Les grillons ont de la "fuite" dans les idées...

Découverte d’un nouveau système
de communication


Lebinthus luae (Singapour)
© Ming-Kai Tan

 Découvrir un nouveau système de communication chez les animaux est peu commun pour le monde scientifique. Mais il est aussi très rare de démontrer qu’un système de communication entre mâles et femelles dérive de circuits sensoriels initialement utilisés par l’espèce dans un contexte d'évitement des prédateurs… C’est pourtant ce que vient de démontrer une équipe internationale constituée de chercheurs de l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (Muséum national d’Histoire naturelle/ CNRS/UPMC/EPHE), du Dartmouth College et de l’Université de Cambridge dans la revue Current Biology.
 
Chez les grillons ordinaires, le chant du mâle, émis à basses fréquences (2-8 kHz), attire les femelles, tandis que des sons à hautes fréquences (>10 kHz), assimilés à des signaux de chauves-souris prédatrices, provoquent chez les femelles un réflexe de fuite. Mais les mâles de certaines espèces de grillons (Eneopterinae, Lebinthini) ont néanmoins développé des chants
aux fréquences exceptionnellement élevées (12-30 kHz) qui ne provoquent ni la fuite, ni l’approche des femelles ; celles-ci, devenues sourdes aux sons basses fréquences, répondent aux chants hautes fréquences en émettant des vibrations permettant aux mâles de les localiser.
 
Un exemple extraordinaire de plus dans l’histoire de l’évolution des organismes : « faire du neuf avec du vieux » en récupérant des circuits neuronaux pour une nouvelle fonction.
 
Référence : ter Hofstede, H., Schöneich, S., Robillard, T., Hedwig, B. (2015). Evolution of a communication system by sensory exploitation of startle behavior. Current Biology, in press.