La symbolique de la maladie

 

Le mal – et tout ce qui lui est associé (maladie, mauvaise humeur, mauvais état d’esprit, mauvais environnement, etc.) – nous renvoie à notre compréhension du monde. Cette perception est binaire, opposant le bien et le mal, et l’ensemble de la société adhère à cette vision. Chacun veut se définir comme étant du côté du bien, et préfère voir le mal chez son voisin.


Le mal – et tout ce qui lui est associé (maladie, mauvaise humeur, mauvais état d’esprit, mauvais environnement, etc.) – nous renvoie à notre compréhension du monde. Cette perception est binaire, opposant le bien et le mal, et l’ensemble de la société adhère à cette vision. Chacun veut se définir comme étant du côté du bien, et préfère voir le mal chez son voisin.

Aussi allons-nous approfondir ce fonctionnement pour bien en comprendre les limites, afin de ne plus tomber dans ce vieux piège qui a pollué la médecine jusqu’à nos jours.

a. Une représentation duelle
Nous pouvons difficilement appréhender cette dualité sans passer par la représentation humaine, censée être « à l’image de Dieu ». Aussi, comme celle-ci est une trinité, nous pouvons décliner le mal sur trois niveaux.

• Le binôme douceur/douleur du corps physique
Le domaine du physique est géré par le cerveau reptilien à partir des sensations ressenties par le corps. Ainsi, la dualité se focalise sur la distinction entre « ce qui est agréable » et « ce qui ne l’est pas ». Cette distinction se fait par l’intermédiaire des cinq sens : toucher, odorat, vue, ouïe, goût. Une personne peut souffrir lorsqu’elle blesse son corps, voit quelque chose de laid, entend un son discordant, sent une odeur nauséabonde, avale un aliment trop pimenté, etc. Le corps se souvient d’un événement traumatisant, et la persistance de la douleur indique qu’il reste une information à traiter. La souffrance nous éveille à un problème, ce qui nous permet de réagir. Si j’ai une douleur au pied, je vais remarquer que j’ai une épine enfoncée dans l’orteil, et je vais l’enlever.

• Le binôme attraction/répulsion de la zone émotionnelle
Nous entrons dans le domaine de l’affect. Là aussi, l’existence du ressenti émotionnel nous protège : si nous nous trouvons face à un animal dangereux et vindicatif, notre corps émotionnel va le percevoir à distance et va nous alerter. Cette distinction se réalise par la sphère émotionnelle grâce au système d’attraction/répulsion, mais la différentiation devient plus subtile. Nous sommes aussi dans la notion du « j’aime / je n’aime pas ». Une chose attirante est aimée, une chose repoussante est détestée. Nous percevons bien que ces notions deviennent plus subjectives. Si tout le monde s’entend pour admettre qu’une douleur du corps fait partie du « mal », que dire de l’appréciation portée sur un individu ? Nous trouverons autant d’attractions que de répulsions. Il en est de même pour les ambiances : certains apprécieront le calme d’une forêt de montagne, d’autres la chaleur de la jungle, et ces avis ne se discutent pas !

• Le binôme bien/mal de la sphère mentale
Nous voici dans le jugement du mental. C’est là que se joue le fameux classement entre « bien » et « mal ». Logiquement, cette notion évolue suivant l’âge de l’individu, sa conscience, son éducation, sa morale, son milieu socioculturel, etc. Ainsi, une chose jugée « mal » à sept ans peut devenir « bien » à quarante, et une chose appréciée au Moyen Âge peut être jugée négativement quelques siècles plus tard. Il devient très difficile de s’y retrouver. De plus, la différentiation et le jugement vont être grandement accentués par le mental « diviseur ».


Exemple : L’odeur d’une décharge vient heurter nos narines. Aussitôt, notre corps émotionnel se rétracte, manifeste son désaccord, et le mental pose un jugement sans appel : « Cela sent mauvais ! » Mais, direz-vous, c’est vrai que cela sent mauvais. Pourtant, une autre personne ne pourrait-elle pas s’en accommoder ? Nous n’avons pas tous les mêmes critères d’évaluation.

Autre exemple : Nous nous promenons. Une averse survient et nous mouille. Jugement du mental : « Quel sale temps ! » Il ne s’agit pourtant pas d’un « sale temps », mais plutôt d’une expérience désagréable qui nous a énervés, peut-être parce que nous nous reprochons d’avoir été négligents en oubliant notre parapluie. Auquel cas, nous avons touché une culpabilité et la rejetons inconsciemment sur la météo.


