Exposition de Catherine Ikam, pionnière des arts numériques, au Centre des arts d'Enghien

Catherine Ikam travaille depuis 1980 sur le concept de l’identité à l’ère électronique et plus particulièrement sur les thèmes de l’identité et de l’apparence, du vivant et de l’artificiel.

Catherine Ikam travaille depuis 1980 sur le concept de l’identité à l’ère électronique et plus particulièrement sur les thèmes de l’identité et de l’apparence, du vivant et de l’artificiel.

« Point Cloud Portraits » est un propos conçu tel un évoquant tour à tour mais aussi sa déconstruction ou sa fragmentation. Le visage est aujourd’hui un artefact manipulable à l’infini et avec lequel il est possible de jouer de manière décuplée grâce aux techniques numériques. Dans le travail de Catherine composant en temps réel des visages en 3D dans un jeu de surgissement et de disparition.

Il devient le ‘personnage principal’ d’un journal numérique que tient l’artiste, plongeant le spectateur dans un dispositif traversé de lieux, d’albums de famille, de projets, d’entretiens et de rencontres.
« Point Cloud Portraits », c’est aussi les références à Philip K. Dick chères à l’artiste, et notamment le roman « VALIS » qui donna lieu à un opéra dont les thèmes, à la croisée de la théologie et de la métaphysique, ont été la source d’inspiration de quelques-uns des personnages virtuels de l’artiste et ses avatars.
« There is no route out of the maze;
the maze shifts as you move through it because it is alive*. »
Philip K. Dick, « VALIS »
* Il n'y a aucun chemin possible hors du labyrinthe; Le labyrinthe change selon vos déplacements car il est vivant.
Commissariat : Emmanuel Cuisinier

CATHERINE IKAM & LOUIS FLERI
/ EMMANUEL CUISINIER, commissaire de l’exposition POINT CLOUD PORTRAITS au Centre des arts
1_Point Cloud Portraits est le titre d’un nouveau projet signé Catherine Ikam / Louis Fléri. Comment s’opère cette collaboration ?

C. I : Nous avons commencé à travailler ensemble en 1987 lors de la création de l'opéra VALIS commandé pour le dixième anniversaire du Centre Pompidou, dont Louis fut le producteur aux côtés de l'IRCAM et du Musée National d'Art Moderne.

Puis il y a eu le désir commun, de concevoir ensemble de nouvelles pièces, notamment dans les domaines liés au numérique : réalité virtuelle, portraits interactifs).
Nos productions font presque toujours appel à des collaborations extérieures, chercheurs, ingénieurs et informaticiens spécialistes de la programmation et de l'interaction temps réel.

C. I : Ce qui m’intéresse, ce n’est pas tant de cerner les traits spécifiques qui définissent un individu, que de mettre en scène son surgissement et sa disparition.

Nous avons cherché à obtenir de plus en plus de fluidité, à obtenir que le portrait devienne un paysage, dessine un espace. Les Point Cloud Portraits n’échappent pas à la règle. Je les définirais comme des dispositifs d’absence.

Louis Fléri : Pour moi, je dirai que le portrait est d'abord une présence et non pas une ressemblance. C’est précisément ce que nous apporte la 3D qui est beaucoup plus proche de la sculp- ture que de la photographie. Nos pre- miers portraits Réel/Virtuel remontent à 1996 où déjà nous utilisions des disposi- tifs techniques complexes (le Cyberware qui scanne au laser un visage à 360°) séparant le volume d’un visage de sa texture.

C. I : Un nuage de points est un ensemble de points de données dans un système de coordonnées à trois dimensions.

Dans notre installation, en transformant la surface polygonale d’un modèle 3D d'un visage pour le transformer en nuage de points, on obtient un portrait com- posé d'un peu plus d'un millions de points, eux-mêmes interprétés en petits rectangles ou particules.

