Expérience de mort imminente : ils ont été transformés

Après avoir écouté Donna me faire le terrible récit de la nuit où elle avait failli mourir, j’essayais maintenant de savoir si elle avait vu sa personnalité se transformer au cours des trois années qui s’étaient écoulées depuis son expérience de mort imminente.
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« Il vaut la peine de mourir pour découvrir ce qu’est la vie. »
                                              T. S. Eliot.

« Sincèrement, docteur Morse, je ne crois pas que cette expérience ait changé quoi que ce soit chez moi. »

Après avoir écouté Donna me faire le terrible récit de la nuit où elle avait failli mourir, j’essayais maintenant de savoir si elle avait vu sa personnalité se transformer au cours des trois années qui s’étaient écoulées depuis son expérience de mort imminente.

Bien que son histoire fût semblable aux centaines d’autres cas de NDE qui m’ont été rapportés depuis cinq ans, mon sang se glaçait en entendant Donna me la raconter sur un ton aussi neutre.

À l’âge de 12 ans, la jeune fille avait été victime d’une pneumonie aiguë. Pensant lutter contre la maladie par simple médication, son médecin avait autorisé Donna à rester chez elle. Il lui avait prescrit les soins classiques en pareil cas : absorption de médicaments et de nombreux liquides, et cure de repos. C’est exactement ce à quoi Donna se conformait le fameux soir où la situation tourna au pire et failli s’avérer fatale.

Donna explique qu’elle était en train de regarder la télévision, allongée sur le divan, chez elle, à Cincinnati, Ohio, lorsqu’elle éprouva soudain des difficultés respiratoires. Elle essaya de ne pas y penser et se concentra sur le mélodrame bruyant qui se déroulait à l’écran. Tout à coup, elle eut la sensation qu’une bande métallique avait enserré sa poitrine, bloquant radicalement sa respiration.
Donna appela sa mère en hurlant.

Le spectacle auquel celle-ci fut confrontée en entrant dans la pièce devait être alarmant, car elle saisit sa fille et l’entraîna au- dehors, afin qu’elle puisse prendre l’air. Donna se retrouva donc en train de parcourir la cour à quatre pattes, suffoquant dans la nuit froide de l’hiver. Mais ses poumons se resserraient, rendant toute respiration impossible. La mère de Donna réagit très rapidement. Elle précipita sa fille dans la voiture et prit à toute vitesse la direction de l’hôpital. La dernière chose que Donna entendit fut la voix de sa mère qui hurlait son prénom. Puis la réalité changea radicalement :
« Je me souviens avoir vu une lumière. Elle éveillait ma curiosité, et je me sentais attirée par elle. Elle ressemblait à la lumière d’un flash : blanche dorée et extrêmement intense.

Tout à coup, des mains sont parvenues jusqu’à moi et j’ai vu mes grands- parents. Ces mains et mes grands-parents ne faisaient pas seulement partie de la lumière, ils étaient la lumière. Il y avait des centaines de mains, il y en avait partout. On aurait dit des sculptures grecques, et elles me faisaient des signes en direction de mes grands-parents qui étaient morts depuis plusieurs années.
J’ai communiqué avec mes grands-parents, mais sans leur dire quoi que ce soit. Je ne me rappelle même pas avoir pensé. Mais j’étais bien là, avec eux, tandis qu’ils parlaient. Que m’ont-ils dit ?... Que j’avais résolu la plupart de mes problèmes et pouvais maintenant choisir l’une ou l’autre voie. C’est-à-dire, rester avec eux dans la lumière ou réintégrer mon corps. C’était à moi de prendre cette décision, et je n’étais pas obligée à tout prix de rester avec eux. »

Donna ne se souvient pas avoir pris de décision, mais elle revint à la vie. Et c’est à une pénible réalité médicale qu’elle se vit confrontée à son retour. Le médecin qui s’occupait d’elle à l’hôpital déclara que son « hallucination » avait été causée par des drogues. Comme il ne lui en avait donné aucune, il voulut savoir quel type de substances elle prenait par elle-même.
Sa pédiatre fit la même déclaration. Lorsque Donna et sa mère lui racontèrent l’expérience de la lumière que la jeune fille avait vécue, elle répondit qu’elle devait être due à l’absorption d’hallucinogènes. « Ou alors, ajouta la pédiatre, vous êtes en train de dire que vous avez fait une expérience de mort imminente ! »

