Un nouveau rapport sur la Politique agricole commune de l’Union européenne (PAC) appelle à une politique alimentaire commune et durable



« Les décideurs sont aveuglés par la croyance que la technologie pourra résoudre les problèmes alimentaires qui se poseront à l’avenir. Cela n’arrivera pas ».


Londres, Juin 2016 – Le dernier rapport publié par la Food Research Collaboration, une initiative du Centre for Food Policy (Centre pour la politique alimentaire) à la City University London, et financé par la Fondation Esmée Fairbairn, montre que pour conserver sa pertinence au 21e siècle, la Politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne doit se transformer en « politique alimentaire commune et durable ».

Le rapport, intitulé Does the CAP still fit? (« La PAC est-elle encore adaptée ?) est le troisième article consacré aux liens entre la politique alimentaire du Royaume-Uni et l’UE à être publié dans le cadre du projet Food Research Collaboration (FRC).

Il affirme que les décideurs doivent traiter conjointement les questions alimentaires et agricoles. Ces enjeux comprennent la réduction des émissions de carbone, la préservation des ressources en eau, la lutte contre le gaspillage alimentaire, la santé publique et la satisfaction des consommateurs.

Ses auteurs, à savoir le professeur Tim Lang de la City University London, le professeur Alison Bailey, et le docteur Victoria Schoen, défendent la nécessité d’une telle démarche transversale pour le Royaume-Uni et pour l’Europe, et ce quelle que soit l’issue du référendum sur le maintien ou non du pays dans l’UE.

Outre une présentation des futures orientations possibles pour la PAC, l’article dresse également un aperçu de son histoire, de son objectif, de son impact, de son financement et des changements qu’elle a connus au fil du temps.

Selon les rédacteurs, la PAC, loin de sombrer dans l’immobilisme, a continuellement été réformée depuis qu’elle a été mise en place en 1962 pour remédier à l’insécurité alimentaire que connaissait l’Europe dans l’après-guerre. Mais le système alimentaire aurait bien évolué depuis. Ainsi, le secteur de l’alimentaire emploie aujourd’hui bien plus de monde que l’agriculture.

Voici les principaux aspects abordés par le rapport :

La PAC a connu au moins sept cycles de réforme depuis sa création en 1962.
La Direction générale de l’agriculture et du développement rural à Bruxelles compte seulement 1 000 fonctionnaires, mais représente plus d’un tiers du budget total de l’UE. Le ministère britannique de l’agriculture (Defra) ne compte pas moins de 2 000 salariés pour l’Angleterre uniquement.
Loin des 70 % des années 1980, la PAC absorbe de nos jours moins de 40 % du budget de l’UE. Cette part devrait encore baisser à l’avenir.
Au Royaume-Uni, les agriculteurs ne perçoivent que 10 milliards de livres sur les 198 que dépensent chaque année les consommateurs britanniques pour se nourrir. Sans les subventions, nombre d’entre eux ne pourraient pas poursuivre leur activité.
Le rapport envisage quatre scénarios possibles concernant les objectifs de la PAC et les préparations pour le prochain cycle de réforme. La PAC pourrait ainsi (a) s’affaiblir considérablement, (b) évoluer de façon pragmatique, (c) devenir une politique de développement rural ou encore (d) se transformer en « politique alimentaire commune (et durable) ».
La PAC a évolué, vers désormais beaucoup moins de subventions et compte parmi les principaux soutiens financiers des actions en faveur de l’environnement. Le rapport résume les cycles de réforme correspondants et les raisons de ces changements. D’après les auteurs du rapport, toutes les réformes n’ont pas été bénéfiques. La PAC connaît de nombreux problèmes et des changements radicaux s’avèrent nécessaires.

Malgré les preuves écrasantes de la nécessité de réformer les systèmes alimentaires internationaux, les auteurs estiment que l’impact de la production agricole sur la santé publique n’est pas pris suffisamment au sérieux. Ils affirment également que « les hommes politiques et les décideurs ne semblent pas prendre toute la mesure de l’ampleur des changements à apporter ».

Principal conseiller du projet FRC, le professeur Tim Lang, du Centre for Food Policy de la City University de Londres, a déclaré :

« La PAC concentre les railleries et les mythes sur l’inefficacité de l’Europe. Mais elle a considérablement évolué au cours des 60 dernières années. Nous lui reprochons de toujours trop se concentrer sur l’agriculture, alors qu’elle devrait davantage se préoccuper des questions de santé publique, d’écosystèmes et d’alimentation. Que le Royaume-Uni reste ou non dans l’UE ne changera rien à la nécessité de poursuivre ces objectifs. »

« La PAC doit devenir une politique alimentaire commune et durable. C’est ce qu’indique la science. Mais les décideurs sont soit frileux, soit aveuglés par la croyance que la technologie pourra résoudre les problèmes alimentaires qui se poseront à l’avenir. Cela n’arrivera pas. Des évolutions sont aussi nécessaires en termes de culture alimentaire. »

Victoria Schoen, chercheuse au FRC, affirme quant à elle :

« La PAC, c’est certain, a su nous sortir de la situation d’insécurité alimentaire qui caractérisait l’après-guerre. Elle a aussi cherché à s’adapter au fil du temps. Elle doit maintenant réconcilier ses objectifs avec les réalités agricoles, rurales et alimentaires, afin de garantir un système alimentaire sain et durable aux générations futures. »

Selon le professeur Alison Bailey, qui est actuellement employée par l’Université de Lincoln en Nouvelle-Zélande, après avoir travaillé au sein de l’Université de Reading :

« Il est temps que la PAC retrouve son objectif originel, à savoir la production de nourriture, tout en veillant à la façon dont celle-ci est produite, au soutien à apporter aux producteurs, à l’alimentation des consommateurs, au bien-être animal et à l’environnement. »


À propos de la City University London

La City University London est une université internationale idéalement située en plein cœur de Londres qui s’engage à l’excellence académique et est axée sur le commerce et les professions. Elle fait partie des cinq pour cent des meilleures universités dans le monde selon le Times Higher Education World University Rankings 2013/14 et figure dans le top trente des universités du Royaume-Uni selon le Times Higher Education Table of Tables 2012. Elle est classée dans le top 10 des meilleures universités du Royaume-Uni en ce qui concerne les emplois obtenus par les diplômés universitaires (The Good University Guide 2014) et dans le top 5 en matière de salaires des diplômés en début de carrière (Lloyds Bank).

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