Les herbes médicinales en Chine

Pendant des milliers d’années, les herbes médicinales ont joué un rôle très important en médecine chinoise. Bien qu’on ait critiqué le caractère non scientifique de leur emploi, elles se sont montrées efficaces là où la médecine occidentale a complètement échoué.


Pendant des milliers d’années, les herbes médicinales ont joué un rôle très important en médecine chinoise. Bien qu’on ait critiqué le caractère non scientifique de leur emploi, elles se sont montrées efficaces là où la médecine occidentale a complètement échoué.

Ce sont justement ces résultats qui lui ont permis de regagner l’estime de la communauté scientifique.

Aujourd’hui, en République de Chine, la médecine traditionnelle chinoise et la médecine moderne occidentale ont le même statut.

a) Les fondateurs
On dit que les premiers herboristes sont apparus à l’époque de l’empereur légendaire Shennong (dates traditionnelles, 2737-2698 av. J.-C.), l’inventeur des premières techniques agricoles. Selon la légende, Shennong aurait écrit un classique sur les herbes médicinales après en avoir expérimenté plus de 100 espèces et après s’être empoisonné 70 fois par jour. Cet ouvrage classe les herbes médicinales en trois catégories : longévité, nutrition et soins.

Après Shennong, Houang-ti (le légendaire Empereur Jaune, dates traditionnelles : 2697-2597 av. J.-C.) a aussi apporté sa contribution à la médecine chinoise.

Le Nei King, un ouvrage classique sur les herbes médicinales, aurait été écrit d’après l’enseignement de l’empereur et de l’un de ses aides.

C’est aussi un livre important pour la recherche sur les bases phi- losophiques de la médecine traditionnelle chinoise.

Ainsi donc, depuis la dynastie Tcheou (1122-256 av. J.-C.), la Chine a une médecine très structurée avec des médecins spécialisés dans le diagnostic, le traitement des maladies courantes, l’alimentation et les maladies vétérinaires. Les plus connus sont assurément Pien Ts’io et Houa T’o.

Selon la tradition, Pien Ts’io, qui a vécu à l’époque des Royaumes combattants (403-221 av. J.-C.), aurait réussi à ramener à la vie le prince de Kouo grâce à l’acuponcture et à d’autres traitement appropriés. C’est pourquoi il est considéré comme le « père de l’acuponcture ». Pien Ts’io est aussi l’auteur d’une méthode de diagnos- tic en 4 temps : observation, examen des odeurs, interrogatoire du malade et prise des pouls.

Ce diagnostic en quatre temps est toujours en usage aujourd’hui. En observant la peau, la langue, les lèvres, les dents, les oreilles et les yeux du malade, en auscultant sa respiration, en prenant ses pouls et en l’interrogeant sur ses sensations, le médecin peut faire un diagnostic avec précision.
Houa T’o, chirurgien de la fin de la dynastie Han (206 av. J.-C.-220 ap. J.-C.), est non moins fameux pour avoir pratiqué l’anesthésie au cours de 5 opérations.

Un autre classique très important est le Pen Ts’o Kang Mou (Traité des plantes médicinales) qui répertorie un millier de plantes et animaux sensés avoir une valeur médicinale. Cet ouvrage fut compilé par Li-Che-tchen sous la dynastie Ming (1368-1644). Un autre ouvrage, le Yi Lin Kai Ts’o (Correction des erreurs de médecine) qui fut rédigé par Wang Ts’ing-jen, fut publié sous la dynastie Ts’ing (1644-1911). L’auteur a passé 42 ans à étudier des cadavres pour faire une description précise de l’anatomie de l’homme.

b) Changement de rôles
L’histoire montre que la médecine traditionnelle chinoise s’est développée à partir de la pratique sans faire de théorie, ce qui l’a empêchée de progresser. D’autre part, les classiques sont écrits d’une manière si obscure qu’il est parfois assez difficile de comprendre certains termes utilisés.
Pour accroître la difficulté, les descriptions anatomiques de ces livres n’étaient pas exactes, et les herboristes manquaient de qualifications. Il n’est donc pas étonnant que la médecine occidentale, lorsqu’elle apparut en Chine, ait éclipsé la médecine traditionnelle.