Après avoir entendu l’histoire de Donna, je songeai que c’était exactement ce qui s’était produit. De toute évidence, on y retrouvait nombre d’éléments caractéristiques des NDE tels que nous, chercheurs en cette matière, les avons identifiés. Elle était passée d’une douleur intense à une sensation de paix et de bien-être. Elle avait été submergée par une lumière irradiant l’amour, qui l’avait attirée à elle. Elle avait vu des êtres de lumière – en l’occurrence, ses grands-parents décédés –, qui l’avaient réconfortée en lui disant que tout allait bien. Elle s’était trouvée face à une alternative : réintégrer son corps (dont elle n’avait plus aucune conscience pendant l’expérience) ou demeurer dans la lumière avec ses grands-parents. Et maintenant, symptôme officieux, elle était confrontée à l’incrédulité des médecins qui essayaient de lui dire que cette expérience ne lui était pas réellement arrivée. En bref, ils lui demandaient d’en nier la réalité.

C’est à ce stade que j’entrai en jeu. J’assistais à une conférence médicale, lorsqu’un collègue me présenta Donna. Elle avait lu mon précédent ouvrage, Des enfants dans la Lumière de l’Au-Delà1, et souhaitait parler avec un représentant du corps médical capable de « comprendre ».

De fait, je compris parfaitement sa situation. Ayant discuté de leur NDE avec des centaines d’enfants et d’adultes, je connais le scepticisme auquel ils se trouvent confrontés de la part de nombreux médecins qui ont du mal à admettre que les encyclopédies médicales n’expliquent pas tout.

Mes entretiens avec une pluralité d’expérienceurs m’avaient également amené à croire la chose suivante : tous avaient été transformés par cette expérience de la lumière. Cette notion-là n’est pas nouvelle ; simplement, aucune étude systématique, étayée par des contrôles fiables permettant d’en vérifier le bien-fondé, n’a jusqu’alors été menée.

Certains chercheurs ont même été jusqu’à déclarer qu’on ne pouvait avoir eu de « véritable » NDE si l’on n’en sortait pas transformé. Selon Phyllis Atwater, par exemple, l’observation de répercussions à la suite d’une nDE est la preuve de son authenticité.

Chez mes propres patients, j’ai constaté que cette transformation prenait des formes multiples. Certains témoins sont devenus beaucoup plus aimants et soucieux de leur prochain. D’autres ont acquis une intelligence prodigieuse dans des domaines auxquels ils ne connaissaient absolument rien auparavant. D’autres encore ont même purement et simplement développé des facultés psi, devenant capables de déchiffrer l’avenir grâce à leurs rêves ou de prédire intuitivement certains événements de manière très précise.

Mais pour combien de temps ? Certaines personnes qui ont vu un proche succomber à un cancer du poumon affirment souvent avoir été transformées par cette expérience et avoir cessé de fumer. Mais quand on les interroge quelques mois plus tard, elles ont recommencé.

Combien de temps durent les transformations qui affectent les expérienceurs ?
Bien qu’aucune étude permettant de les observer objectivement n’ait été menée, j’avais, au travers de mes propres recherches, acquis la certitude que toute personne ayant vécu une NDE en revenait transformée d’une manière ou d’une autre.
C’est pourquoi j’avais posé à Donna la question suivante :
« Alors, en quoi cette expérience a-t-elle changé ta vie ? »
Et j’avais été stupéfait par sa réponse :
« Honnêtement, docteur Morse, je ne crois pas que cette expérience ait changé quoi que ce soit chez moi. »
J’entrepris d’approfondir mon enquête.

