Professeur Michel Attal, hématologue : le Français leader de la recherche mondiale sur le myélome multiple

 

Prix Griffuel de la Fondation ARC
 recherche clinique et translationnelle


 
Professeur Michel Attal, hématologue :  le Français leader de la recherche mondiale sur le myélome multiple
 
 
PORTRAIT DU PROFESSEUR MICHEL ATTAL
Le professeur Michel Attal a réalisé toute sa carrière médicale et scientifique à Toulouse au sein du CHU Purpan, avant de devenir le directeur général de l’Institut Claudius Regaud en 2012. Après la fusion de Claudius Regaud avec le pôle oncologie du CHU de Toulouse en 2014, il est devenu directeur général de l’Institut Universitaire du Cancer Toulouse-Oncopole.

Ses travaux ont abouti à la publication de plus de 260 articles dans des revues scientifiques et font l’objet d’une reconnaissance internationale avec, notamment, l’attribution du Prix Waldenström en septembre 2015 par l’International Myeloma Society pour sa contribution majeure dans le domaine du myélome.
Le professeur Michel Attal a consacré sa carrière à la recherche clinique sur le myélome multiple, conduisant de nombreux essais randomisés qui ont eu un impact significatif sur la définition des traitements standards au niveau international. Michel Attal est le clinicien qui a le plus fait avancer la thérapeutique du myélome ces dernières années, permettant de faire du myélome une maladie chronique avec des espoirs de guérison.
 
L’OBJET DU PRIX, EN BREF
La Fondation ARC pour la recherche sur le cancer a récompensé le professeur Michel Attal pour sa contribution majeure dans le développement de nouvelles solutions thérapeutiques dans le myélome multiple. Ses recherches ont participé à l’amélioration du traitement et au changement radical du pronostic de la maladie : alors qu’elle était constamment mortelle dans les années 1980, avec une médiane de survie de 18 mois, aujourd’hui, près de 9 patients sur 10 sont en vie 5 ans après le diagnostic.
Le professeur Michel Attal est à l’origine de la création de l’Intergroupe Francophone Myélome (IFM). Ce groupe qui rassemble cliniciens et biologistes de France et de Belgique a largement contribué à cette accélération de la recherche, grâce à la mise en œuvred’essaiscliniquesde largeenvergureetàl’organisationderencontresscientifiques annuelles, favorisant les échanges et fertilisant les travaux. Les efforts conjugués de recherche de l‘IFM ont permis notamment de valider l’intérêt de l’autogreffe de cellules souches de moelle osseuse dans le traitement du myélome multiple dans les années 1990. Le dynamisme de l’IFM animé par le professeur Attal place la recherche française sur le myélome à la pointe de la recherche mondiale.
 
RAPPELS SUR LE MYÉLOME MULTIPLE
Le myélome multiple est une maladie de la moelle osseuse qui touche les plasmocytes – les cellules qui produisent les anticorps. Avec 5 000 nouveaux cas, chaque année, en France, c’est la plus fréquente des hémopathies malignes.

Le myélome multiple est caractérisé par une prolifération médullaire (au niveau de la moelle des os) de plasmocytes. Cette prolifération excessive se fait aux dépens des autres cellules sanguines, entraînant :
• Anémie (déficit en globules rouges) ; • Thrombopénie (déficit en plaquettes).
Par ailleurs la prolifération tumorale au niveau de la moelle peut entraîner des lésions osseuses très douloureuses.
Enfin, la production excessive d’anticorps, due au surnombre des plasmocytes, est à l’origine de dépôts sur différents organes pouvant causer :
• Insuffisance rénale ; • Cardiomyopathies ; • Neuropathies.
 
L’ÉQUIPE TOULOUSAINE AU CŒUR DE 25 ANS D’AMÉLIORATION CONSTANTE DES TRAITEMENTS
Jusqu’à la fin des années 1980, les seuls traitements du myélome multiple étaient des chimiothérapies classiques, assez peu efficaces, avec une survie limitée (18 mois) après le diagnostic. Les travaux menés par le professeur Michel Attal à Toulouse ont introduit puis amélioré de nouvelles séquences thérapeutiques qui ont radicalement changé le pronostic.
 