Nous voyons que le jugement du mental va souvent cacher d’autres dimensions moins « avouables », telles que cette culpabilité, puisqu’elle est au centre du jugement bien/mal. Alors, pourquoi avoir besoin de porter ce jugement négatif en permanence ? Si nous observons une journée normale, nous constaterons qu’un nombre incalculable de phénomènes sont classés dans le « mal » : la nuit qui vient de s’écouler, la météo, les informations, les rencontres, les ambiances, les collègues, etc.
Pourquoi ?

Or, c’est ce qui va arriver lorsque nous serons malades. Le mal est entré, selon notre croyance enfantine limitée, et nous n’imaginons pas qu’il puisse venir de l’intérieur. Nous n’acceptons pas la maladie et ses messages parce que nous ne voulons pas voir le mal – ou la face d’ombre – dans notre intériorité. Tout le mécanisme du système médical se met en place à partir de ce simple fonctionnement. Si le patient ne veut pas voir sa face d’ombre, le thérapeute sera obligé d’aller la chercher ailleurs et de trouver des causes extérieures comme les virus, les bactéries, les polluants, etc.

Attention, nous ne voulons pas dire qu’il n’y a pas de causes externes ! Nous soulignons juste que le thérapeute ignorera les facteurs internes, se concentrant sur les facteurs externes et cherchant à les faire disparaître.

Dans les soins « psy », nous retrouvons la même logique. Pourtant, nous cherchons apparemment des causes internes. Mais vite, les explications dérivent vers des facteurs externes. Ainsi, untel expliquera son sale caractère par le fait que ses parents lui ont fait subir telle chose, un autre donnera du sens à sa problématique de santé en disant que c’est la même que celle de la grand-mère, etc. En psychiatrie, on ramènera les causes à un dysfonctionnement du cerveau qui deviendra le facteur externe, indépendant de l’individu. Quand on ne peut plus trouver d’ex- plications extérieures à la personne, on accuse l’organe : « C’est le foie, c’est le poumon ». Et lorsque cette dernière solution ne peut pas s’appliquer, on donnera un nom à la maladie, ce nom devenant « la cause », même si cette projection n’a plus aucun sens, puisqu’il n’y a ni facteurs externes ni facteurs internes avérés !

Une étude américaine récente arrive à la conclusion que deux tiers des cancers sont dus à des « mutations génétiques aléatoires ». Que veulent dire ces chercheurs ? Tout simplement, ils constatent que seul un tiers des cancers trouve une explication par des facteurs génétiques ou par un environnement défavorable (toxines, mauvaise hygiène de vie). Par soustraction, le hasard serait donc l’explication des deux tiers restants ! La conclusion de cette étude parle donc implicitement de la « fatalité » comme facteur réellement explicatif. Évidemment, d’autres médecines objecteront que ces deux tiers « inexplicables » pourraient être élucidés par des facteurs psychoémotionnels, non pris en compte dans la réalisation de cette étude. Encore faut-il prouver, dans la logique dite scientifique, que ces facteurs psychoémotionnels sont la cause des mutations génétiques aléatoires constatées.

Autre exemple : on utilise maintenant le terme de « maladies orphelines » pour désigner des cas délaissés par la recherche médicale. Symboliquement, ce sont donc des maladies qui n’ont « ni père ni mère ». Elles n’ont plus de géniteurs, comme si elles apparaissaient sans cause. C’est ainsi que nous voyons en consultation de plus en plus de personnes qui nous informent d’emblée être atteintes d’une maladie rare1, dont le nom, autant incompréhensible qu’obscur, est censé désigner le problème. En vérité, ce nom rassure le système autant que le patient. Nommer le mal donne un peu d’espoir, car le mal est identifié, mais hélas, il n’y a pas de traitement à ces maladies rares. Ni le malade ni la médecine ne peuvent en faire grand-chose, car le mal apparaît sans cause. Cette évolution récente montre l’impasse dans laquelle nous nous trouvons.

Alors, nous pouvons nous poser la question de savoir si la maladie reflète un autre symbole que celui de la dualité bien/mal.

b. Une représentation globale
Tout ce que nous avons vu auparavant nous conduit à penser que les phénomènes peuvent avoir une cause interne ou externe. Est-il possible de concevoir qu’il ne s’agisse que d’une seule et même manifestation, et que celui qui « attrape » un virus avait bien en lui au préalable un espace vide pour le loger ?

Nous devons alors changer de perception et arriver à voir le phénomène comme le produit d’un ensemble, c’est-à-dire d’une interaction permanente entre l’intérieur et l’extérieur. Ainsi, tout phénomène, décrit forcément par nos sens et par notre langage en termes de dualité, devra être traduit par une représentation unique, comme si la manifestation externe et la manifestation interne coopéraient pour créer une réalité.

