Analyse - Les « chats bots » : nouvel eldorado pour les entreprises, danger pour les consommateurs ?



Par Maitre Antoine Chéron,
avocat spécialisé en propriété intellectuelle
et NTIC, fondateur du cabinet ACBM


 

L’intelligence artificielle utilisée au travers des chats bots connait un succès grandissant auprès des consommateurs. Preuve en est, Facebook part à la conquête de ce nouvel outil intelligent. Mardi dernier, lors de la conférence F8 dédiée aux développeurs, Mark Zuckerberg a indiqué que Messenger intègrerait désormais des « bots ».

Le chat bot Poncho permettra par exemple de demander à l’utilisateur où il se trouve et en fonction de sa localisation le bot donnera la météo.

A l’origine, les bots sont des logiciels informatiques réalisant des tâches automatisées. Appliqués au chat ils deviennent des robots conversationnels.

L’idée est de proposer un vendeur qui ne soit pas humain. Concrètement il s’agit d’un logiciel de traitement automatisé des données dont la capacité d’intelligence artificielle grandit et s’affine au fil des données qu’il collecte. Un seul support pour une panoplie de services. L’objectif est d’aboutir au service le plus personnalisé et complet qui soit.

Cet outil s’est développé à partir du constat suivant : 1,4 milliard de consommateurs ont utilisé une application de messager en 2015. Ce qui représente 75% des utilisateurs de smartphones au niveau mondial, selon la société eMarketer.

Toutefois, il soulève un certain nombre de problématiques en termes de traitement de données à caractère personnel. Quels sont les enjeux juridiques des chats bots ? La législation sur le traitement des données à caractère personnel est-elle respectée ?

Le développement de l’utilisation des chats bots a été rendue possible par la croissance considérable du big data qui s’est perfectionné. Cependant, les entreprises doivent être vigilantes car la nature des données traitées implique le respect de la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978.

En effet, la personnalisation des services s’explique par le traitement de données à caractère personnel des consommateurs. A cet égard, les utilisateurs de ces applications n’ont pas toujours conscience de la valeur patrimoniale de leurs données. L’intelligence artificielle de plus en plus poussée noie les consommateurs dans cette idée. La perte de maitrise des données à caractère personnel peut être totale.

A ce titre, il est essentiel de rappeler que tout traitement de données à caractère personnel nécessite de recueillir le consentement de l’intéressé. Ce dernier doit être parfaitement informé sur les finalités du traitement et la durée de conservation de ses données. A défaut, l’entreprise, responsable du traitement, est susceptible de s’attirer les foudres de la CNIL.

Antoine CHERON, avocat associé, est docteur en droit de la propriété intellectuelle, avocat au barreau de PARIS et au barreau de BRUXELLES et chargé d’enseignement en Master de droit à l’Université de Assas (Paris II). Il est le fondateur du cabinet d'avocats ACBM (www.acbm-avocats.com)