Le zoroastrisme, une spiritualité d’une singulière modernité




L’égalité des hommes et des femmes a été soulignée à maintes reprises dans les Gathas, et réalisée dans l’histoire de la Perse antique par l’avènement au pouvoir de femmes. Préserver la pureté de l’eau, de la terre, de l’air et du feu est un autre précepte des adeptes de cette religion, décidément très écologique. Ainsi, aucun mal ne doit être commis à l’encontre des animaux, leur sacrifice étant considéré comme un crime des hommes à leur égard. Si l’air, l’eau et la terre sont les éléments divins qui existent sans le concours de l’être humain, il n’en va pas de même pour le feu qui a besoin du concours de l’homme pour être entretenu et continuer d’exister. C’est pourquoi les zoroastriens vénèrent plus que tout le feu sacré, qui exprime au mieux le véhicule de communication qui existe entre Ahuramazda – Dieu – et les hommes. Cette doctrine met aussi l’accent sur l’importance de la rétribution du fruit des actions et, de ce fait, rejette toute idée de paresse, de vie aux crochets d’autrui, ou encore de vol. Chacun doit vivre de ses efforts afin de pouvoir bénéficier de la récolte du fruit de ses propres actions. Zoroastre aurait condamné les rites et les sacrifices traditionnels offerts aux dieux dans le culte mazdéen antérieur. Il aurait également proscrit l’idolâtrie, l’adoration de la pierre ou de tout lieu construit, car la maison de Dieu n’est pas celle construite par l’homme : elle est le cœur et l’esprit de ce dernier. Enfin, aucune oppression ne peut être admise à l’égard des hommes et, si nécessaire, il faut se soulever pour l’éliminer. L’esclavage et la soumission de l’être humain sont donc complètement rejetés dans cette doctrine. Tout cela nous permet de souligner qu’en dépit de sa quasi-extinction, le zoroastrisme nous semble une religion très moderne en suggérant une relation sans intermédiaire avec l’au-delà et en donnant la primauté au libre arbitre et à la responsabilité individuelle, chacun devant assumer les conséquences de ses actes. Toutes ces notions étaient assez révolutionnaires à l’époque où le zoroastrisme apparu.


En définitive, le changement des mœurs auquel les zoroastriens aspirent, ils travaillent à l’obtenir au quotidien par la droiture de leur conduite ainsi que par la justesse et la bienveillance de leurs actes. Peut-être faut-il voir dans les hautes aspirations de cette religion méconnue les racines d’une influence qui a largement débordé celles des spiritualités pour influencer la philosophie occidentale. Comme en témoignent les références que l’on peut y trouver chez Platon, Plutarque, Pythagore, Aristote, mais aussi Montaigne, Érasme, Voltaire, ou encore Goethe, Hegel et Nietzsche, et même Karl Marx. À noter que le dualisme reposant sur la bataille entre le bien et le mal, la lumière et les ténèbres que l’on prête au zoroastrisme est très présent dans l’islam chiite duodécimain, la religion en vigueur dans l’Iran moderne. On peut également souligner qu’en dépit de la confidentialité actuelle de cette religion, les préceptes communément attribués à Zoroastre sur la morale collective et les liens qui attachent les hommes entre eux sont tout à fait d’actualité. Enfin, et c’est ce qui est paradoxal, cette religion est quasiment éteinte, alors qu’elle semble avoir eu influence significative sur les autres religions monothéistes. C’est pourquoi il nous a semblé enrichissant de nous y intéresser, d’autant plus que les Parsis semblent avoir conservé, avec peu d’altérations, les enseignements et préceptes que l’on prête à Zoroastre.

Christophe Queruau Lamerie     
                                                                              

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