Musée du Quai Branly - Spectacle / LE LIÈVRE BLANC D’INABA ET DES NAVAJOS

Dix ans après avoir inauguré le Théâtre Claude Lévi-Strauss du musée du quai Branly en octobre 2006 avec l’épopée du Mahabharata, le metteur en scène japonais MIYAGI Satoshi et 27 comédiens et musiciens du SPAC - Shizuoka Performing Arts Center reviennent pour une création inédite à l’occasion de l’anniversaire des 10 ans du musée. À l’issue d’une résidence artistique de la troupe qui débute au musée du quai Branly le 26 mai 2016, Le Lièvre blanc d’Inaba et des Navajos est présenté du 9 au 19 juin 2016.


Dix ans après avoir inauguré le Théâtre Claude Lévi-Strauss du musée du quai Branly en octobre 2006 avec l’épopée du Mahabharata, le metteur en scène japonais MIYAGI Satoshi et 27 comédiens et musiciens du SPAC - Shizuoka Performing Arts Center reviennent pour une création inédite à l’occasion de l’anniversaire des 10 ans du musée. À l’issue d’une résidence artistique de la troupe qui débute au musée du quai Branly le 26 mai 2016, Le Lièvre blanc d’Inaba et des Navajos est présenté du 9 au 19 juin 2016.

* LE LIÈVRE BLANC D’INABA ET DES NAVAJOS
MIYAGI Satoshi a conçu un spectacle qui confronte deux mythes japonais au mythe des Indiens Navajos décrit par Claude Lévi-Strauss dans son recueil L’Autre face de la lune.
A partir du mythe du lièvre blanc relaté dans le Kojiki - recueil des mythes de genèse du Japon écrit au 8è siècle -, et des correspondances relevées par Claude Lévi-Strauss entre ces épisodes et les mythes amérindiens de l’Oiseau- Tonnerre, MIYAGI Satoshi crée un spectacle inédit sur mesure spécialement pour le Théâtre du musée du quai Branly.

Dans ces écrits posthumes sur le Japon, Claude Lévi-Strauss établit des correspondances entre certains mythes d’Asie et des cultures amérindiennes.
En mettant en valeur leurs similitudes et leurs écarts, il fait de ces mythes parallèles les émanations d’un réservoir commun qui aurait circulé de l’Indonésie à l’Alaska à l’époque des grandes glaciations, alors que la majorité des îles étaient reliées à la terre ferme et que le détroit de Béring joignant l’Asie à l’Amérique était en grande partie émergé.

Claude Lévi-Strauss rapproche notamment l’histoire du lièvre blanc d’Inaba de versions amérindiennes à celle d’un épisode mythique japonais, comparable par les figures du beau-père maléfique et du passeur :
«Tout se passe comme si un système mythologique peut-être originaire de l’Asie continentale et dont il faudrait rechercher les traces était passé d’abord au Japon, ensuite en Amérique ».


Afin d’apporter sa réponse à l’hypothèse de Claude Lévi-Strauss, toute la troupe du SPAC - Shizuoka Performing Arts Center s’est plongée dans la lecture de cet ouvrage. La troupe s’est imprégnée de sa pensée avant de se livrer à un exercice d’écriture collective, inédit pour MIYAGI Satoshi et ses acteurs. Ils ont avant tout retenu de Claude Lévi-Strauss le refus de hiérarchiser les cultures, en distinguant civilisation et non-civilisation, et en ont tiré la grande gageure du projet : donner à voir les transformations du mythe, les voyages de la légende d’un continent à l’autre.
Dans cet esprit, la troupe s’appuie sur la richesse et la vivacité qui étaient celles de ces contes millénaires quand ils n’étaient que des récits transmis oralement, avant d’être figés dans la forme écrite. Pour sa mise en scène, MIYAGI Satoshi a souhaité mettre en œuvre l’esprit démocratique du théâtre à ses débuts lorsque les communautés villageoises constituaient les troupes de comédiens, rechercher ce qu’il y a d’universel dans les légendes portées par deux cultures qui ne se connaissent pas, faire surgir les images épiques, donner le dernier mot à l’imagination théâtrale et ainsi apporter une réponse à l’hypothèse de Claude Lévi-Strauss.


