DOUCEMENT, MAIS SÛREMENT...


Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. Mais pourquoi faut-il suivre le rythme de la tortue plutôt que celui du lièvre si l’on veut parvenir à son objectif ?

ÉTAT DES LIEUX
La vie n’est certainement pas un long fleuve tranquille. Et quelque chose cloche dans la vôtre. Rien de dramatique, ni de vraiment urgent. Mais vous êtes parfois triste, maussade, découragé. Ou souvent en colère, énervé, crispé. À moins que vous ne soyez inquiet, soucieux, anxieux. C’est un sentiment de lassitude, une accumulation de petites frustrations du quotidien. Il faut faire quelque chose, vous dites-vous ! Faire mieux, penser plus positif, canaliser vos émotions, réagir à meilleur escient, enrichir vos relations, embellir votre environnement. Être plus serein, plus comblé. Être... bien, être mieux, être bien mieux !

Dans ces moments-là, vous n’avez qu’une envie : tout changer ! Changer de job, ou même de partenaire. Vous mettre au sport, au régime, à la méditation. Partir loin, loin, loin. Devenir quelqu’un d’autre ? Alors, vous faites des projets gigantesques et farfelus, grâce à la méthode « Je balance tout et je recommence », en rêvant du grand soir.

Vous allez démissionner pour partir en Lozère et produire du fromage de chèvre. Rompre avec votre moitié alors que vous l’aimez démesurément, plus que vos premières chaussettes. Déménager et investir dans un loft après un stage intensif de home-staging. Vous convertir au bouddhisme. Organiser un trek sur les plages du Touquet. Changer d’amis en vous inscrivant sur un site de rencontres. Devenir végétarien.

Vous rêvez de tout envoyer promener et rien ne change fondamentalement. Vos bonnes résolutions sont bien trop compliquées. Vos projets un brin grandioses. Résultat, votre désir de changement reste au point mort. Pire, il entretient votre sentiment de frustration et de déception, et réveille une douloureuse sensation d’impuissance. Vos peurs se confirment à mesure que vos habitudes s’enracinent. Vous avez le sentiment d’être coincé dans votre train-train quotidien.

LA FAUSSE BONNE IDÉE
Le changement, c’est bien et c’est peut-être pour maintenant. Sauf que jeter le bébé avec l’eau du bain n’a jamais été une bonne idée. Pourquoi ?
• Tout envoyer promener, c’est anxiogène. Rappelons d’abord une réalité biologique : le cerveau n’aime pas le changement. Nous fonctionnons tous avec des réflexes, cognitifs et comportementaux, parce que notre mémoire les a enregistrés comme favorables à notre survie. Nos émotions, pensées et réactions, même si elles sont douloureuses parfois, ou coûteuses en termes d’énergie et de bien- être, sont pour la plupart automatiques. Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons rien y faire mais cela implique une attention, cela suppose un effort de répétition. Le cerveau doit s’adapter à ces nouvelles habitudes. Et si on le presse, si on ne lui laisse pas le temps de s’y faire en sautant directement dans l’inconnu, alors stress et anxiété jalonneront le parcours.

• Tout envoyer balader, c’est frustrant. Mettre la barre trop haut, c’est le meilleur moyen de ne pas y arriver. Se fixer un objectif trop important, sans le découper en petites missions, en défis quotidiens, c’est voir le sommet d’une montagne sans considérer le chemin qui pourrait nous y mener. Et ce peut être frustrant. Le cerveau (encore lui) a besoin d’activer sa zone de récompenses pour continuer d’avancer. Plus on obtient de plaisir en marchant vers son objectif, plus on a de chances d’y arriver. Or, si la seule récom- pense se trouve à plusieurs mois de là, ou si elle n’intervient qu’après la réussite ultime, comment tenir ? Le sentiment de frustration pourrait bien mettre à mal notre projet.

• Tout bazarder, c’est contre-productif. En optant pour le changement radical, sur un court laps de temps, nous nous mettons une pression supplémentaire tout à fait inutile et contre-productive. Tout obstinés à nous prouver que nous sommes capables d’y arriver, vite fait, bien fait, nous pourrions vérifier ce que nous craignons par-dessus tout : que nous ne sommes pas à la hauteur, pas si forts, moins courageux, téméraire. De là à en conclure que nous sommes nuls, il n’y a qu’un pas, vite franchi. Une pensée qui nous empêcherait non seulement de mener à bien notre projet ; mais aurait aussi tendance à saboter dès le départ les objectifs que nous pourrions ultérieurement nous fixer.

• Tout changer, c’est risquer de se tromper. En effet, le désir de changement, s’il est naturel, constructif et donc nécessaire, cache parfois des besoins plus profonds, que l’on n’ose pas s’avouer. Nous pouvons rêver de changer de métier, par exemple, arguant que le nôtre est fatigant ou mal payé, mais au fond, c’est un problème de place dont nous souffrons, nous manquons de reconnaissance. En déplaçant le problème, nous nous trompons d’objectifs. Nous pourrions réfléchir à la façon d’obtenir davantage de valorisation avant de poster notre lettre de démission.