LE TRAVAIL SUR L’EFFET DOSE -RÉPONSE
« Nous savions que le melphalan utilisé pour traiter le myélome multiple, était beaucoup plus efficace pour tuer les plasmocytes, in vitro, à des doses supérieures à celles utilisées en clinique, explique Michel Attal. Or, la limite que l’on s’imposait à l’époque était liée au fait que, passée une certaine dose, le melphalan retentissait aussi sur la production normale des autres cellules sanguines.
Notre hypothèse a été la suivante : nous pouvions augmenter les doses de melphalan, à condition d’avoir recours à une autogreffe après le traitement, afin de restaurer une production normale des cellules sanguines ».
L’étude pilote conduite par Michel Attal sur une quarantaine de patients a apporté les premiers éléments de validation à cette hypothèse : l’association de l’autogreffe au melphalan, utilisé à haute dose était une piste prometteuse pour parvenir à traiter la maladie. Il s’est alors agi de convaincre la communauté des hématologues français et d’élargir les essais afin de conforter les premiers résultats obtenus par l’équipe toulousaine.
Les travaux de l’Intergroupe Francophone du Myélome organisé par Michel Attal ont permis, dès le milieu des années 1990, de définir un nouveau traitement de référence du myélome multiple reposant l’autogreffe associée au melphalan à haute dose.
Grâce à cette première étape, la médiane de survie est passée de 18 mois à 5 ans. La poursuite des recherches de Michel Attal s’est alors concentrée sur l’amélioration des différentes séquences de traitement.

AMÉLIORER CHAQUE PHASE DU TRAITEMENT POUR OPTIMISER SON EFFICACITÉ
Après cette première étape, les travaux de recherches de l’équipe du professeur Attal et de l’IFM se sont concentrés sur l’amélioration des différentes phases de traitement définissant une séquence d’intensification du traitement (Induction / greffe / consolidation et entretien) avec :
• dans un premier temps, l’introduction d’une phase d’induction, avant la greffe, qui a permis de réduire considérablement la masse tumorale ;
• dans un second temps, la démonstration que les traitements de consolidation et d’entretien conduits après la greffe permettaient d’augmenter le taux de réponse complète et d’améliorer significativement la survie à long terme.
LA DÉFINITION D’UN NOUVEAU STANDARD DE TRAITEMENT DU MYÉLOME AVEC L’ARRIVÉE DES NOUVELLES THÉRAPIES
Depuis les années 2000, de nouveaux médicaments (agents immunomodulateurs, inhibiteurs de protéasome, anticorps monoclonaux) sont venus bouleverser le traitement du myélome. L’association de ces nouveaux médicaments permettant d’obtenir des résultats remarquables, assez proches de ceux obtenus avec les anciennes séquences d’intensification, il était important de savoir si à l’ère de ces nouvelles thérapies, l’autogreffe restait justifiée. Le professeur Attal, avec l’IFM a conduit un large essai randomisé en collaboration avec de nombreux centres américains pour répondre à cette question. Les résultats viennent d’être présentés à la Société américaine d’hématologie en décembre 2015. La réponse est claire : la greffe utilisée en association avec ces nouvelles thérapies doit devenir le nouveau traitement de référence du myélome. De plus dans cet essai, 1 patient sur 2 voit disparaître toute cellule tumorale. Ce constat a pu être fait grâce à l’utilisation d’une nouvelle technique de détection très sensible faisant appel au séquençage de nouvelle génération. Ce sont 87 % des patients ainsi traités qui restent sans aucun signe de maladie à 5 ans : « cela laisse espérer des guérisons dans cette maladie réputée incurable », projette le chercheur.
 
SUR LA FONDATION ARC POUR LA RECHERCHE SUR LE CANCER
Grâce à son expertise scientifique et à sa capacité à mobiliser les plus grands experts français et internationaux, la Fondation ARC joue un rôle prépondérant dans la recherche sur le cancer, avec pour objectif de parvenir à guérir 2 cancers sur 3 dans 10 ans.

En France et à l’international, la Fondation ARC identifie, sélectionne et met en œuvre les programmes de recherche les plus prometteurs à travers des actions couvrant l’ensemble des champs de la cancérologie : recherche fondamentale, translationnelle et clinique, épidémiologie, sciences humaines et sociales. Guidée par l’intérêt général, la Fondation ARC est un catalyseur pour fédérer les acteurs et aiguiller la recherche jusqu’au développement d’applications efficaces au bénéfice des patients.

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