Représentée d’abord à Shizuoka début mai 2016, la création - mise en scène, costumes et décors – va être finalisée au cours de la résidence au Théâtre Claude Lévi-Strauss, qui a lieu du 26 mai au 8 juin 2016.

* SPAC - SHIZUOKA PERFORMING ARTS CENTER
Le SPAC - Shizuoka Performing Arts Center est une compagnie japonaise de théâtre contemporain, installée au pied du mont Fuji, dirigée par MIYAGI Satoshi. Son travail de mise en scène, inspiré du kabuki, est basé sur la dissociation du logos et du pathos, de la parole et du corps.
À chaque création, la compagnie propose une œuvre totale en réalisant de somptueux costumes et masques (dans la tradition de l’époque Heian du 9e au 12e siècle), et en concevant la musique du spectacle avec quarante percussions de tous horizons (gamelan, djembé...).
Venu pour la première fois en France, au musée du quai Branly en octobre 2006, avec sa création MAHABHARATA - Épisode du roi Nala puis repris en février 2013 avec quelques évolutions de mise en scène, le SPAC - Shizuoka Performing Arts Center a, par la suite, été programmé au festival d’Avignon en 2014.

* MYTHES DE RÉFÉRENCE À LA CRÉATION DU SPECTACLE
Le Kojiki
Le Kojiki, écrit au 8è siècle, est considéré comme un des plus anciens écrits japonais connu aujourd’hui. Il rassemble les mythes fondateurs du Japon à partir des légendes populaires des 4e, 5e et 6e siècles.
Commandé par l’empereur Temmu à Hieda no Are, il aurait été achevé en 712, après la mort du souverain, par Ō no Yasumaro.
A travers récits, chansons et poèmes répartis en trois livres, le Kojiki retrace la création des îles de l’archipel, des différentes déités et l’origine de la lignée impériale japonaise.
Les légendes relatées par cet ouvrage ont inspiré de nombreux rites et croyances du shintoïsme.

La légende du Lièvre blanc d’Inaba
Ōkuninushi et ses quatre-vingts demi-frères, avaient quitté leur pays pour se rendre à Inaba, car chacun désirait épouser la princesse Yagami hime. Ōkuninushi, que ses frères traitaient comme leur domestique, pu les accompagner à la condition de porter leurs affaires. Ployant sous le poids des bagages de ses frères, Ōkuninushi se laisse rapidement distancer par ses aînés.


Sur leur route, au moment d’entreprendre la traversée vers Inaba, les quatre-vingts kami croisent un lapin écorché, étendu sur la plage, et qui se lamente. Par malice, ils lui conseillent, pour soulager sa souffrance, d’aller se jeter dans l’eau de mer puis de monter en haut de la montagne et de se faire sécher au vent et au soleil. C’est ce qu’il fit, mais l’eau salée et le vent eurent pour effet de creuser ses plaies et d’augmenter sa douleur.


