La sagesse de la nature, ou les bases du Régime Viking

Avant l’éruption du volcan islandais Eyjafjöll, en avril 2010, bon nombre de nos compatriotes ignoraient la position exacte de l’Islande sur la mappemonde. Le nuage de cendres est cependant rapidement arrivé dans notre espace aérien, bloquant tout trafic et clouant au sol les avions. Preuve que ce pays n’est pas bien loin. Un petit 3 heures de vol seulement ! Comme la Norvège, la Suède, le Danemark et la Finlande, à peine plus éloignés et pourtant curieusement méconnus : il n’est pas rare de situer Oslo au Danemark ou Copenhague en Finlande... Pourtant, ces pays, gardiens de la nature, emblèmes de la vie saine et simple, ont beau- coup à nous apprendre. Ils se sont même réunis pour mieux nous parler des bienfaits de leur alimentation et de leur mode de vie. Les chiffres et les statistiques parlent pour eux : longévité remarquable en bon état de santé, taux exceptionnellement bas de criminalité en tout genre, respect de la nature et des autres... les Nordiques n’ont pas fini de nous étonner.
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Avant l’éruption du volcan islandais Eyjafjöll, en avril 2010, bon nombre de nos compatriotes ignoraient la position exacte de l’Islande sur la mappemonde. Le nuage de cendres est cependant rapidement arrivé dans notre espace aérien, bloquant tout trafic et clouant au sol les avions. Preuve que ce pays n’est pas bien loin. Un petit 3 heures de vol seulement ! Comme la Norvège, la Suède, le Danemark et la Finlande, à peine plus éloignés et pourtant curieusement méconnus : il n’est pas rare de situer Oslo au Danemark ou Copenhague en Finlande... Pourtant, ces pays, gardiens de la nature, emblèmes de la vie saine et simple, ont beau- coup à nous apprendre. Ils se sont même réunis pour mieux nous parler des bienfaits de leur alimentation et de leur mode de vie. Les chiffres et les statistiques parlent pour eux : longévité remarquable en bon état de santé, taux exceptionnellement bas de criminalité en tout genre, respect de la nature et des autres... les Nordiques n’ont pas fini de nous étonner.

La sagesse de la nature, ou les bases du Régime Viking
Les scientifiques planchent enfin sur ce principe, de bon sens : la nature, pas si bête, ferait pousser les aliments adéquats à l’endroit adéquat. Il y aurait du « bon » à prendre au Sud comme au Nord, en Europe comme en Asie. En d’autres termes, pourquoi aller chercher à l’autre bout du monde (au Japon, en Crête, en Chine...) des aliments bons pour la santé, alors que l’on a aussi bien, et probablement plus adapté à nos besoins, juste sous la main ? De fait, gourmand, sain, de proximité, simple et naturel, riche en antioxydants, en fibres, en oméga 3 et en vitamine D, le Régime Viking cumule les avantages nutritionnels et gustatifs. Par ailleurs, pourquoi renoncer à son identité culinaire, basée sur le terroir, alors qu’elle aussi fonde notre bien-être et nos racines culturelles ? Enfin, sur un tout autre plan, comment justifier d’importer des antipodes, à grands frais financiers et écologiques, des légumes et huiles, alors que l’agriculteur ou le transformateur du coin en propose d’autres, largement aussi goûteux, nettement moins chers, et à l’impact écologique incomparablement moindre ?

Les scientifiques et les chefs cuisiniers nordiques se sont « alliés » dans cet objectif : faire profiter au plus grand nombre de l’excellence de leurs produits, végétaux comme animaux, de leur impact bénéfique majeur sur la santé, et de leur dextérité à les mettre en scène dans une assiette. Depuis quelques années, la jeune génération de chefs rafle toutes les récompenses gastronomiques les plus prestigieuses1.