« Peut-être as-tu de meilleures relations avec tes parents ?
– Pas vraiment. nos relations ont toujours été très bonnes.
– Peut-être as-tu davantage de facilités à l’école », suggérai-je.
Elle réfléchit quelques secondes, puis secoua la tête : « non.
– Tu dois être meilleure en maths ? – Pas du tout », me répondit-elle.
Je me montrai patient, sachant que, souvent, les enfants et les adolescents n’ont pas l’impression d’avoir changé à la suite de leur expérience.
« Peux-tu voir l’avenir ? » lui demandai-je. Elle parut légèrement mal à l’aise.
« Oh, ça...dit-elle. Qui vous l’a dit ? »
Et sans se faire prier davantage, Donna commença à me faire le récit de rêves prémonitoires. En tout, elle se remémora quatre rêves relevant de la catégorie des « expériences psi vérifiables », c’est-à-dire des rêves dont elle fit part à son entourage avant que les événements qu’ils mettaient en scène ne se produisent.

Par exemple, elle rêva la mort de son grand-père quelques jours avant qu’elle ne survienne, de manière totalement inattendue. La nature des songes qu’elle fit à ce sujet est très intéressante. Quatre nuits de suite, Donna rêva de façon extrêmement claire que son grand-père se rendait sur le caveau de famille et nettoyait l’endroit où son nom serait gravé sur la pierre tombale. Puis il s’asseyait au bord de la tombe et se mettait à parler à son petit-fils, disparu dans un accident de voiture. Donna ne pouvait entendre ce qu’il disait dans aucun des quatre rêves, mais à la suite de chacun d’eux, elle avait confié à sa mère qu’elle pressentait qu’il allait mourir.

Quelques jours après le quatrième rêve, son grand-père succomba à une crise cardiaque foudroyante.

Après sa mort, la mère de Donna découvrit son journal. Il avait écrit qu’il était allé balayer la tombe et parler à son petit-fils, et ce, les jours mêmes où Donna l’avait rêvé.

Donna m’a raconté d’autres rêves de ce type.
Dans l’un d’eux, particulièrement troublant, elle se trouvait dans une soirée avec une amie. On leur remettait des billets sur lesquels figurait une inscription. Donna ne se souvenait pas de ce qui était écrit sur le sien, mais celui de son amie portait le mot « suicide ». Le lendemain matin, au petit déjeuner, elle raconta son rêve à sa famille, puis n’y pensa pas plus que cela, jusqu’à ce que, environ une semaine plus tard, elle se retrouve dans une soirée avec l’amie en question. Celle-ci commença à lui parler de problèmes familiaux. Elle lui fit part de son désir de se suicider.

Deux ou trois jours plus tard, Donna eut tout à coup la prémonition que son amie avait mis sa menace à exécution. non par le biais d’un rêve ou une vision, explique Donna, mais à travers la sensation très forte que cette amie chère essayait de mettre fin à ses jours. Paniquée, Donna se précipita chez elle. Elle la trouva dans la salle de bains, en train de s’ouvrir les veines des poignets ! Grâce à son intervention, la jeune fille put obtenir une aide psychiatrique. Le rêve de Donna comme sa prémonition étaient donc devenus réalité.

Donna a eu d’autres rêves de type psi. Il est arrivé qu’elle et une amie fassent le même rêve, alors que cette dernière était partie en colonie de vacances. Une fois, Donna vit en songe le contenu d’une lettre qu’elle fut capable de décrire à la personne qui l’avait rédigée, alors que la lettre ne lui était pas encore parvenue. Une autre fois encore, Donna eut ce qu’on pourrait décrire comme une vision : elle faisait une randonnée en montagne, lorsqu’elle vit une de ses amies suivie par une ombre. Elle lui cria de faire attention et, à ce moment même, une saillie rocheuse se désagrégea sous les pieds de son amie. Donna pense que son intervention a sauvé son amie d’un accident de montagne. Si je me réfère à l’enregistrement de son témoignage, il ne fait aucun doute qu’elle a raison.


« Morts » différentes, mais caractéristiques post-NDE communes
« Il semble donc que cette NDE ait bel et bien changé les choses pour toi », constatai-je. Elle se mit à rire et reconnut que c’était vrai. Comme tous les autres, Donna avait été transformée.