Lorsqu’ Ōkuninushi arrive à son tour sur la plage, il voit le lièvre étendu au sol et qui se lamente et l’interroge sur les causes de sa souffrance. Le lièvre lui raconte la cruauté de ses frères et comment il a perdu sa fourrure.
« J’étais sur l’île d’Oki et je voulais venir ici, mais n’avais aucun moyen pour traverser la mer, jusqu’à ce qu’une idée me vienne. J’ai nargué les crocodiles en leur disant que les lièvres étaient certainement bien plus nombreux que les crocodiles, et comme j’insistais malgré leurs dénégations, ils commencèrent à se fâcher, et je proposais de les dénombrer pour en avoir le cœur net...
‘Alignez-vous tous depuis la plage, et je sauterai de l’un à l’autre pour vous compter.’
C’est ce qu’ils firent, formant une ligne entre l’île et la terre, dont je me servis comme d’un pont. Arrivé de l’autre côté, je leur avouai que je ne les avais pas comptés et leur découvris ma supercherie. Furieux, le crocodile qui était le plus proche de la grève s’est élancé sur moi gueule ouverte et m’a dépecé de ma fourrure alors que je m’enfuyais.
Puis tes frères m’ont conseillé de me baigner dans l’eau de mer et de me sécher au vent et au soleil, et maintenant mon corps tout entier me fait souffrir. »
Ōkuninushi prend pitié de l’animal et lui dit :
« Va vite te rincer dans l’eau douce de la rivière, puis répands sur le sol les fleurs des joncs qui poussent alentour, roule toi entièrement dans ce tapis de pollen, et tu retrouveras ton corps d’avant. » C’est ce qu’il fit, et il retrouva son beau pelage blanc.
Il prédit alors à Ōkuninushi qu’aucun de ses frères n’épouserait la princesse Yagami hime, car c’est lui, le cadet, qu’elle choisirait pour époux. Et c’est ce qui arriva.
Ses quatre-vingts frères, jaloux, voulurent se venger de lui. Ils le tuèrent par deux fois, et par deux fois il revint à la vie grâce à sa mère qui intervint pour lui auprès des dieux.
Au cours de ces épisodes, il se réfugie dans le monde souterrain, royaume du terrible Susanoo, dieu de l’orage. Il y tombe amoureux de la fille du souverain, Suseri, qu’il enlève et qu’il épouse également.
Déité de l’agriculture, de la magie, des affaires et de la médecine, Ōkuninushi serait devenu le seigneur de la province d'Izumo.

* ET POUR ALLER PLUS LOIN
Un éventail d’activités gratuites sont proposées (visite spéciale des collections, lecture de contes, rencontre avec les artistes, atelier du spectateur...), afin notamment de décrypter la méthode et l’esthétique de MIYAGI Satoshi et du SPAC, les mythes amérindiens et japonais abordés dans le spectacle, et la pensée de Claude Lévi-Strauss.

Programmation complète à venir.

* LE THÉÂTRE CLAUDE LÉVI-STRAUSS
Lieu de dialogue entre les arts et les civilisations, le musée propose une programmation d’arts vivants dans son Théâtre Claude Lévi-Strauss : concerts, théâtre, danse, musique, performances. La programmation est conçue en résonnance avec les grandes thématiques scientifiques et culturelles présentées chaque saison au musée du quai Branly.

Le Théâtre Claude Lévi-Strauss est une grande salle modulable, d’environ 500 places. Elle se présente comme un cirque dont le point le plus bas est le plateau scénique. C’est un espace de jeu et de parole permettant de remettre en question, pour certains événements, le rapport scène/salle frontal à l’occidentale.


Depuis son ouverture en 2006, le Théâtre Claude Lévi-Strauss présente et coproduit des spectacles avec des créateurs et artistes extra-occidentaux, ainsi que des compagnies peu ou jamais présentées en France. Il programme des spectacles inédits, conçus spécifiquement pour le musée du quai Branly, offrant des traditions théâtrales, musicales ou chorégraphiques de l’ailleurs.

