BLOOD, SWEAT AND TEARS

 

Pas un bruit dans les rues de la capitale britannique, étrangement on s’entend respirer. Une ville entière dans le silence. Puis, sur les pavés, vient le crépitement, le martellement des sabots des chevaux qui tirent le cercueil de celui qu’on surnomme le Vieux Lion, enveloppé dans l’Union Jack, le drapeau national, et posé sur des fûts de canons. Un million et plus de Britanniques sont massés sur le parcours des funérailles de Winston Churchill,

Pas un bruit dans les rues de la capitale britannique, étrangement on s’entend respirer. Une ville entière dans le silence. Puis, sur les pavés, vient le crépitement, le martellement des sabots des chevaux qui tirent le cercueil de celui qu’on surnomme le Vieux Lion, enveloppé dans l’Union Jack, le drapeau national, et posé sur des fûts de canons. Un million et plus de Britanniques sont massés sur le parcours des funérailles de Winston Churchill, ce petit matin gris du 30 janvier 1965. Silence respectueux, total, ponctué d’abord par la grande cloche de Big Ben, puis par les 90 coups de canons, un par année de la vie de l’homme illustre, le son d’un seul tambour, le claquement des bottes de 100 membres de la Royal Navy. De Westminster Hall jusqu’à la cathédrale Saint-Paul dont les grandes orgues jouent la Marche funèbre de Haendel. Avant les coups de feu de la Royal Artillery devant la Tour de Londres et un défilé aérien de 16 avions de combat de la Royal Air Force.

Sabots, bottes, canons, avions, orgues. Mais rien n’est plus fort que ces sanglots ininterrompus dans la foule tout le long du cortège, Fleet Street, Downing Street, Trafalgar Square...

Envoyé spécial d’une radio périphérique, je marche entre les Londoniens qui pleurent et les chevaux qui avancent cérémonieusement. Et j’enregistre tous ces sons. Auparavant, pendant plus d’une semaine, j’avais attendu, avec d’autres reporters, devant la demeure de l’homme politique, au 28 Hyde Park Gate, quartier des jardins de Kensington, pour informer sur l’état de sa santé. Jusqu’à sa mort, le 24 janvier 1965. J’avais noté que les jeunes voisins et passants n’étaient pas spécialement émus, contrairement à leurs aînés. L’Empire britannique n’était qu’un lointain souvenir, les bombes du Blitz nazi sur la ville faisaient partie de leurs livres d’histoire de lycéens, la Grande-Bretagne de leurs parents était devenue économiquement la petite Angleterre. Et, surtout, cette année-là, en 1965, Help sera chanté par les Beatles et Satisfaction par les Rolling Stones. Sans parler des hits des Moody Blues, Kinks, Hollies, Spencer Davis Group, Troggs et autres Animals. La brit pop music venue de Liverpool et Manchester et les minijupes du Swinging London de Carnaby Street avaient vu fleurir une nouvelle génération. Bientôt, un fameux groupe américain de jazz- rock s’appellera Blood, Sweat & Tears...

François Jouffa

 

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Perles de Churchill