Eu égard à l’intérêt suscité par Des enfants dans la Lumière de l’Au-Delà, des centaines de personnes qui avaient vécu des NDE ont pris contact avec moi ; des adultes, pour la plupart, qui s’étaient colletés avec la mort lorsqu’ils étaient enfants. Il y avait ceux qui avaient failli se noyer et ceux qui avaient été frappés de plein fouet par des voitures lancées à toute vitesse. Certains étaient morts au cours d’une opération des amygdales, d’autres en se mettant la tête dans un sac plastique, manquant ainsi de s’étouffer. D’autres encore avaient été victimes d’une défaillance respiratoire, en réaction à la pénicilline. Un couple avait sombré dans le coma après avoir reçu des coups de battes de base-ball. Une femme avait même reçu une décharge électrique dans l’oreille, alors qu’elle téléphonait pendant un orage.

Ces personnes avaient frôlé la mort de manières très différentes. Mais après m’être entretenu avec elles, je réalisai qu’elles avaient une chose importante en commun : elles avaient été transformées.
Pratiquement aucune n’avait peur, ou alors très peu, de la mort. Même si cette expérience leur était arrivée plusieurs dizaines d’années auparavant, ces personnes n’avaient rien perdu de leur sérénité par rapport l’idée de mort. Pourquoi ? Parce qu’elles savaient, elles avaient eu connaissance du message provenant de cette lumière que presque toutes avaient vue. Comme me l’expliquait une fillette de 10 ans : « C’était comme si je vivais une autre vie. Je n’ai plus vraiment peur de la mort, parce que j’en sais davantage sur elle, maintenant. »

Toutes avaient aussi en commun un formidable appétit de vivre. Je veux dire par là qu’elles étaient en quête de tout ce que la vie peut offrir et cherchaient à en profiter jusque dans les plus petites choses. Parfois, elles n’avaient pas même conscience de ce changement fondamental qui s’était opéré dans leur attitude. Ainsi, une femme de 70 ans m’a déclaré : « M’interviewer serait une perte de temps, car ma nDE n’a pas eu la moindre conséquence sur ma vie. Et puis, je n’ai pas le temps. Entre mon jardinage, mes activités de bénévolat et mon travail à mi-temps, j’ai déjà beaucoup à faire. Je n’ai rien d’extraordinaire. »

Peur quasi inexistante de la mort et appétit de vivre sont donc deux caractéristiques communes à tous les témoins que j’ai interrogés.

Mais parmi eux, j’ai découvert des différences d’une nature qui allait bien au-delà du simple changement d’attitude.
Un grand nombre d’entre eux ont déclaré vivre des transformations de type paranormal ; d’autres, avoir développé une intelligence beaucoup plus élevée. L’année qui a suivi sa propre NDE, l’un d’eux, conducteur de chasse-neige au nord de l’État de New York et répondant au nom très américain de Tom Sawyer, s’est mis à écrire des suites de chiffres et de symboles, sans savoir pourquoi il les écrivait ni ce qu’elles signifiaient. Il se surprenait fréquemment à griffonner ainsi de manière distraite pendant les pauses café ou le soir, après le travail. Lorsqu’il montra le fruit de ses rêveries à un professeur de faculté, il découvrit qu’il avait écrit les équations de Max Planck, physicien qui contribua largement aux connaissances que nous avons aujourd’hui sur la théorie atomique. Sawyer déclare maintenant que son expérience de mort imminente fut un « cours accéléré de physique nucléaire ». Mais pourquoi et comment une personne dont le niveau d’éducation ne dépasse pas le lycée a-t-elle pu accéder à de telles informations ? Les a-t-elle apprises de la lumière ?

