La révolution numérique, chacun en est désormais convaincu, bat son plein

« Si nous avons chacun un objet et que nous l’échangeons, nous avons chacun un objet ; si nous avons chacun une idée et que nous l’échangeons, nous avons chacun deux idées. » Ce proverbe chinois illustre astucieusement l’avantage des données immatérielles sur la matière physique. Ce don d’ubiquité n’est pas leur unique qualité. L’espace, le temps, la société vivent sous nos yeux une métamorphose sans doute unique dans l’histoire de l’humanité.

 

« Si nous avons chacun un objet et que nous l’échangeons, nous avons chacun un objet ; si nous avons chacun une idée et que nous l’échangeons, nous avons chacun deux idées. » Ce proverbe chinois illustre astucieusement l’avantage des données immatérielles sur la matière physique. Ce don d’ubiquité n’est pas leur unique qualité. L’espace, le temps, la société vivent sous nos yeux une métamorphose sans doute unique dans l’histoire de l’humanité.

La révolution numérique, chacun en est désormais convaincu, bat son plein.
La photographie, la musique, la vidéo sont ancrées dans l’ère du bit. Seuls quelques marginaux, artistes ou collectionneurs, agitent encore comme une provocation leurs appareils argentiques ou leurs disques vinyle. Cette numérisation, si elle paraît généralisée au premier abord, ne touche pas, loin s’en faut, toute la matière terrestre. On ne numérise pas une pierre, un arbre, une maison, un être vivant. La question n’est pas tellement de savoir si cela serait possible ou non, en réalité, cela ne semble pas nous intéresser.

Connaissance, représentation du monde, moyens d’échanges et de communication constituent le périmètre circonscrit du phénomène de dématérialisation. Mais, n’est- ce pas là précisément ce qui distingue l’homme de l’animal ? N’est-ce pas ce que nous dénommons « civilisation » ?

Dans le domaine des objets d’échange : image, son, écrits, argent, rien ne semble échapper à la frénésie de la dématérialisation. L’affaire a été entendue en quelques années seulement, ce qui, à l’échelle de l’histoire humaine, est tout bonnement incroyable.

Parallèlement, et avec la même brutale détermination, les flux de communication sont, eux aussi, dématérialisés.

Toutes les formes écrites se voient numérisées, les courriels remplacent les courriers, la téléphonie est en ébullition numérique permanente, la messagerie instantanée prend le pas sur la parole.
Pour assurer le transport de ces objets échangés et de ces flux, l’infrastructure numérique s’organise : les « autoroutes de l’information », comme on les a justement dénommées, irrigueront bientôt tout le territoire mondial, y compris les zones habituellement déshéritées. Les réseaux numériques remplacent les faisceaux hertziens, devenus subitement « ringards ». Dans ce domaine de l’infrastructure numérique, la course est au débit : l’objectif est indéniablement de faire passer un maximum de bits en un minimum de temps.

Omniprésente, l’informatique elle-même – pourtant si jeune – connaît sa petite révolution : l’orientation étant à la communication, les programmes informatiques se voient sommés de dialoguer entre eux, ce à quoi ils n’étaient pas franchement préparés. Des normes d’inte- ropérabilité se mettent en place, et l’open source, comme cadre de partage de la connaissance informatique, voit le jour pour définir un nouveau modèle de développement, lui-même partagé.

Une fois les objets d’échanges et les moyens mis en place, il ne reste plus qu’à communiquer. Et les hommes, partout, comme un seul homme, communiquent : les blogs, malgré leur apparente pauvreté générale, fleurissent par millions sur la toile, des milliards de messages sont échangés chaque jour par mail, messagerie instantanée ou SMS, et le téléphone, devenu numérique, se mue en un nouvel organe indissociable du corps humain. Le e-commerce, le e- tourisme, la e-administration rendent progressivement inutiles et obsolètes les anciens modes de visite, de réservation et d’achat.

Enfin, avec ce qu’il est convenu d’appeler « les réseaux sociaux », l’homme en vient peu à peu à se partager lui- même en offrant à des communautés organisées en ligne ses compétences, ses connaissances et son temps. Pour ce faire, il utilise des pseudos, des représentations virtuelles : des avatars.

Cette forme singulière de mise en relation interactive et de services collaboratifs imprègne l’évolution des sites Internet sous l’appellation « web 2.0 », dont les évolutions confirment cette orientation vers ce que l’on qualifie d’interactivité, de communauté, de solidarité, etc. mais qui, au bout du compte, constituera véritablement une interconnexion des hommes.

La promesse de cette interconnexion permanente constitue-t-elle le sens profond de cette révolution numérique ?

Avec la naissance de cette Entité collégiale virtuelle, située dans une autre dimension spatiale, a-t-on affaire à une évolution naturelle, au même titre que les amphibiens sortirent de l’eau pour donner naissance à nos lointains ancêtres ?

Dans cette hypothèse, quels seraient les mobiles de cette mutation du matériel à l’immatériel : le trop-plein d’hommes, la raréfaction des ressources terrestres, la pollution engendrée par notre développement et nos déplacements physiques ?

L’homme, en tant qu’individu physique, a-t-il encore une place dans ce nouveau monde virtuel ?

Nos avatars, en tant que représentants immatériels, ne seront-ils pas, in fine, plus adaptés que nous pour y grandir et y évoluer ?

Cet essai ambitionne d’explorer ces quelques axes de réflexion. L’étude s’articulera en trois grandes parties : le constat du phénomène de dématérialisation, la naissance de l’Entité collégiale virtuelle et l’analyse de l’hypothèse d’une évolution majeure de l’espèce humaine.

Hervé Hastier     
                                                                              

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