En 1929, un nouveau coup lui fut porté, quand M. Yü Yen pro- posa que la pratique de la médecine herboristique traditionnelle soit interdite pour « éliminer les obstacles au progrès de l’administration de la santé publique du pays ». Quand la nouvelle fut connue, des protestations s’élevèrent notamment à Shanghai. Les représentants de l’Association des médecins herboristes de la ville présentèrent leurs doléances au gouvernement central à Nankin.

Mais, il fallut attendre 1943 pour que le gouvernement promulgue une nouvelle loi sur les pratiques médicales et que le statut des médecins herboristes soit protégé.

Depuis lors, les médecins pratiquant la médecine occidentale ou chinoise jouissent du même statut.

Aujourd’hui, à Taiwan, il y a près de 2 000 praticiens en médecine herboristique chinoise, 7 000 herboristes et 300 fabricants.

Les portations de matières premières s’élèvent chaque année à 5 millions de dollars. On dit que certaines herboristeries de Taïpeh font un chiffre d’affaires de 100 000 yuan par jour.

c) Les herbes médicinales
La médecine herboriste chinoise est très riche. On estime à plus de 5 000 les remèdes obtenus. Les mille médicaments les plus consommés sont vendus en pilules, poudres, onguents, capsules ou sous forme liquide.

Les médicaments sont divisés en 4 catégories : les rois, les ministres, les serviteurs et les messagers. Le roi est bien sûr le médicament de base, le serviteur élimine les effets secondaires, le ministre active l’action du « roi », et le messager agit comme catalyseur. Les médicaments occidentaux combinent rarement toutes ces qualités ; c’est pourquoi des médecins aux États-Unis, au Japon et en Allemagne étudient l’efficacité de la médecine herboriste chinoise.

d) Recherche et enseignement
A Taiwan, la recherche et l’enseignement de la médecine herboriste chinoise sont encouragés dans des établissements spécialisés, comme le Comité de médecine et de pharmacie chinoises de l’Office national de la Santé, l’École de médecine de Chine, l’hôpital général des Vétérans, l’Université nationale de Taiwan, l’École de médecine de Kaohsiung, et le centre médical de la Défense nationale.
Entrée en service en juillet 1958, l’École de médecine de Chine de Taichung forme des médecins herboristes depuis plus de 20 ans. Pendant leurs 7 ans d’études à l’université, les étudiants doivent obtenir 337 crédits de cours théoriques et pratiques en médecine occidentale et chinoise.

À présent, l’École supérieure pour les sciences médicales chinoises est divisée en 6 départements : étude des classiques et de l’histoire de la médecine chinoise, anatomie et pathologie, diagnostic, remèdes et pharmacie, acuponcture et chiropraxie, et enfin, prévention. Par la réédition d’ouvrages classiques sur les herbes médicinales et l’approfondissement des connaissances sur les traitements traditionnels chinois, elle s’efforce de redonner à la médecine chinoise la place qui est la sienne.
L’École supérieure de médecine chinoise de Taichung fait des recherches systématiques pour remettre cette science à jour. En plus des recherches sur la définition, l’analyse et le contrôle de la qualité des produits utilisés, elle a décidé d’entreprendre d’urgence la modernisation des herboristeries. Après avoir suivi les cours obligatoires et avoir réussi leurs examens, les étudiants reçoivent un diplôme de maîtrise, le plus élevé dans ce domaine en République de Chine.

e) L’hôpital de médecine chinoise
L’École de médecine de Chine s’est agrandie d’un établissement hospitalier en novembre 1980 pour permettre aux étudiants de mettre en pratique leurs connaissances. Situé en face du parc Chung- cheng, cet hôpital blanc de 8 étages est divisé en deux départements, l’un chinois et l’autre occidental.
Au sous-sol se trouve l’herboristerie et au rez-de-chaussée la pharmacie occidentale. Il y a 11 services de médecine occidentale (médecine générale, chirurgie, pédiatrie, obstétrique et gynécologie, oto-rhino-laryngologie, dermatologie, orthopédie, urologie, laboratoire clinique, radiologie et ophtalmologie), alors qu’en médecine chinoise, il y a 5 services (médecine générale, gynécologie, acuponcture, pédiatrie et chirurgie plastique).

 

Marcel Bernadet

 

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