Espèces invasives : Le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France tire la sonnette d'alarme


Paris, le 8 décembre 2016 - A l'occasion du colloque sur les espèces invasives organisé aujourd'hui à l'initiative du « Comité parlementaire de suivi du risque ambroisie et autres espèces invasives », le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France alerte les pouvoirs publics sur les menaces immédiates pesant sur les productions françaises.
 
Des productions au bord du gouffre
S'il y a encore quelques années, le risque « espèces invasives » était maîtrisé par un arsenal complet et collectif associant recherche, innovation et réglementation adaptée, ces bonnes pratiques ont désormais laissé place au règne du flou. Pour le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France, le principe de précaution et la recherche permanente du consensus avec des acteurs sans aucune responsabilité économique sont synonymes d'un véritable laissez-passer pour les espèces invasives. Conséquence : des impacts économiques majeurs dont on commence à peine à prendre conscience.
 
 
Des paradoxes dont il faut sortir
-1er paradoxe : alors que les producteurs sont empêtrés dans le mille-feuilles réglementaire, leur panoplie d'outils de protection se réduit année après année. Dans le secteur fruits et légumes, on dénombre plus de 80 impasses techniques majeures [1].
-2ème paradoxe : l'individualisme poussée à outrance. Des « groupuscules » souhaitent la libéralisation la plus complète sur le commerce des semences, des plants...Alors même que la profession a besoin de matériel végétal certifié sur le plan sanitaire. Ces mêmes groupuscules remettent en cause les mesures de précaution et de gestion du risque notamment collectives (ex : flavescence dorée).
-3ème paradoxe : les atermoiements des pouvoirs publics par l'écoute complaisante de certaines ONG environnementalistes diffusant des thèses contestables et naïves telles que : « La nature est bonne et répare par elle-même le déséquilibre biologique provoqué par une espèce envahissante » ; « les solutions de bio-contrôle permettent d'éviter complètement l'utilisation de produits de synthèse ».
 
Drosophila suzukii : un exemple de gestion désastreuse
Apparue en France en 2009, la mouche Drosophila suzukii est devenue très rapidement un véritable fléau pour les producteurs de cerises face auquel une seule substance active, le diméthoate avait prouvé son efficacité. C'était sans compter la décision brutale et infondée du gouvernement de l'interdire au 1er janvier 2016, laissant les producteurs de cerise sans réelle alternative autre que l''utilisation plus fréquente d'autres substances de moindre efficacité (neuf traitements au lieu d'un !). Faute de temps pris pour mesurer l'impact des solutions alternatives, les producteurs ont connu en 2016 de 20 à 30 % de perte en moyenne, avec pour corollaire l'augmentation des prix à 8/9 € du kilo ! Et à plus long terme, quel avenir pour la filière ? Des jeunes vont-ils prendre le risque d'investir ?
Enfin, cette décision nationale va à l'encontre de la volonté affichée d'harmonisation et de simplification de la réglementation de l'Union européenne. Interdit en France, le diméthoate reste autorisé dans les autres pays européens producteurs de cerises...
 
« Il est très facile de faire des discours incantatoires sur les espèces invasives », observe le Collectif Sauvons les fruits et légumes de France. « Mais lorsqu'on arrive aux mesures concrètes de lutte, il semble que la plus grande naïveté gagne les pouvoirs publics, aidés en cela par un certain nombre d'ONG environnementalistes qui s'autoproclament "spécialiste". Sauf que ce sont les producteurs qui sont en première ligne pour en subir les impacts économiques ou techniques. »
 
 
Né en novembre 2007, le Collectif Sauvons les fruits et légumes de France constitue un mouvement de citoyens. Il vise à sortir les producteurs de l'impasse réglementaire dans laquelle ils se trouvent. Il rassemble des producteurs issu de l'agriculture biologique et raisonnée de la France entière, membres de toutes les filières et de toutes les sections professionnelles qui, confrontés aux mêmes problèmes, ont décidé de réunir leurs efforts pour sensibiliser l'opinion et les pouvoirs publics aux menaces qui pèsent sur la production hexagonale et aux moyens d'y remédier ; il ne se substitue pas plus qu'il ne concurrence l'organisation traditionnelle de la profession ; il n'a pour but que de la compléter avec le souci, partagé par tous, de l'efficacité. Toutes les cultures de fruits et légumes y sont représentées. Il obtient le soutien de scientifiques, de médecins, mais également de chefs cuisiniers, etc. Il est soutenu par des élus (maires, conseillers généraux et régionaux, députés et sénateurs).