Quelques spectacles présentés depuis 2006 :
- 2006 et 2013 : Mahabharata. Adaptation contemporaine créée par le metteur en scène japonais MIYAGI Satoshi qui revisite les codes du kabuki.
- 2007 : Desert blues. Spectacle multimédia, qui mêle musique live et images en mouvement, et évoque quelques-unes des plus belles traditions musicales du Mali.
- 2008 : Le corps en mouvement – Hip hop et cithare traditionnelle. Pour la première fois en France, l'ensemble coréen Last for One, consacré meilleur groupe de hip-hop au monde en 2005 et 2006, rencontre le Sookmyung Gayageum Orchestra, ensemble féminin prestigieux de musique traditionnelle de Séoul.
- 2009 : Africa-Jazz. Une programmation réunissant les grandes figures du jazz tels Jack DeJohnette et Randy Weston, mais aussi des artistes féminines telles la Mauritanienne Dimi Mint Abba et l’Ethiopienne Eténèsh Wassié.
- 2009 : Nouveau cirque du Vietnam - Lang Toi, mon village. Tout premier spectacle de nouveau cirque créé au Vietnam, spécialement conçu pour le musée du quai Branly, Lang Toi (« mon village » en vietnamien) témoigne de l’originalité et de la permanence de la culture vietnamienne, à travers une discipline récente : le nouveau cirque.
- 2010-2012 : Bleu indigo – Jazz au musée du quai Branly. Une programmation inédite et éclectique de Jazz sessions pour découvrir de jeunes talents venus d’Outre-Atlantique.
- 2011 : Opéra Java - Pour la première fois en France, le musée du quai Branly a présenté le spectacle Opéra Java, une adaptation actuelle et originale de L’enlèvement de Sita, un des célèbres passages de l’épopée du Ramayana, mis en scène par le cinéaste indonésien Garin Nugroho.
- 2012 : Le Maître des marionnettes, cette création de Dominique Pitoiset, rend hommage à l’art séculaire des marionnettes sur l’eau du Vietnam en collaboration avec le Théâtre national des marionnettes sur l’eau du Vietnam.
Swan Lake par Dada Masilo. La chorégraphe sud-africaine Dada Masilo revisite Le Lac des cygnes avec une compagnie de 13 danseuses et danseurs africains, à l’énergie galvanisante.
- 2013 : Mamela Nyamza et les kids de Soweto. Cette création dynamique réunit la chorégraphe et performeuse Mamela Nyamza, et les 5 Kids du Soweto’s Finest, groupe de jeunes danseurs de Soweto porteurs d’une nouvelle danse urbaine sud-africaine.
Andersen, 3 contes : L’intrépide soldat de plomb, Le vilain petit canard, et La petite sirène, après le succès obtenu par la troupe en 2012, le musée du quai Branly a créé cette adaptation contemporaine et inédite conçue par le Théâtre national des marionnettes sur l’eau du Vietnam.
- 2014 : Manu Dibango a fêté ses 80 ans lors de 3 concerts exceptionnels au musée du quai Branly pour clore sa tournée anniversaire.
- 2015 : Au-delà. DeLaVallet Bidiefono, pionnier de la danse contemporaine, livre une performance explosive, créé en 2013 au Festival d’Avignon.
- 2015 : White Spirit. Confrontation du sacré et du profane, de la musique et des arts visuels, le projet White Spirit est né de la rencontre entre Shoof, street artist tunisien et les chanteurs, musiciens et danseurs de l’ensemble syrien Al Nabolsy, conduit par Noureddine Kourchid. Une création au musée du quai Branly.

INFORMATIONS PRATIQUES
Représentations
Du jeudi 9 au dimanche 19 juin 2016 (relâche le lundi 13 juin 2016) – 10 représentations :
> Du jeudi 9 au samedi 11 juin 2016, 20h
> Dimanche 12 juin 2016, 17h
> Du mardi 14 au samedi 18 juin, 20h
> Dimanche 19 juin, 17h
Tarifs : 20 € (tarif plein) / 15 € (tarif réduit)
Le billet donne accès aux collections permanentes et à l’exposition PERSONA, Étrangement humain en mezzanine Ouest le jour du spectacle

Réservations
Au musée du quai Branly, 37 quai Branly – Paris 7e : mardi, mercredi et dimanche de 9h30 à 18h / jeudi, vendredi et samedi de 9h30 à 20h
Par téléphone : au 01 56 61 71 72, du lundi au vendredi de 9h30 à 17h00
Sur le site de la FNAC :
http://quaibranly.fnacspectacles.com/?kard=1&gclid=CIPNoNXroMgCFeoJwwodlRMNUQ
Pour tout renseignement : 01 56 61 70 00 - www.quaibranly.fr
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