D’ailleurs, beaucoup de recherches montrent cette étrange coopération dans le mécanisme du vivant. Par exemple, il existe une forme d’« entente » entre les microbes de notre flore intestinale et les fonctions organiques de notre intestin. Une infection ne survient que lorsque cette entente est rompue. Mais par quoi ? Souvent par des facteurs externes (comme une mauvaise alimen- tation) accompagnés de facteurs psychoémotionnels, c’est-à-dire internes à l’individu.

Brice, jeune adolescent, fait une allergie au gluten. Quelqu’un lui fait remarquer que le gluten sert à « coller ». « Qu’est-ce que tu voudrais recoller ? »
Aussitôt, Brice voit le divorce de ses parents, séparation douloureuse et conflictuelle qui date de quelques années. Il prend conscience de son désir de recoller le couple des parents. Or, il sait qu’il doit faire ce deuil et renoncer. Son allergie disparaîtra progressivement par cette simple prise de conscience.

L’allergie au gluten constitue un facteur externe visible, mais ce dernier est indissociable d’un facteur interne : accepter la séparation du couple des parents.

Nous devrions décrire les maladies de cette façon. Elles porteraient alors un langage accessible permettant de comprendre les facteurs internes et externes d’un seul bloc. C’est là que, les mots se révélant insuffisants, il est nécessaire d’utiliser le symbole.

Nous pouvons illustrer ce cheminement de la manière suivante : la maladie est comme un iceberg, avec une partie visible (les facteurs conscients), et une partie invisible (les facteurs inconscients). Lorsqu’un malade est traité, c’est comme si nous enlevions la partie visible de l’iceberg. Aussitôt, la masse restante se soulève et reforme une autre partie visible. C’est le principe des métastases et des rechutes.

Dans cette logique, ce n’est que lorsque nous aurons ôté toute la masse, après de multiples soins, que le phénomène cessera. Aussi, le rôle du thérapeute est-il d’aller chercher les racines des causes au plus profond. Et pour ce faire, il doit s’intéresser autant aux manifestations visibles (les symptômes) qu’aux manifestations invisibles (les causes internes).

Pour illustrer l’union entre les facteurs externes et les facteurs internes, voici la représentation visuelle d’un parasitage énergétique sur une personne.

Il n’est pas besoin d’expliquer plus longtemps que le facteur invasif (le parasite énergétique) et le facteur interne (le vide accueillant) représentent une union. Nous rejoignons le symbole : le parasite énergétique n’est pas un intrus à chasser. Il devient la pièce invisible du puzzle qui nous permet de voir que le personnage a besoin d’un phénomène extérieur à lui pour combler un vide inconscient. Et tant que ce personnage n’est pas capable de remplir cet espace par sa propre conscience, il aura besoin de ce « mal » pour vivre « entier ». Inconsciemment, cette ombre fait partie de lui et vient le compléter.

Si nous acceptons cette vision dans tous les domaines de la vie, notre perception des manifestations change complètement ! Il n’y a plus de dualité, mais juste un jeu permanent entre les polarités (le yin et le yang) qui cherchent par tous les moyens à se réunir.

Maintenant, cette vision soulève une question fondamentale : « Pour quoi faire ? » Si nous admettons que toute la manifestation de la vie et de l’univers est conçue ainsi, et qu’il ne s’agit que de deux polarités qui s’expriment partout en permanence, reste la question de la manifestation du mal-être. Après tout, nous pourrions exprimer uniquement du bonheur ? Pourquoi la maladie ?

À ce stade de notre réflexion, nous devons nous tourner vers le sens fondamental du « mal ». Force est de constater que la douleur nous éveille à notre corps.

Et plus notre conscience grandit, plus nous remplissons des espaces en nous et autour de nous, jusqu’à remplir un jour l’univers tout entier (c’est la vision des mystiques). Alors, le mal n’aura plus aucune raison d’exister.

Une douleur dans le corps, comme une épine dans le pied, attire notre attention et nous oblige à agir pour y remédier. Une rétractation de notre corps émotionnel nous prévient que quelque chose de désagréable risque d’arriver. Nous pouvons alors nous éloigner pour l’éviter. Une évaluation négative de notre mental agit de même. Grâce aux expériences qu’il a assimilées et aux connaissances qu’il a acquises, notre cerveau est là pour nous prévenir des situations fâcheuses. 

 
Gandy Rose & Gilles

 

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La médecine symbolique