Société : vivre dans une modernité vide de sens

 

Dans tous les pays industrialisés, on se souvient de cette période, il y a cinquante ou soixante ans, où nos grands-parents ont laissé la campagne pour se trouver un emploi à la ville. On sait jusqu’à quel point ils ont migré difficilement d’une société agraire à une société industrielle : famille déracinée, acculturation, perte des valeurs, etc. À partir des expériences vécues par nos grands-parents, nous savons nous aussi que nous passons maintenant d’une société à une autre. mais nous commençons à peine à réaliser que nous entrons dans une période de désordre et de violence qui sera très difficile à vivre parce que nous tous, autant les citoyens que les décideurs, vivons actuellement une modernité vide de sens.

Nous allons dans la mauvaise direction !
Les médias nous répètent à satiété que nous vivons une crise importante et que, lorsque les élites en place auront réglé les excès de certains de leurs membres, cette crise se résorbera. d’ici un an espère-t-on. Or, la lecture de cette situation est fausse.

Actuellement, nos élites essaient de corriger un modèle économique industriel dépassé alors que s’amorce plutôt une ère postindustrielle.

La crise durera plus longtemps parce que plus pro- fonde que prévu. Ces élites ne veulent corriger que la situation économique et ne veulent surtout pas changer le modèle actuel, parce qu’elles pourraient perdre leurs privilèges. Les élites économiques, qui ont eu le haut du pavé à cause de la mondialisation économique, ont réussi à imposer leurs lois durant l’ère industrielle. maintenant que les élites politiques ne veulent plus abandonner leurs prérogatives en faveur des classes économiques, ces luttes entre les élites politiques et économiques amplifieront les crises qui s’annoncent.

aux prises avec plusieurs crises planétaires interreliées, les élites politiques manquent d’envergure, parce qu’elles ne gèrent que le court terme, c’est- à-dire d’une élection à l’autre. aucune de ces élites n’accorde une oreille attentive à leurs citoyens. D’où la disparition de la confiance qui a servi de ciment social entre tous les acteurs durant l’ère industrielle. Sans cette confiance, il ne pourra y avoir de projet collectif dans la nouvelle ère, donc de développement durable. et pourtant, des solutions existent déjà. dans ce monde, à la fois porteur de menaces et de promesses, nous devrons créer collectivement A new New Deal 1, un nouveau Bretton Woods 2 et probablement un nouveau Contrat social 3.

Quelles sont les questions ?
L’effondrement récent des marchés boursiers fut le choc sismique qui révéla le cul-de-sac vers lequel se dirigent tous les habitants de la planète. nous devons nous poser les bonnes questions :
Où se situe le seuil d’emballement de notre système sociétal ?
Quels sont les sacrifices humains que cette société va réclamer ?
Quels sont les nouveaux mécanismes qui rendront notre société plus complexe ?

▪ Une continuité ou une mutation ?
Le meilleur moyen d’aboutir dans un cul-de-sac est d’envisager de nous développer en continuité avec le passé.
Est-ce que le passage de l’ère industrielle à l’ère post-industrielle ne serait pas plutôt une rupture ? Comment penser dorénavant en termes de mutation ?

▪ Le court ou le long terme ?
Nos décideurs actuels ne pensent qu’en termes de continuité, ils sont incapables de développer des stratégies de plus de quatre ans et d’y associer leurs concitoyens 4.
Ne devrions-nous pas nous doter de nouveaux outils de gouvernance ?

1. Le New Deal fut développé par Franklin d. roosevelt entre 1933 et 1936. Il comprenait une série de programmes destinés à mettre fin, aux États-Unis, à la Grande dépression.
2. Le système monétaire actuel fut négocié à Bretton Woods, aux États- Unis, en 1944. il a fait du dollar américain la monnaie d’échange interna- tional et a donné naissance au Fmi et à la Bm. aujourd’hui, il est question de faire une mise à jour de l’ancien Bretton Woods en réformant le Fonds monétaire international (Fmi) qui deviendrait un surveillant et un tireur de sonnette d’alarme.
3. Le Contrat social est un ensemble de théories qui a défini au xviiie siècle le rôle de l’État en Occident ; il est à l’origine du concept de démocratie.
4. La classe politique actuelle accepte n’importe quoi au nom de la sacro-sainte création d’emplois. en ne vivant que d’une élection à l’autre, leur vision ne dépasse guère les quatre années où ils sont au pouvoir. Leur adoption d’un horizon à court terme les conduit à une logique de l’urgence qui crée l’actuelle crise de l’avenir. Comment pouvons-nous apprivoiser le xxie siècle quand nos administrations datent du xxe siècle, Barack Obama, discours d’investiture, août 2008, denver.

 

M. Cartier  & J. Husband    
                                                                              

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La société emergente du 21 ème siècle