Evidemment, certains éléctrochocs autrement appelés tournants majeurs ou changements radicaux, sont tout à fait pertinents. Ils portent leurs fruits. Seulement, avouons-le, ils sont rarement engendrés par une décision, un choix, mais résultent plutôt d’un contexte, ou d’un hasard, suite au meilleur... ou au pire. La rencontre de l’âme sœur change tout. Un accident de la vie et celle-ci apparaît différente. Si nous vous souhaitons le premier, nous espérons que vous soyez à l’abri du second.

LA MÉTHODE DOUCE
Si vous voulez changer quelque chose dans une situation, vous avez le choix entre deux démarches, deux postures. Vous pouvez introduire le changement souhaité de manière radicale. Vous prenez une bonne résolution et vous vous y tenez. Mais nous venons de le voir, cette stratégie n’est pas totalement efficace. Pas garantie non plus. Très vite, nos vieilles habitudes reprennent le dessus, dès que notre motivation faiblit et que notre enthousiasme s’essouffle. Rappelez-vous, vous avez déjà expérimenté pareille désillusion dans votre vie.

Donc que faire ? Rien ? Vous n’êtes pas loin, car ce sont en effet des petits riens que vous allez saupoudrer ça et là dans votre vie. Changez de stratégie ! Et optez pour une méthode douce mais très efficace : celle des petits bonheurs, des petits plaisirs, des petits riens qui font toute la différence. Car ça, ça change tout aussi.

L’idée est d’introduire progressivement le changement. De faire de tout petits pas, jour après jour, un pied après l’autre. Cette stratégie alternative s’appelle le kaizen, une philosophie orientale parfaitement résumée par un adage de Lao Tseu : « Même un voyage de 1000 kilomètres commence par un premier pas. » Chez nous, elle est tout aussi parfaitement résumée par cette expression populaire « Doucement mais sûrement ».

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KESAKO, LE KAIZEN ?
Ce terme japonais est la fusion de deux mots kai (changement) et zen (bon). Dans la langue de Molière, on parle du concept d’« amélioration continue ». Cette méthode repose sur de petites améliorations qui, au bout du compte, permettent d’atteindre ses (plus grands) objectifs. Très développé dans le monde de l’entreprise, ce processus repose sur l’implication, la réflexion et la force de propositions des employés : chacun apporte sa mini pierre à l’édifice.
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Et vous allez bientôt apporter la vôtre, ou plutôt les vôtres, à votre édifice personnel : votre vie ! Car le kaizen est une façon de penser et d’agir qui marche pour tout : des travaux d’embellissement de votre chez-vous à votre développement personnel. L’idée est vraiment d’y aller mollo : on commence par repeindre son entrée (car une entrée, c’est petit et rarement encombrée) avant de s’atteler aux moulures du salon (beaucoup plus compliquées). De la même façon, si l’on veut apaiser et son corps et son esprit, on se promet d’apprendre à mieux respirer au quotidien avant de s’inscrire à un stage de méditation pendant 15 jours. On franchit des étapes et non le chemin d’une traite.

Pourquoi ça marche ?
• Parce que c’est simple et peu coûteux. C’est une méthode que vous pouvez adopter et adapter à votre quotidien. Elle demande peu de moyens, peu de temps, peu d’énergie et peu d’argent.

• Parce que ça ne traumatise rien ni personne ! Vous sortez de votre zone de confort, de vos habitudes, en douceur. Vous vous laissez le temps d’apprivoiser les changements et de vous familiariser avec ses conséquences. Le cerveau crée de nouveaux automatismes, vous développez de nouvelles façons d’être, de penser, d’agir, de parler qui portent leurs fruits progressivement. Et vous épargnez vos proches, qui, eux aussi, s’habituent sans heurts.

• C’est bon pour le moral. Et excellent pour la motivation et la confiance. Vous récoltez ce que vous semez ! Chaque jour, vous pouvez constater vos progrès et vous féliciter de vos efforts. Si vous avancez d’un pas, même minime, vous pouvez regarder en arrière et voir le chemin parcouru.

• C’est le meilleur moyen de ne pas vous tromper. En fonction des résultats, vous pouvez continuer, adapter, interrompre ou réaménager le processus. En quittant le monde fantasmatique des exigences, vous vous donnez les moyens d’agir concrètement et d’être en phase avec vous-même, en accord avec vos valeurs, vos désirs mais aussi vos fragilités et vos peurs.

Pour vous aider, nous avons rigoureusement sélectionné des idées toutes simples pour mettre du bonheur et de la légèreté dans la vie. Inspiré de ce fameux kaizen japonais et des small steps qui ont fait leur preuve outre-Atlantique, notre projet – et bientôt le vôtre – est donc d’y aller doucement mais sûrement. Cet ouvrage vous propose 60 petits pas pour changer. Pour vous réconcilier avec votre corps, pour apaiser votre esprit, pour embellir votre quotidien, pour enrichir votre couple et vos relations et pour améliorer votre vie professionnelle.
Votre premier petit pas consiste à tourner la page...

 

Aurore Aimelet


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