Expo : Sergen Şehitoğlu

Kill Memories

du 9 avril au 28 mai 2016

Expo : Sergen Şehitoğlu
South Africa #96, 2016, série GSV, photographie N&B sur papier Fine Art,
40 x 60 cm / 63 x 83 cm encadré, édition unique + 1 EA


Backslash est très heureuse d'annoncer la première exposition personnelle en France de l'artiste turc Sergen Şehitoğlu dont les deux séries de photographies présentées soulèvent la question du voyeurisme dans notre monde ultra-connecté, qu'il soit du fait des individus ou des multinationales de l'ère Internet. Le titre de l'exposition fait référence à l'inaltérabilité et la perpétuité des images que nous postons sur la toile. Que nous exposions nos vies de notre propre fait par le biais des réseaux sociaux, ou que les firmes du Web le fassent sans notre accord (Google Street), les images restent immuables et en ligne pour toujours.

La série « Kill Memories » présente un ensemble de portraits d'une jeune femme dont Sergen Şehitoğlu capture le visage sur son écran d'ordinateur. Tel un rituel quasi obsessionnel, il se connecte tous les jours sur le site de charme de cette dernière. L'aléatoire joue un rôle prédominant puisque personne ne sait à quelle heure elle sera en ligne. Le voyeurisme est ici nuancé par le fait que cette jeune personne choisit elle-même de s'exposer aux yeux des autres. La scénographie choisie par Sergen Şehitoğlu transforme les murs de la galerie en écran d'ordinateur. Le spectateur prend ainsi la place quelque peu étrange du voyeur et de l'artiste.

La seconde série dévoile les dérives de Google Street. La Google Car se promène dans les rues et campagnes du monde entier et les mitraille de photos pour remplir sa base de données. Chaque image capture un moment de vie d'une ou plusieurs personnes. Est-ce légal, éthique ? Y a-t-il une jurisprudence sur cette activité ? L'artiste ne prend pas position. Il ne fait que montrer. Chaque photographie exposée dévoile l'ombre de la Google Car, comme une sorte d'espion de nos vies. Il s'agit de captures d'écran, tel un ready-made. Google a fait les images. L'aspect totalitariste de Google est contrebalancé par le fait que chacun d'entre nous utilise cette application dans sa vie de tous les jours. Des vidéos accompagnent la série. On peut notamment y apercevoir une femme pleurant dans une voiture, l'instant d'une vie privée dévoilé au monde entier et libre de droit.
Ces photographies en noir et blanc, encadrées et présentées d'une manière volontairement classique, se démarquent de la puissante entreprise américaine dont l'application est en couleurs et perturbent le rapport au temps et à l'espace.

Une dernière œuvre montre la frontière entre la Chine et la Corée du Nord, située sur le mont Paektu. Même le pays le plus fermé et isolé au monde, ne peut se dérober à Google.

L'exposition « Kill Memories » présente uniquement des œuvres réalisées à partir de captures d'écran et propose ainsi une réflexion sur la photographie contemporaine qui évolue en se délestant de l'appareil de prise de vue.

Né en 1980 à Istanbul, Sergen Şehitoğlu a étudié à l'université turque de photographie. Son travail a été exposé dans toute l'Europe et a fait l'objet de plusieurs publications monographiques.


Un catalogue de l'exposition est publié à cette occasion, avec une préface de Marianne Derrien, trilingue anglais / français / turc, 116 p., Editions Nilufer Şaşmazer & Espas, Istanbul, 2016

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