La nouvelle cuisine nordique : une idée très populaire
En effet, en 2004, dans le cadre d’un manifeste, les jeunes chefs talentueux des pays nordiques, Noma2 en tête, ont décidé de promouvoir leur cuisine sous le quadruple signe de la fraîcheur, la pureté, la simplicité et le respect des saisons. Avec ces suppléments d’âme : des plats traditionnels mais revisités, et l’emploi d’aliments locaux, pour leurs exceptionnelles propriétés liées aux particularités géographiques et climatiques locales. Ainsi, dans cette région fort éloignée de l’équateur, le climat est surtout côtier, propice à une agriculture de qualité, associé à des courants océaniques chauds (Gulf Stream en particulier) et à des eaux non gelées, configuration idéale pour la pêche. Au fil des mois, le long et sombre hiver cède la place au non moins long été, aux jours avec une période « excessivement lumineuse », sans nuit ou presque : encore des particularités climatiques qui rendent la faune et la flore des pays nordiques uniques au monde. Les fées de la nutrition se sont indiscutablement penchées sur l’assiette des Nordiques afin de leur garantir une alimentation de qualité. Avec une vision bien plus large que celle que l’on connaît habituellement : bien-être animal dans les élevages, respect des paysages sauvages, intégration et « appropriation » des méthodes de cuisson douces et des « bons aliments » venus d’ailleurs, harmonisation raisonnée entre marchés locaux et nationaux, entre artisans, industriels et grande distribution, etc.

Un an plus tard, les divers pays nordiques, par le biais des ministères de la Pêche, de l’Agriculture et de l’Alimentation, apportaient massivement leur soutien pour développer cette « nouvelle cuisine », à la fois éthique (production locale), simple et délicieuse.

Si la démarche est, au départ, de mieux faire connaître les atouts nordiques (et qui les en blâmerait ?), le fond de la réflexion est désintéressé. En effet, loin de vouloir tout rapporter à eux, de tenter à toute force de nous vendre « leur région » et « leurs aliments », et loin d’ériger chaque aliment nordique en quasi-potion magique, les promoteurs de ce mouvement font, au contraire, passer ce message simple : partout dans le monde, il est possible (et souhaitable) de suivre le même chemin. À nous de mettre en valeur notre patrimoine culinaire local, régional ou national selon les mêmes principes. La seule condition : être conscient de la valeur de ce patrimoine, et ne pas ménager ses efforts pour le valoriser. Y compris au niveau individuel, vous et moi, dans notre cuisine. C’est ce qui fait l’immense force de ce mouvement : il n’a rien à voir avec une sorte de pacte de grands chefs élitistes drapés dans leur supériorité, c’est exactement l’inverse ! Porté par l’envie générale d’un retour aux aliments simples, vrais, naturels, inspiré par le désir de retrouver ses racines (sans pour autant abandonner ce que nous ont apporté d’autres nations ces dernières décennies), c’est un formidable manifeste pour le goût, la gourmandise, l’alimentation santé, le plaisir à table. En découlent une meilleure santé, un bien-être optimal, une silhouette que nous n’aurions jamais dû perdre, et que l’alimentation trop industrialisée et « mondialisée » nous a momentanément caché.

Le hygge, nouvelle grande tendance Viking
Plus largement, notre quête du bien-être grâce à la nature repose davantage sur la recherche d’un bonheur simple et sain que d’un fantasme autour de Robinson Crusoë. L’immense accueil fait au hygge, cet art de vivre à la danoise, depuis quelques années, le confirme : nous avons tous envie d’être des Vikings, mais 3.0. Que nous pro- posent les chercheurs spécialisés en « Régime Viking » ? De consommer des aliments simples, bons pour la santé, de saison, bio (ou les moins traités possible), bon marché, écologiques car ne venant pas de loin, et faciles à trouver. De composer des menus équilibrés en « bonnes protéines », « bons sucres » et « bons gras ». De cuisiner soi-même, gage d’anti-malbouffe et d’économies. De renouer avec la nature, d’où le respect des saisons. Et de manger ensemble, attablés, dans la joie et la bonne humeur, plutôt que chacun dans son coin, à n’importe quelle heure, avec pour seul objectif de se remplir le ventre. Du pur bon sens, en somme.

 

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