D’autres témoins étaient certains d’avoir développé des facultés psi. À l’instar de Donna, certains pouvaient annoncer ce qui allait arriver dans le futur. Après avoir rêvé que son frère était assassiné par des gens qui avaient fait intrusion chez lui, une femme fut tellement perturbée par sa capacité de voir l’avenir qu’elle se fit prescrire des médicaments ; pendant presque cinq ans, elle prit des substances qui anesthésiaient ses sens et empêchaient ses facultés psi de se manifester. Finalement, lassée de l’existence apathique qu’elle menait, elle cessa de prendre ses médicaments ; aujourd’hui, elle a accepté l’idée de connaître l’issue de certains événements avant qu’ils ne se produisent.
Pourquoi avait-elle le privilège, ou peut-être la malchance, d’accéder à de telles informations ?
À mesure que le temps passait, j’observai beaucoup d’autres changements. Certains étaient très profonds, comme dans le cas de ces gens dont l’intelligence avait crû ou qui s’étaient découvert des facultés psi. D’autres se révélaient beaucoup plus subtils. Par exemple, nombre des personnes que j’ai interrogées ne pouvaient porter de montre parce que « quelque chose » les déréglait systématiquement. Plusieurs m’ont raconté que des « anges gardiens » les avaient accompagnées de leur présence encore longtemps après qu’elles ont fait l’effrayante expérience de frôler la mort. J’ai été fasciné par l’aide qu’elles ont reçu de ces miséricordieux compagnons.

Plus je parlais à ces personnes, plus j’étais fasciné par ce qu’elles me racontaient et pensais que cela méritait de faire l’objet d’une recherche scientifique. C’est après avoir entendu le récit d’Olaf Sunden que je décidai d’entreprendre une étude, aussi minutieuse que possible, sur cette multitude de gens qui ont vu leur vie se transformer.

NDE et connaissance à partir d’une étude de cas
Les circonstances dans lesquelles Olaf Sunden a frôlé la mort sont assez banales. Mais ce qui est arrivé à la suite de son expérience de mort imminente dépasse mon entendement.

À l’âge de 14 ans, Olaf s’est fait opérer des amygdales. Au cours de cette intervention chirurgicale anodine, il fut victime d’une overdose d’éther, incident fréquent à cette époque où l’éther était versé goutte à goutte sur un morceau de coton que l’on approchait du visage du patient. Olaf cessa de respirer, et le chirurgien, paniqué, se mit à le secouer. À ce stade, son cœur aurait pu cesser de battre. Bien que médicalement dans un état de coma, Olaf éprouvait la sensation d’être mort. Comme il l’a écrit dans un récit très impressionnant :
« Tout à coup, je me suis mis à rouler à l’intérieur d’un ballon et j’ai eu l’impression de m’écraser contre un mur avant d’être propulsé dans une autre réalité. Le passage de ce côté-ci à l’autre a été extrêmement pénible, je suffoquais. Les forces qui m’ont permis de franchir la barrière de la mort étaient d’une puissance extraordinaire et cette barrière, d’une résistance extrême.

Brusquement, je me suis retrouvé de l’autre côté, et toutes mes souffrances s’étaient évanouies. J’avais perdu tout intérêt pour ma vie biologique, avec laquelle je n’avais plus aucun lien. [J’ai réalisé que] la frontière entre la vie et la mort est une création étrange de l’esprit. Vue de ce côté-ci [celui de la vie], elle paraît horrible et très réelle, mais quand on la perçoit depuis l’autre côté, c’est quelque chose d’insignifiant.

Ma première impression fut un effet de totale surprise. Comment pouvais-je exister dans des conditions aussi agréables ? Sentir et penser tout en étant mort, alors que je n’avais pas de corps ? »
Olaf avait la sensation de flotter dans un « univers illimité » qu’il percevait comme un système de bulles de savon se rétrécissant ; elles lui apparaissaient en séries de forme sphérique ou concentrique qui se mouvaient selon des schémas complexes qu’Olaf comprenait parfaitement.

Au seuil de la mort, ce jeune homme de 14 ans qui enregistrait des résultats scolaires médiocres eut l’impression qu’on lui avait remis la clé de l’univers. « J’avais la sensation d’une compréhension totale grâce à laquelle tout devenait absolument limpide », a-t-il écrit.

Au cours de son expérience de mort imminente, Olaf s’est trouvé face à une « lumière orange éclatante » qu’il a baptisée « point d’annihilation » ; lieu passablement inquiétant, mais qui lui a permis d’accéder à cette compréhension universelle.