Ces particules obéissent à une force gravitationnelle qui les attire sur la géométrie 3D du visage. Elles sont égale- ment dotées d'un comportement de groupe qui leur sont propres, à la manière des nuées de vols d'oiseaux. Chaque élément contient des informa- tions sur la colorimétrie du modèle et ses propriétés de réflexion de la lumière, sur lesquels il est possible de jouer. Cette installation a été rendue possible par le développement de programmes spécifiques, réalisés, à notre demande, par Thomas Muller.

Aujourd’hui le principe interactif de l’œuvre repose d’avantage sur la détection du spectateur. Pourquoi avoir fait de PCP une œuvre finalement générative ?

C. I : Dans Point Cloud Portraits, il y deux installations différentes. La première Gravity est une vidéo générative composée d'une succession de visages qui, à un certain moment de leur évolution, sont entraînés dans un mouve- ment de chute et se succèdent les uns aux autres dans une sorte de course sans fin.

Plus loin, nous avons réalisé deux Portraits/Particules d’une texture très particulière, des portraits en 3D en apesanteur qui sont à la fois présents et absents, avec lesquels on peut interagir en temps réel et qui sont insaisissables. Ils sont formés d’un million de particules, animées d’un comportement autonome, créant par leur mouvement l’apparition et la disparition du modèle. Ils se forment, se précisent, se forment de nouveau, puis s’échappent lentement, hors d’atteinte.

C’est la présence des visiteurs qui les fait apparaître et disparaître en agissant sur le mouvement des particules qui les composent.
de sa représentation.

En effet, de la fragmentation de l’image du corps, je suis passée à la reconstitution d’un clone, c’est-à-dire non plus d’une image-reflet, mais d’une image ontologiquement différente. Elle, de ce point de vue, en est l’illustration la plus parfaite. Le spectateur se retrouve face à un visage virtuel qui obéit à ses propres lois et qui accepte ou refuse de le regarder.

Dans Digital Diaries, nous utilisons la stéréoscopie pour créer une immersion dans une forêt de souvenirs, le spectateur est invité à un voyage dans la mé-moire qu'il parcourt au travers d’albums de famille, de projets, d’entretiens, de rencontres. Un simple curseur permet de s’orienter dans les images. Le système reproduit, comme à l’identique, le processus d’apparition et de disparition du souvenir.

Portraits Fixes s’inscrit à la fois dans la continuité de votre démarche et comme le contre-point de Point Cloud Portraits, un peu comme si ce nuage de points lais- sait place à l’unité dans l’image. Ici tout concourt à restituer l’essence même du visage si ce n’est qu’en créant cette chair numérique, le pixel-peau donne lieu à sa propre organicité : lumières et textures constituent une peau écranique à part entière au-delà du désir de retranscription réaliste d’un corps. Qu’est-ce que la création de ce sensible numérique vous permet-elle d’expérimenter ?

Les technologies numériques liées au domaine de l’image sont parties intégrantes de votre propos. Son esthétique ainsi que les possibles que celles-ci offrent, tant par le recours à la stéréos- copie, la 3D, l'interactivité ou la générativité, sont autant de marqueurs qui peuplent votre univers. Comment s’est finalement construite cette affiliation aux écritures numériques? Qu’est-ce qui vous intéresse dans l’utilisation de ces technologies?
C. I : Depuis le début, deux orientations structurent mes recherches. La première, c’est le souci d’intégrer les technologies nouvelles au fur et à mesure de leur apparition. A l’écran vidéo a suc- cédé le numérique, puis l’interactivité avec l’ordinateur et, aujourd’hui, le métissage entre sculpture, photographie, film et internet. La seconde caractéristique, c’est d’explorer, à travers tous ces outils le registre de la figure humaine et Louis Fléri : Ces nouveaux Portraits 3D sont, en effet, différents des PCP du point de vue technique même si les modèles sont les mêmes. Ici plus de nuages de points, mais un rendu surfacique et volumétrique reproduisant de façon très réaliste les aléas de la peau et la façon dont la lumière s’y comporte.

