projections sur ce qu’il sera, à qui il ressemble, sur la capacité à faire face, à plus forte raison s’il s’agit de naissances multiples...

Certains n’ont pas trouvé le plein amour lors de la naissance, ou, plus exactement, si l’amour était là, il était enseveli par une existence lourde chez la mère, les parents ou la famille. Ce peut être une détresse psychologique, un climat familial ou social déstructuré, la prédominance de la colère, de la violence, la survenue d’une maladie incurable... Tous ces aléas marqueront cet enfant, et pourtant certains pourront rebondir, mais d’autres beaucoup plus difficilement.

Dans le livre Soigner les blessures de l’enfance pour construire son chemin de vie (éditions Dangles), j’expose les différentes blessures qui se créent dans le silence entre 0 et 7 ans. Je vous invite à lire ou relire ce livre. Il vous sera utile pour mieux repérer les blessures qui sont en vous. Comme je l’exprimais dans cet ouvrage, la période de 0 à 3 ans est fondamentale, c’est à ce moment de votre vie que vous avez ou n’avez pas reçu la réponse à des besoins fondamentaux : l’amour, les soins, la nourriture adaptée, la sécurité, le cadre, l’écoute, l’attention de tous les instants... C’est une période où s’ouvrent en silence deux blessures ô combien pernicieuses, le rejet et l’abandon. Entre 0 et 3 ans, vous risquez également de prendre sur vous les peurs, les angoisses des parents, vous réveillerez des maladies, votre premier mal à dire...

Autant dire qu’à cet âge-là, nous construisons nos fondations, et qu’il est essentiel de pouvoir accompagner l’enfant en puissance avec amour et en étant à l’écoute de ses besoins personnalisés. Je vais évoquer dans ce chapitre tout ce qu’il est important d’avoir reçu et aussi comment prendre soin de ce qui vous a manqué. Vous pourrez ainsi vous reconstruire et laisser émerger en vous le bon, le juste, l’amour, si c’est ce dont vous avez besoin.

Aimer son enfant ou lui apprendre à s’aimer ?
Transmettre la vie est un acte d’amour ; pourtant, certaines mères ne peuvent assumer de conduire la vie de leur enfant. Elles décident alors de l’abandonner. C’est terrible pour l’enfant, et ce choix de la mère sera vécu douloureusement par l’enfant qui se lancera souvent dans une quête de sa génitrice, mais aussi de son géniteur. Certains de ces abandons sont le fruit d’un grand amour : celui d’épargner à l’enfant une grande détresse. L’incapacité de pouvoir faire grandir l’enfant dans des conditions adéquates objective souvent l’abandon. C’est en quelque sorte le moyen de lui permettre de vivre dans un cadre plus adapté à ses besoins. S’il bénéficie d’un amour de remplacement auprès de parents adoptifs, ce dont il a tant besoin sera comblé, mais le manque qui s’appuie sur le besoin d’appartenance, lié au lien du sang, risque alors d’être rampant. Cette absence peut générer de la colère, à l’adolescence ce sera l’explosion des ressentiments, difficiles à vivre pour les parents adoptifs, un tremblement de terre pour tenter de retrouver les bases de ses fondations.

Ce n’est pas un affront vis-à-vis de ses parents adoptifs que de rechercher le lien aux géniteurs, que ce soit de façon concrète ou symbolique, par exemple en réalisant une constellation familiale. Il est vital de retrouver ses racines et aussi de remercier ses parents nourriciers pour tout le bien reçu, si c’est le cas bien entendu. Pouvoir intégrer ces deux parties en votre être, quel que soit votre âge, vous apportera un grand réconfort, si cette démarche se crée dans un climat d’acceptation.

Dans une grande majorité des naissances, la maman puis le papa ressentent beaucoup d’amour pour leur enfant et vont lui dispenser les soins nécessaires et combler dans un premier temps les besoins vitaux, puis d’autres besoins essentiels. Ils manifestent alors des marques de tendresse, d’amour. C’est important, vital et profondément bénéfique. Mais au fil des années, au-delà d’aimer son enfant, il est essentiel de lui apprendre à s’aimer lui-même. C’est un acte essentiel qui doit reposer sur une démarche intérieure. Car dans cette conduite prédominent des éléments favorables, et d’autres beaucoup moins.

Je vous invite à vous placer en tant que parents si c’est le cas, ou ex-enfant. Surtout aucune culpabilisation, ces éléments posés ici ont pour but d’ouvrir les consciences. Aucun jugement de ma part, mais des pistes de réflexion ; à tout âge, il est toujours possible de changer et d’évoluer, que ces écrits puissent y contribuer !

Une des premières interrogations : quelle est la nature de l’amour vers mon enfant, est-ce un don gratuit ? Ou est-il habité par la captation, par un amour de remplacement, ou encore dicté par un don excessif ?


 
Lucien Essique

 

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