Alors qu’Olaf voulait rester dans la lumière, il sentit son « esprit se diviser en deux » ; la partie omnisciente fut rejetée. Il la vit disparaître au-dessus de lui sous la forme d’une belle et éclatante galaxie de lumière, tandis qu’il était précipité dans un tunnel à l’issue duquel il serait forcé de réintégrer son corps. Il a écrit à ce propos :
« Je me souviens avoir pensé : “qu’il me soit donné de comprendre cette nouvelle physique de la relativité.” Puis j’ai senti un choc et me suis trouvé embarqué dans une chaîne, avant d’être précipité avec une force inouïe à l’intérieur de mon corps. J’ai rassemblé toute mon énergie pour me souvenir de cette compréhension cosmique du mécanisme universel. »
C’est dans une salle d’opération vivement éclairée que prit fin le voyage cosmique d’Olaf ; lorsqu’il se réveilla, il était entouré de verre brisé et d’instruments épars, de quatre chirurgiens dans tous leurs états et deux infirmières paniquées. Deux ans plus tard, il apprit qu’il avait gardé ses amygdales, qu’on ne les lui avait jamais enlevées.

Cette nDE changea immédiatement le caractère d’Olaf. L’élève moyen qu’il était devint un sujet arrogant, non conformiste, même, qui refusait les réponses de ses professeurs pour partir en quête des siennes. Il se servit des théories qu’il avait apprises de l’« autre côté » pour expliquer les travaux d’Albert Einstein.

Au départ, Olaf eut le sentiment que cette expérience de mort imminente n’était pas beaucoup plus qu’un rêve extraordinaire. C’est quand ce garçon qu’on avait toujours jugé peu doué pour les études se vit accéder à la licence qu’il réalisa que quelque chose s’était passé lors de son aventure cosmique.

Il n’en demeura pas moins sceptique sur la vision qu’il avait eue jusqu’au milieu des années 1960, alors qu’il avait dépassé la quarantaine. C’est à cette époque, quand la découverte du neutrino fut rendue publique, qu’Olaf s’aperçut que les manifestations de clairvoyance survenues au cours de sa NDE n’étaient pas erronées. Un neutrino est un type de particule nucléaire capable de traverser le noyau massif d’une étoile sans en être affecté ou transformé. Les lectures d’Olaf concernant les neutrinos l’amenèrent à réaliser qu’ils étaient parmi les particules qu’il avait vues lors de sa NDE ; c’étaient les fameuses « bulles de savon » qui traversaient des corps solides.

Aujourd’hui, Olaf pense que son expérience lui a apporté une compréhension fabuleuse de la nature de l’univers. Une mystérieuse source d’intelligence a été captée. non seulement Olaf est plus intelligent, mais il est aussi libéré d’une forme de pensée qui le limitait à l’acceptation de certaines théories et valeurs.

La preuve de cette intelligence réside dans ses nombreuses réalisations scientifiques ; la plupart d’entre elles n’auraient pu voir le jour si Olaf n’avait fait confiance à l’intuition qu’il a acquise lors de sa NDE. Aujourd’hui, il parle de l’opération des amygdales qui faillit lui être fatale comme de son « don cosmique ».

Olaf détient environ une centaine de brevets chimiques et est à l’origine de découvertes qui ont fait de lui l’un des ingénieurs les plus en vue dans le domaine de la recherche et du développement. Il a découvert une méthode permettant d’utiliser davantage de craie dans la fabrication du papier. À l’origine, ce dernier est fait à partir de pulpe de bois provenant d’arbres broyés. Grâce à une perception scientifique extrêmement développée, Olaf a découvert un moyen d’inclure 25 % de craie ou de kaolin en plus dans le papier, sans rien changer à sa qualité. Cette découverte se traduit par une baisse d’environ 25 % du nombre d’arbres abattus pour satisfaire nos besoins en papier.

Pour démontrer l’authenticité de son « don cosmique », Olaf apporte une autre preuve. Il y a vingt-cinq ans, sa fille, qui était adolescente, fut victime de plusieurs blessures graves à la tête dans un accident de voiture. Elle sombra dans un coma de trois mois que les médecins déclarèrent irréversible. Ils ne cachèrent pas à Olaf que sa fille passerait le restant de ses jours dans un état végétatif.

