Imaginons - le visible et l'inconscient

Imaginons - le visible et l'inconscient

Quelle place accorder aux images dans la vie psychique et, plus précisément, dans le processus analytique ? Comment utiliser l'espace de la cure s'il nous faut le considérer non plus seulement comme un champ structuré par le langage mais aussi traversé et bouleversé par des images visuelles réfractaires à tout vocabulaire ? Dans cet ouvrage richement illustré, Domenico Chianese et Andreina Fontana, psychanalystes, membres de la Société psychanalytique italienne (SPI), nous invitent à un voyage dans le monde des images. Ils revisitent les mouvements telluriques qui ont agité l’Europe, et dont Freud, Warburg, Buckhardt, Benjamin, Nietzsche furent témoins, sismographes, les visionnaires d’une culture en rupture.

À partir de Freud, en compagnie d'auteurs comme Lacan, Bion, Winnicott, Aulagnier, Pontalis, Merleau-Ponty ou Foucault, mais surtout en se laissant guider par Didi-Huberman, dans l'univers iconique d'Aby Warburg, ils associent librement leurs idées et leurs lectures, et plaident en faveur d'un tournant iconique au sein de la pensée psychanalytique.

Imaginons, c’est le livre de l’homme ouvert à une pensée imageante et qui, par le défilement de l’image en mouvement, actualise un espace-temps sans se soucier de la modélisation de la linguistique, bien qu’il n’ignore pas les rapports qu’entretiennent la psychanalyse et les sciences du langage. Par une relecture de L’interprétation du rêve, les concepts de « pensée-du-rêve » et de « travail-du-rêve » permettent aux deux auteurs de remettre à jour la notion de « figurabilité » pour penser l’image dans la psychanalyse et revisiter la deuxième topique, où la représentation de mot n’est pas le seul modèle, la seule forme de pensée. Effectivement, la parole et l’image sont indistincts dans l’inconscient. Le figurable est ainsi revu à travers la référence à Sara et César Bottela qui, dans La Figurabilité psychique (Inpress, 2007), ont centré leurs recherches sur l’hallucinatoire, spontané et permanent de l’inconscient, le sexuel primordial, la régression et la régrédience.

Une telle référence à l’image, c’est-à-dire à un symbolisme primaire, actualise le travail de l’infantile (et la capacité transformatrice structurante de celui-ci), offrant à la séance d’analyse un tout autre espace : un espace scénique, un espace transitionnel, un chiasme. Au sein de celui-ci, analyste et patient pourront tous deux se dépouiller des acquis « civilisés, individuels, construits » (Bion) et ouvrir la voie à une régression vers l’état de dépendance à l’objet primaire ancré dans une réalité matérielle en voie de formation.


Imaginons. Le visible et l'inconscient
Traduit de l'italien par Sébastien Smirou
Publié avec le concours du Centre national du Livre
176 pages • 36 € • format 220 x 270 mm • illustré

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