Être enceinte et végé, est-ce bien sérieux ?

Bien que nous vivions dans le pays du saucisson et du foie gras, le pays d’Obélix et de ses sangliers rôtis qui ont fait saliver des générations, force est de constater que le mouvement végétarien, et plus récemment le mouvement végan, ont pris ces dernières années un essor considérable en France et que cette tendance ne cesse d’augmenter. De plus en plus de personnes font le choix de ce mode de vie largement influencé par la culture anglo-saxonne et les mouvements de protection animale. Les divers scandales alimentaires, en particulier la fameuse crise de la vache folle, ont joué leur rôle dans cette prise de conscience progressive. Malgré tout, les mythes ont la dent dure et beaucoup de confu- sion perdure autour de la notion de végétarisme. Quel végétarien n’a jamais entendu la fameuse phrase : « Tu es végétarien, donc tu manges du poisson ? »
© Editions Terre Vivante

 


Tordre le cou aux idées reçues
Bien que nous vivions dans le pays du saucisson et du foie gras, le pays d’Obélix et de ses sangliers rôtis qui ont fait saliver des générations, force est de constater que le mouvement végétarien, et plus récemment le mouvement végan, ont pris ces dernières années un essor considérable en France et que cette tendance ne cesse d’augmenter. De plus en plus de personnes font le choix de ce mode de vie largement influencé par la culture anglo-saxonne et les mouvements de protection animale. Les divers scandales alimentaires, en particulier la fameuse crise de la vache folle, ont joué leur rôle dans cette prise de conscience progressive. Malgré tout, les mythes ont la dent dure et beaucoup de confu- sion perdure autour de la notion de végétarisme. Quel végétarien n’a jamais entendu la fameuse phrase : « Tu es végétarien, donc tu manges du poisson ? »

Sous le signe du V
Afin de bien savoir de quoi nous parlons, quelques petites définitions méritent donc qu’on prenne le temps de les rappeler.

Végétariens
La définition du végétarien est très simple : c’est celui qui ne mange AUCUN animal. À moins d’avoir des connaissances très faibles en zoo- logie, on peut avec certitude classer les poissons dans le règne animal, n’en déplaise à ces restaurateurs qui, parfois, vous affirment avec un aplomb déconcertant en vous regardant droit dans les yeux : « Si, si, je vous assure, les végétariens ne mangent pas de viande mais ils mangent du poisson ! Vous confondez avec les végétaliens ! – Ah, OK, je vois que vous savez mieux que moi ce que je suis, c’est assez pratique, c’est d’ac- cord alors, je prendrai le tartare de saumon, merci. Et merci de m’avoir ouvert les yeux, je pensais qu’en tant que végétarienne je ne pouvais pas manger de poisson mais maintenant que je sais que je peux... »
Bon, on reprend tout depuis le début : végétarien = pas d’animaux morts (ou vivants !) dans l’assiette, c’est simple, non ? Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le dictionnaire de la langue française !

Végétaliens
Les végétaliens ne mangent pas non plus de viande ni de poisson bien entendu, mais ils refusent aussi de consommer tous les produits d’ori- gine animale, à savoir les produits laitiers, les œufs et le miel. Le végéta- lisme, tout comme le végétarisme, est un terme qui désigne essentiellement un régime alimentaire, c’est pourquoi est apparue récemment en France la notion de véganisme qui, bien qu’il s’agisse techniquement de la même chose en ce qui concerne la nutrition, s’inscrit dans une pensée plus large.

Végans
Le véganisme provient du mot anglais veganism et désigne un mouve- ment dont la définition nous a été donnée en 1951 par la Vegan Society, en rupture avec la Vegetarian Society : « Le véganisme est la doctrine selon laquelle les humains doivent vivre sans exploiter les animaux. » Loin donc d’être uniquement un mode alimentaire, le véganisme est aussi une pensée et un mode de vie. Il est sous-tendu par une idéolo- gie : l’antispécisme. Pour les végans, le spécisme est la dernière frontière du racisme. Ils prônent une égalité de droits entre les hommes et les animaux. En plus d’adopter un régime végétalien, les végans s’opposent à toute forme d’exploitation animale – et cela a des implications dans un grand nombre des domaines de la consommation et de la vie de tous les jours. Ainsi, ils ne portent ni n’utilisent de cuir ou de laine. Par ailleurs, ils sont opposés aux tests sur les animaux, à l’utilisation des animaux dans les cirques et pour le divertissement, au dressage des chiens guides, etc.
Dans la réalité, les frontières entre ces différentes « étiquettes » sont mouvantes et nombre de végétariens sont, eux aussi, opposés aux cirques avec animaux et évitent de porter du cuir... Il existe dans le fond toute sorte de végés très différents les uns des autres. Pourtant, dans la grande majorité des cas, une chose les relie : le souci de cet autre qu’est l’animal et le refus de le voir souffrir. Les bénéfices pour la santé, bien qu’ils soient réels et non négligeables, sont rarement la motivation pre- mière. Ils sont en quelque sorte la cerise sur le gâteau !