Dans cette situation désespérée, la NDE qu’il avait vécue vint au secours d’Olaf et de sa fille. Bien qu’il dût accepter le diagnostic des neurologues, Olaf ne pouvait admettre l’idée que toutes les possibilités pour ramener sa fille à un état d’existence correct avaient été épuisées. Selon lui, elle se trouvait de l’autre côté, dans une situation semblable à celle qu’il avait lui-même connue après avoir été victime d’une surdose d’éther. Il se rappela comment, lors de sa propre nDE, le souvenir de nager dans la mer au même rythme que les vagues lui était revenu et lui avait montré le chemin du tunnel par lequel il revint à la vie. Peut-être un souvenir de vie pourrait-il, de la même manière, provoquer le retour de sa fille. Par chance, Olaf était en possession d’une substance médicale étrangement proche de la caféine, qu’il avait testée avec succès sur lui-même et sur sa fille, afin d’augmenter leur mémoire à l’occasion de conférences scientifiques et d’examens scolaires.

En désespoir de cause, Olaf décida de tenter une ultime expérience avec cette substance. Le premier essai, sept semaines après l’accident, eut un effet spectaculaire. Plongée dans un état d’inconscience et de léthargie, sa fille essaya de se dresser sur son lit pendant quinze minutes, avant de sombrer à nouveau dans le coma le plus total. Une semaine plus tard, une seconde tentative donna un résultat beaucoup plus concluant. Consultés, les médecins déclarèrent que, contre toute attente, le coma devenait réversible, même si aucun contact avec le cerveau de la patiente ne pouvait être établi avec certitude. Mais le retour à la vie s’était amorcé, et, un mois plus tard, la jeune fille reprit conscience. Puis elle se révéla capable de répondre à des questions de mathématiques en pressant la main de ses interlocuteurs. Un mois après avoir repris conscience, elle passa un examen de mathématiques et le réussit, alors qu’elle aurait échoué en temps ordinaire. Elle mit trois ans à réapprendre à marcher et dut subir deux douloureuses opérations des yeux. Elle est aujourd’hui mariée et mère de deux enfants, mais l’une de ses jambes, restée paralysée, l’handicape pour marcher.

Selon Olaf, cette tragique histoire laisse à penser que les « dons cosmiques » de ce type devraient faire l’objet d’une observation scientifique sérieuse.

C’est en lisant des revues médicales telles que Lancet et The American Journal of Diseases in Children qu’Olaf apprit l’existence de mes travaux. Puis il lut Des enfants dans la Lumière de l’Au-Delà, avant de m’écrire. Dans sa lettre, il me demandait s’il pouvait quitter la Suède, où il habite, pour venir me rendre visite ; je lui répondis que j’en serais très honoré.

nous nous sommes rencontrés au colloque international sur les NDE qui s’est tenu à Washington. Olaf est un homme de haute taille, âgé d’un peu plus de 70 ans. Avec ses cheveux grisonnants et son allure distinguée, c’est le genre d’homme dynamique qu’on imagine plus volontiers dans les appartements d’un ambassadeur qu’à une rencontre d’expérienceurs. Quand bien même, Olaf fut ravi de côtoyer tant de gens qui lui ressemblaient ; des gens qui, comme lui, avaient acquis une compréhension exceptionnelle de la vie en passant brièvement la frontière de la mort.

nous allâmes dîner dans un restaurant français de Georgetown. Olaf s’adressait au serveur avec aisance en français. Ayant commandé une bonne bouteille, il en vint à l’objet de sa visite.

« Je ne me considère plus comme fou ou marginal à cause de ce qui s’est passé, me dit-il. Je sais que cette expérience m’est réellement arrivée, et que ce n’était pas un rêve fantastique. Mais il y a une question que je me pose : cette connaissance provenait-elle de mon propre cerveau, ou d’ailleurs ? Et cet univers dans lequel je suis entré. Ai-je vraiment accédé à une autre réalité ? »

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Couverture de livre

L’AUTEUR :

Melvin Morse est docteur en médecine et diplômé de la faculté de Médecine de l'Université George-Washington.