Ceux qui ont fait la France : Clovis


Un chef cruel
466-511

Clovis est un chef de guerre cruel mais calculateur. Son ambition est démesurée. Il n’hésite pas à faire tuer les siens au service de son pouvoir. Grégoire de Tours cite 9 de ses parents qu’il fait tuer ou exécute de sa main !

Fils du chef d’une tribu installée dans la région de Tournai, Clovis Ier est, à 15 ans, en 481, « hissé sur le pavois » – ainsi les Francs désignent- ils le chef qu’ils se sont choisi. Il attaque les Romains de Syagrius, les bat à Soissons en 486, et prend toutes les places qu’ils possèdent en Gaule. En 493, il épouse Clotilde, une chrétienne, fille d’un ancien roi des Bourguignons qui a été massacré avec sa famille, sauf les filles, par son frère. Le cas est alors fréquent ; pour régler les problèmes de succession, on élimine l’adversaire, frère ou proche parent.

L’Église obtient, parfois, que le perdant de ces partages familiaux soit seulement tonsuré et enfermé dans un monastère. Les filles, selon les lois saliques, ne pouvant hériter, risquent moins le poignard. Soit elles sont reléguées dans un couvent, soit elles sont invitées à partager la couche du vainqueur, comme concubines ou épouses.

Clotilde a-t-elle vraiment poussé son mari au baptême, ou cet oppor- tuniste a-t-il compris qu’en se faisant le défenseur des chrétiens, il pourrait assouvir ses ambitions territoriales avec l’appui des évêques et du peuple gallo-romain ? Les évêques, alors, ne sont pas seulement des chefs religieux, mais aussi des magistrats civils. Ils rendent la justice, entretiennent routes et aqueducs, s’occupent de l’approvision- nement des populations.

Durant la bataille de Tolbiac (près de Cologne), Clovis, dont les troupes piétinent, marchande avec le Très-Haut une victoire contre une conversion : le roi des Alamans est opportunément tué et ses troupes se débandent... Et Clovis, le jour de Noël 496 (la date est contestée), se fait baptiser par saint Rémi. La tradition du sacre à Reims des rois de France, qui reçoivent leur pouvoir de Dieu, vient d’être instituée et perdurera jusqu’à Charles X.

Chrétien sincère ou pas, Clovis est un cynique, un cruel, un impi- toyable et un grand roi. Son sceptre est une hache, sa vie une suite de tueries. Il a fait exécuter le patrice romain Syagrius, son premier vaincu. Il tue de ses mains Alaric II, le roi des Wisigoths, qui occupent tout le pays de la rive gauche de la Loire jusqu’aux Pyrénées, en 507, durant la bataille de Vouillé, près de Poitiers, et fait massacrer toute l’armée en fuite, y compris les Gallo-Romains auxquels il doit sa victoire, qui n’ont pas voulu l’affronter, car depuis son baptême il est chrétien, comme eux !

De la Garonne à la Loire, du Rhin à la Seine, Clovis, établi à Paris, est le maître, n’hésitant pas à faire assassiner ou à tuer de sa main ses frères d’armes et les membres de sa famille qui pourraient lui disputer le pouvoir. Sur la fin de sa vie, lors d’un banquet, il se reproche publiquement d’avoir exterminé ses proches et demande s’il lui reste des parents. L’un de ses neveux, ému, se fait reconnaître. Il est tué le soir même ! Clovis meurt à Paris en 511, à 45 ans.

 

Bertrand Galimard Flavigny

 


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