L’alliance du peuple d’Israël avec son Dieu et les Tables de la loi



Moïse, de son côté, se tenait toujours à l’écart, recherchant dans la solitude la réponse à ses interrogations. Une nouvelle, fois une voix la lui donna :
« Serviteur Moïse tu portes en ton cœur des questions et des doutes auxquels tu ne peux trouver toi-même une solution, car tu n’exerces pas encore tes fonctions comme tu le devrais. Si le peuple d’Israël avait été parfait, comme tu le souhaites, je ne t’aurais pas choisi comme berger. Tu dois dompter un troupeau sauvage et le conduire vers de verts pâturages... Montre-leur avec une infatigable patience que tu veux leur donner de l’amour. Si tu doutes d’Israël tu doutes aussi de moi. La justice te guidera dorénavant en toutes tes actions... Tu donneras au peuple d’Israël des lois qui lui serviront de ligne de conduite. Prie avec le peuple pour qu’il reçoive les Commandements que je veux lui donner. Je veux faire une alliance avec le peuple d’Israël... Pendant trois jours vous devez veiller à vous purifier, alors tu entendras ma voix sur le mont Sinaï. Sois le juge et le conseiller du peuple durant cette période afin qu’il puisse te confesser ses péchés et que tu le juges en conséquence6 ».

C’est ce que va faire Moïse avec bienveillance, comme un père, en écoutant inlassablement les gens se plaindre ou s’accuser, et en prononçant ses jugements avec une profonde conviction et une infaillible intuition.

Le troisième jour, Moïse gravit le mont Sinaï tandis que la nature tremblait sous la pression de la lumière. Au sommet, alors qu’une indicible félicité le comblait, le Seigneur lui parla par le truchement de Ses serviteurs. Ceux-ci lui transmirent les commandements de Dieu destinés à guider le peuple d’Israël jusqu’au jour du Jugement dernier, afin qu’Il puisse fonder sur lui son Royaume de mille ans. Ces injonctions renfermaient en elles le salut du monde, et dans leur perfection elles pouvaient faciliter l’existence de l’humanité au quotidien. Avec sollici- tude, il lui fut donné des explications avec chacune des paroles qui lui furent transmises. Sans elles, un être humain aurait été incapable de concevoir la simple grandeur telle qu’elle avait été donnée au travers elles. C’est pourquoi Moïse resta longtemps sur la montagne ; il y grava aussi les commandements sur des tables de pierre ainsi que leur interprétation. Ouvrant ainsi, dans le recueillement, son âme à la pureté, il travaillait pour Israël.

Entre-temps, les enfants d’Israël avaient dressé leur camp en vue d’un séjour prolongé au pied du mont Sinaï. Au début, leur joie était grande, mais à mesure que le temps passait, leur intérêt diminua. Puis Moïse se faisant attendre, le mécontentement recommença à gronder, laissant Aaron d’autant plus désemparé qu’il craignait les dangers que réservait l’inconnu. Si Moïse avait disparu, Aaron voulait persuader les hommes de se fixer là. Car selon lui, puisque leur Dieu était parti avec le prophète, ils ne pouvaient quitter ce lieu sans être protégés par un nouveau dieu. C’est pourquoi ils devaient en créer un eux-mêmes, sur lequel ils fonderaient leur puissance nouvelle. À cette fin, et poussé par son ambition, il déclara qu’il était indispensable qu’il soit désormais reconnu par le peuple comme son chef absolu. Il fut vainement interrompu par le jeune Josué qui était non seulement sûr du retour prochain de Moïse, mais aussi convaincu que le Dieu de leurs pères était toujours avec eux. En dépit de ses protestations, Aaron fit amasser l’or que possédaient les Hébreux et, avec la dixième partie de ce qui avait été recueilli, fit ériger une idole. Quant au reste, il le mit de côté pour affirmer ultérieurement sa puissance extérieure. En fait, Aaron voulait devenir roi d’Israël et il projetait de faire de son peuple une bande de brigands qui s’approprieraient les biens d’autrui. L’idole serait donc le symbole de son pouvoir et devrait lui conférer la puissance terrestre.

L’éducation du peuple d’Israël
et son arrivée au pays de Canaan
C’est dans cette atmosphère que Moïse, de retour, trouva son peuple en train de se livrer à une danse effrénée autour de l’idole. Ayant écarté Aaron, il brisa les Tables de la loi contre un rocher et s’en retourna dans sa tente où il trouva un jeune homme, Josué, qui lui raconta ce qui était advenu. Constatant une nouvelle fois que son frère portait la plus grande part de responsabilité dans la déviance de son peuple, le prophète nomma Josué et le considéra désormais comme son fil pour le préparer à sa succession. Ensemble, ils écrivirent à nouveau les commandements, puis les expliquèrent à leur peuple. Sur cette impulsion, Moïse créa un véritable État avec des lois précises dont les transgressions seraient fermement punies. Il nomma des juges qu’il initia en tout afin de veiller à l’application des lois. En fait, le voyage vers la Terre promise aurait pu être plus court, mais Moïse le pro- longea plusieurs années, à dessein, afin de permettre au peuple d’Israël de s’habituer aux lois grâce à une sévère discipline. Il lui était en effet plus facile, dans l’isolement du désert, de le tenir en main et de l’éduquer. Le prophète donna donc aux Hébreux tout ce dont ils avaient besoin pour leur ascension, tandis que, par son exemple, il les stimula et les ennoblit. Tout cela lui permit de rendre l’âme en paix, sa main dans celle de Josué lorsque la mort se présenta à lui à la frontière du pays de Canaan.

 

Christophe Queruau Lamerie     
                                                                              

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