Ces portraits obtenus par des dispositifs de captation très sophistiqués ont une présence différente de celle d'un portrait photographique : ils semblent surgir du cadre de l'image et contiennent des informations qu’une photographie ne possède pas. Une seule prise et nous pouvons explorer à l’infini un modèle : choix des lumières, des environnements, des temps de pose, de la profondeur de champ, etc.

BIOGRAPHIE
Catherine Ikam est considérée comme l’un des artistes pionniers dans le domaine des nouvelles technologies en Europe. Elle travaille depuis 1980 sur le concept de l’identité à l’âge électronique et plus particulièrement sur les thèmes de l’identité et de l’apparence, du vivant et de l’artificiel, de l’humain et du virtuel.

Reconnue sur le plan international, Catherine Ikam a ét Research Fellow au Massachussetts Institute of Technology, auteur-producteur de programmes sur Antenne 2 consacrés à l'art vidéo, co- auteur avec Tod Machover d’un opéra vidéo « Valis » d'après le roman de Philip K. Dick, coproduit par l’IRCAM et le Musée National d’Art Moderne pour le 10ème anniversaire du Centre Georges Pompidou.
A cette occasion elle rencontre Louis Fléri avec qui elle réalise depuis des œuvres de collaboration notamment dans les domaines du numérique.

Elle a été artiste invitée au BANFFCENTRE for the Arts au Canada en 2000, à l'Ars Electronica Center à Linz en Autriche et artiste professeur au Studio National des Arts contemporains du Fresnoy pour l’année 2005/2006 où elle a réalisé « Digital Diaries ».

En 2014, elle est désignée comme artiste de référence pour le Prix Opline après Villéglé, Opalka et ORLAN.

Travaux et expositions récentes
Depuis la rétrospective de la Maison Européenne de la Photographie en 2007, les dernières productions de Catherine Ikam & Louis Fléri ont été présentées dans plusieurs galeries parisiennes, au Nam June Paik Center à Séoul, au Grand Palais dans le cadre de la « Nuit des images » et plus récemment à la friche de la Belle de Mai à Marseille, à Enghien-les-Bains dans le cadre du festival des « Bains numériques », au Festival « Traces » dans la Chartreuse de Valbonne, à Chinon pour un hommage à Bob Benhamou...

En 2015 Catherine Ikam et Louis Fléri reçoivent une commande de la Fondation Clément pour une sculpture monumentale en bronze « Virtuel Yoona », installée lors de l'inauguration des nouveaux locaux de la Fondation en janvier 2016.

 

Centre des Arts
12-16, rue de la Libération
95880 Enghien-les-Bains
Tél. +33 (0)1 30 10 85 59
Email : accueilcda@cdarts.enghien95.fr Site web : www.cda95.fr
Horaires d’ouverture
Cda (fermé les jours fériés)
du mardi au vendredi : 11h > 19h samedi : 14h > 19h
dimanche : 14h > 18h
Et tous les soirs de spectacles jusque 22h
Digit’Hall (fermé les jours fériés) Mar. au sam. : 14h > 19h
Dim. : 14h > 18h
Et tous les soirs de spectacles jusque 23h
et tous les soirs de séances de cinéma jusque 20h

Programme complet (PDF)

CATALOGUE
L’ouvrage de catherine ikam est publié à l’occasion de l’exposition
Une collection conçue et dirigée par Dominique Roland, Directeur du Cda et éditée par : Le Centre des arts d’Enghien-les-Bains aux Nouvelles Editions SCALA
ISBN : 978-2-916639-41-3
Dos carré collé cousu – 21 x 24,5 cm – 156 pages
Ouvrage français / anglais - en couleurs
20€ - À paraître en septembre 2016

CATALOGUE L’ouvrage de catherine ikam est publié à l’occasion de l’exposition Une collection conçue et dirigée par Dominique Roland, Directeur du Cda et éditée par : Le Centre des arts d’Enghien-les-Bains aux Nouvelles Editions SCALA