Alzheimer : premiers signes : que faire ?

 

La maladie d’Alzheimer est compliquée à détecter : elle ne se manifeste pas de la même façon chez toutes les personnes atteintes et, surtout, peut être confondue avec d’autres maladies. Perte de mémoire et troubles cognitifs ne sont pas toujours synonymes d’Alzhei- mer. Voici quelques repères pour vous y retrouver.

La maladie d’Alzheimer est compliquée à détecter : elle ne se manifeste pas de la même façon chez toutes les personnes atteintes et, surtout, peut être confondue avec d’autres maladies. Perte de mémoire et troubles cognitifs ne sont pas toujours synonymes d’Alzhei- mer. Voici quelques repères pour vous y retrouver.

Les symptômes qui doivent alerter
• Les signes que vous repérerez peut-être en premier
Perte de mémoire, déambulation, difficultés à effectuer certains gestes... On a tous en tête quelques symptômes connus pour être révélateurs de la maladie d’Alzheimer. Pour autant, ce ne sont pas forcément les premiers changements que vous allez repérer chez votre proche. En fait, il se peut que ces premières alertes ne vous mettent absolument pas la puce à l’oreille quant à cette pathologie. « Bien souvent, pour cacher (et se cacher) qu’elle ne sait plus faire certaines choses, la personne malade va masquer ce manque par un changement de comportement, explique Judith Mollard, chef de projet au sein de l’association France Alzheimer. Un cas typique : sa mémoire défaillant, cette personne peut se mélanger dans les jours de sortie des poubelles, par exemple. Au lieu de l’admettre, elle peut devenir presque agressive et arguer qu’il n’y a pas de raison que ce soit elle qui sorte toujours les poubelles. Ce sont de petits changements comme ça, un proche qui devient plus facilement irritable, une relation tendue, etc., qui peuvent alerter en premier. »

Pas évident, au premier abord, de se dire qu’il s’agit peut-être d’une maladie neurodégénérative. C’est pourquoi il ne faut pas hésiter à en parler à son médecin traitant ou à un professionnel de santé qui, lui, saura vous aider à y voir plus clair.

• Confusions mentales, oublis et absences
La maladie d’Alzheimer est due à une dégénérescence des neurones, ces cellules du cerveau qui permettent de transmettre et de comprendre les informations qui nous arrivent de l’extérieur. Au début de la maladie, ces neurones se trouvent progressivement endommagés. Les symptômes peuvent être différents selon les zones du cerveau touchées en premier, mais l’on note généralement un ensemble de signes concordants d’un malade à l’autre.

¬ Les défaillances de la mémoire à court terme constituent l’un des tout premiers signes de la maladie. En effet, la mémoire tend à disparaître « à rebours ». Les événements les plus récents sont oubliés en premier, tandis que les plus anciens resteront beaucoup plus longtemps. Ainsi, dans les premiers mois, voire les premières années de la maladie, c’est cette incapacité à se souvenir des événements récents qui doit inquiéter. La personne malade peut oublier qu’elle a dîné avec tel ou tel ami la veille ou encore qu’un proche est récemment décédé. Si ces oublis se répètent régulièrement, il faut demander un avis médical.

Attention ! Oublier où l’on a garé sa voiture ou le prénom du nouveau stagiaire n’est pas un signe de la maladie. Cela nous arrive à tous plus ou moins régulièrement. Il s’agit là d’étourderie ou de surmenage, il n’y a pas d’inquiétude particulière à avoir.

¬La perte du sens de l’orientation fait également souvent partie des premiers symptômes. Brusquement, le malade ne parvient plus à se repérer dans sa propre maison, ne sait plus où il se trouve. Ces absences peuvent être très brèves, de l’ordre de quelques secon- des à quelques minutes. Puis tout rentre dans l’ordre comme si de rien n’était.

¬L’aphasie peut également se manifester dès les débuts de la maladie. La personne touchée ne trouve plus ses mots ou emploie un mot à la place d’un autre. Là encore, ce phénomène peut se répéter brièvement et de façon irrégulière. Il peut donc être difficile à repérer si l’on ne vit pas avec le malade.

¬ Une agnosie survient parfois : le malade voit un objet ou un visage mais ne parvient pas à le reconnaître ni à déterminer son utilité, dans le cas de l’objet. Parfois, il suffit de faire appel à un autre sens, tel que l’ouïe ou le toucher, pour que la personne reconnaisse à nouveau ce qu’elle voit. C’est ainsi que la voix peut permettre d’identifier des proches alors que le simple visage ne suffit pas.
¬La personne touchée par la maladie d’Alzheimer peut également avoir tendance à répéter des actions, des questions, des phrases... Comme sa mémoire immédiate est atteinte en premier, elle peut vous proposer dix fois de suite une tasse de café, ne se souvenant pas vous l’avoir demandé auparavant. Et il en est de même avec tous les gestes du quotidien : se laver, manger, etc.

• Des symptômes physiques ?

La maladie d’Alzheimer ne se manifeste généralement pas physiquement dans les premiers temps. Le patient ne montre aucun signe extérieur de la pathologie, ce qui la rend d’autant plus difficile à diagnostiquer.

Cependant, des difficultés pour effectuer certains gestes du quotidien peuvent apparaître, même si ce symptôme n’est généralement pas l’un des premiers. Le malade « désapprend » des gestes qui étaient devenus automatiques, tels que la conduite ou encore l’écriture. Le terme scientifique est l’apraxie.

• La dépression, symptôme d’Alzheimer ?

Une idée reçue voudrait que la dépression soit un symptôme de la maladie d’Alzheimer. Ce n’est pas tout à fait exact.

– D’une part, on confond souvent l’apathie, symptôme de la maladie, et la dépression. On dit d’une personne qu’elle est apathique lorsqu’elle semble imperméable à toute influence extérieure, qu’elle paraît sans éner- gie, sans motivation, sans envies. Il s’agit là de l’une des manifestations de la maladie : le sujet n’a plus goût à rien, il délaisse les activités qu’il pratiquait auparavant avec plaisir. Il ne s’agit pas de dépression, même si les signes peuvent en être confondus.

– D’autre part, la dépression peut effectivement survenir, mais elle est alors une conséquence de la maladie et non la maladie elle-même. Sentant ses capacités diminuer, devenue incapable de faire certaines choses automatiques auparavant, la personne malade peut sombrer dans la dépression. Et ce d’autant qu’elle n’en parle pas. En effet, « un bon nombre de personnes se rendent très bien compte que quelque chose ne va pas, parfois ont même une conscience aiguë de la diminution de leurs capacités, mais s’arrangent pour le cacher à l’entourage, voire à elles-mêmes », commente Judith Mollard, chargée de projet pour l’association France Alzheimer. Ce repli sur soi, doublé de l’incapacité d’effectuer des tâches du quotidien, peut donc engendrer un état dépressif.

• Ce n’est pas toujours Alzheimer !

Attention tout de même. La maladie d’Alzheimer a été si médiatisée ces dernières années qu’on a tendance à parler d’Alzheimer pour un tas de pathologies qui n’ont rien à voir avec cette maladie. Il existe de nombreux types de maladies de la mémoire. Beaucoup d’entre elles ont des conséquences plus ou moins graves, mais il ne s’agit pas pour autant d’un Alzheimer.

En outre, il n’est pas rare que la mémoire flanche un peu en vieillissant, sans qu’il s’agisse d’une maladie. Le simple manque « d’entraînement » provoque parfois, à long terme, une détérioration des capacités de mémorisation.


                                                                                          Mathilde Regnault

 

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