Tu es sûre que tu ne manques pas de...
Protéines
Vous vous souvenez peut-être de la fameuse pyramide de l’alimentation apprise à l’école, dans laquelle chaque catégorie d’aliments est repré- sentée par un petit dessin. Dans cette pyramide, il y a toujours une case illustrée par des œufs, un poisson ainsi qu’un beau steak saignant, ces aliments formant ensemble la catégorie « protéines ». On comprend donc facilement pourquoi, dans la tête de l’écrasante majorité d’entre nous, aujourd’hui, protéines = produits animaux. Et ceci, bien qu’il y ait davantage de protéines dans le tofu ou les haricots secs... On ne peut pas vraiment en vouloir aux enseignants, ils ont simplement été de « bons élèves » qui ont bien écouté ce qu’on leur apprenait à l’école. Malheureusement, ce type de raccourci, relayé puissamment par les industriels et les publicitaires, a contribué à installer des croyances tenaces qu’il est encore difficile de combattre. C’est la raison pour la- quelle on me demande toujours : « Mais comment fais-tu pour les pro- téines ? Où les trouves-tu ? Tu dois bien en manquer ! »
Il me semble nécessaire de donner ici quelques explications sur les protéines. Elles sont composées d’acides aminés, que l’on peut com- parer aux maillons d’une chaîne. Ce sont ces acides aminés que nous recherchons lorsque nous consommons des aliments riches en proté- ines. Nous avons besoin d’acides aminés pour vivre. Notre organisme a la capacité d’en composer la plupart à partir de l’alimentation. Mais il en existe 9 qui sont qualifiés d’essentiels car nous ne savons pas les fabriquer. Il faut donc impérativement qu’ils soient présents dans ce que nous mangeons. Nous touchons au premier point que je voudrais souligner : tous les acides aminés essentiels sont présents dans les végétaux !

À retenir
Pour être certaine de ne jamais manquer des 9 acides aminés essentiels, voici quelques aliments végétaux particulièrement riches : l’amarante, le sarrasin, les graines de chia, de lin ou de chanvre, l’avoine, le quinoa, la spiruline et le soja.
Dans les milieux végétariens, on a longtemps relayé l’idée que les végé- taux étaient déficients en certains acides aminés et que par conséquent, il fallait veiller à associer certaines céréales et certaines légumineuses au cours d’un même repas pour avoir une alimentation complète. C’est ce que l’on a appelé la « complémentation », et c’est ce que j’ai pratiqué pendant des années2. Or aujourd’hui, nous savons que la complémen- tation est un mythe : « Non seulement les végétaux contiennent assez de protéines pour couvrir nos besoins, mais tout acide aminé essentiel y est bien présent3. »

À retenir
Un régime à base de végétaux est susceptible de fournir TOUS les nutriments dont le corps a besoin (excepté la vitamine B12, j’y reviendrai plus loin). Eh non, la viande n’est pas indispensable !

C’est une très bonne nouvelle car nous savons à présent qu’il n’est pas utile de planifier ses repas outre mesure quand on est végé. Il suffit de manger varié, c’est-à-dire de suivre la seule recommandation diététique qui vaut pour tous les régimes alimentaires !
Un autre point à connaître est que les protéines ne sont pas un nutri- ment que le corps est capable de stocker, ce qui signifie qu’une consom- mation excessive a différentes conséquences (équilibre et acidité san- guine, fonctions rénales...). La surconsommation de protéines concerne la majorité des personnes pratiquant le régime occidental traditionnel.
Nous vivons dans une culture et une époque où les protéines sont consommées en excès. Cela n’a pas été toujours le cas lorsque les pé- riodes de « disette », parfois de famine, n’étaient pas rares ou lorsque la misère extrême ne permettait pas de se nourrir. Ces épisodes ont marqué la mémoire des générations précédentes, ce qui explique sans doute en partie notre peur du manque. En vérité, aujourd’hui, il paraît difficile de manquer de protéines tant les aliments que nous consommons en contiennent,
y compris les céréales et les légumes ! Alors, quel est le bon dosage ? Bien entendu, le taux de protéines est variable d’un aliment à l’autre, mais vous serez sans doute surpris d’apprendre les quan- tités réelles dont votre corps a besoin. Un aliment riche en protéines par jour (tofu, tempeh, seitan, haricots ou œuf pour les végétariens4), consommé au cours d’un repas composé grossièrement d’un quart de ces aliments très riches en pro- téines, un quart de céréales et une moitié de légumes frais est suffisant. Les autres repas peuvent se décliner sur une base de 50 % de céréales pour 50 % de légumes frais. En suivant ces règles simples, vous consom- merez toutes les protéines nécessaires. Pas besoin d’être méticuleux sur les quantités, ces proportions sont des repères fiables pour vous
aider à manger équilibré.

Ce que disent les scientifiques
Avant toute chose, il convient de bien distinguer le « manger végé » et le « manger équilibré », ce sont deux problématiques qui se recoupent, certes, mais qui demeurent bien distinctes. En effet, si l’on ne se nour- rissait que de pommes de terre et de fromage, on serait végétarien, sans pour autant avoir une alimentation saine. De la même manière, un omnivore mangeant très peu de viande peut être en bonne santé. Cependant, force est de constater que, bien souvent, les végétariens sont plus attentifs à la qualité de leur alimentation et ont une meilleure santé. C’est en tout cas ce que mettent en évidence plusieurs études internationales d’envergure, et le nombre de ces études ne cesse de croître ces dernières années...

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Disponible le 13 mai 2016 – 160 pages – 19 € – Collection Conseils d’expert – Éditions Terre vivante
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Être enceinte et végé, est-ce bien sérieux ?