BOSCH / LE PREMIER CERCLE


BIENNALE DES ANTIQUAIRES
10 – 18 SEPTEMBRE 2016 GRAND PALAIS – PARIS
La Tentation de Saint Antoine École de Jheronymus BOSCH (1450- Bois-le-duc-1516) Paire de panneaux: 115,4 x 43 cm
La Tentation de Saint Antoine
École de Jheronymus BOSCH (1450- Bois-le-duc-1516)
Paire de panneaux: 115,4 x 43 cm

 

 

Pour sa prochaine participation à la XXVIIIème édition de la Biennale des Antiquaires de Paris, De Jonckheere présentera « Bosch : Le Premier Cercle », ensemble d’œuvres inédites réalisées par les suiveurs et émules du peintre Jheronymus Bosch.

Figure inclassable de l’histoire de l’art, faiseur d’icônes et peintre fantasque : à l’occasion des 500 ans de sa mort, Jheronymus Bosch (1450 – Bois-le-Duc – 1516) est à l’honneur en 2016. À Bois-le-Duc sa ville natale, au Prado à Madrid, et sur le stand de la galerie De Jonckheere à la Biennale des Antiquaires de Paris.

Le Premier Cercle de Bosch
Le premier cercle de Bosch y sera célébré par un accrochage d’œuvres inédites attribuées à ses suiveurs ou émules, tels que Jan Mandijn ou Pieter Huys. Compositions totalement reprises, partiellement revues, ou complètement inventées, ces œuvres qui s’inscrivent dans la plus pure fantaisie de Bosch illustrent parfaitement son univers. On sait l’importance considérable de son œuvre sur les peintres du XVIe siècle jusqu’à sa redécouverte par André Breton et les Surréalistes qui virent en lui un « visionnaire intégral ».

Sa manière en marge de son temps fait de lui un artiste intemporel dont la fascination n’a de cesse d’alimenter le grand mystère qui demeure autour de sa formation et de son atelier. Reconnaissable au premier coup d’œil grâce à un vocabulaire pictural aussi audacieux qu’inspiré, la peinture de Bosch a ouvert la voie à un certain nombre d’artistes.

Ce sont ces artistes, connus ou anonymes, qui feront l’objet d’un accrochage spécifique en cette nouvelle édition de la Biennale. Inédites, ces œuvres participent au rayonnement de son art. Iconiques, ces sujets suscitent depuis toujours la convoitise des amateurs d’art.

UN ENSEMBLE D’ŒUVRES EXCEPTIONNELLES
Un diptyque de la Tentation de Saint Antoine de l’école de Bosch présente une composition rigoureusement proche des deux panneaux latéraux de la Tentation du Museu Nacional de Arte Antiga de Lisbonne. Sommet de l’art de Bosch, cette composition est considérée comme son œuvre la plus aboutie, qu’il s’agisse de l’invention comme de l’exécution. En effet, ce thème est cher à Bosch car il lui permet de déployer toute la fantaisie de son vocabulaire. Succès considérable : en 1605, le père jéronimite de l’Escorial, José de Sigüenza, commente l’une des versions de ce tableau car Bosch en aurait selon toute vraisemblance réalisé plusieurs, son atelier est avec certitude l’auteur de plusieurs variantes, sans oublier les copies et imitations qui traduisent la résonnance stimulante de cette œuvre auprès d’artistes du XVIe siècle. Outre par le bestiaire fantastique, Bosch s’exprime également dans un registre strictement religieux : pour preuve, le Couronnement d’épines qui reprend partiellement le pastiche de l’Escorial, copie d’un original perdu.

La grande richesse iconographique de Bosch est sublimée par la fluidité de la touche de Jan Mandijn, dont l’harmonie des compositions et la justesse des accents de lumière s’expriment dans un Saint Christophe, proche de son tableau de l’Ermitage de Saint Petersbourg et une Tentation de Saint Antoine. Même Pieter Bruegel a succombé à la tentation de l’univers boschien en produisant des images qui font échos aux imitations des émules du maître. À ce titre, et pour illustration de ce lien particulier, La Tentation de Saint Antoine qui reprend la même composition que le dessin de Bruegel de l’Ashmolean Museum. Pieter Huys, autre épigone de Bosch, sera représenté à travers deux compositions sur le thème de la Tentation de Saint Antoine, la première œuvre réinterprétant un détail du panneau central du triptyque de Lisbonne et la seconde, une vision inventée de Saint Antoine tourmenté par une tentatrice.
L’ensemble de ces œuvres du premier cercle de Bosch sera disposé à l’entrée du stand. Stand qui comptera également deux autres sections : une sélection de maîtres flamands des XVIe et XVIIe siècles, ainsi qu’une partie consacrée aux artistes modernes.

Usant d’un patronyme original inspiré de la ville où il réside, Jheronimus van Aken qui signe désormais d’un « Bosch » est un artiste résolument pieux dont l’atelier est établi sur la Grand Place depuis deux générations. Membre de la Confrérie de Notre-Dame, il n’a visiblement jamais quitté l’enceinte de sa ville ou même franchi les frontières de sa province brabançonne.

Si sa formation demeure incertaine, l’héritage de grands maîtres des Pays-Bas méridionnaux tels que Rogier van der Weyden ou le Maître de Flémalle ne fait aucun doute. Bosch peint à une époque charnière, adoptant un style médiéval dans la conception du paysage ou du bestaire fantastique, mais usant d’un style résolument moderne propre à la Renaissance.

Trois grandes périodes façonnent sa carrière. Entre 1475 et 1500, il peint des sujets religieux traditionnels et pose les premières pierres de son sujet fétiche : la folie humaine. Vers 1500 jusqu’à environ 1505, il réalise ses grands triptyques qui firent son succès, devenus grâce à Philippe II d’Espagne, pièces maîtresses des collections du Prado. Jusqu’à sa mort vers 1516, il se consacre à plusieurs chefs-d’oeuvre reprenant son univers fantastique ou figurant des saints sur fond paysagé.

ÉCOLE DE BOSCH
La question de l’atelier est fondamentale dans l’étude du cas « Bosch ». Jouissant d’une grande notoriété, l’abondance de commandes a encourgé l’atelier à produire des tableaux en collaboration avec le maître, mais aussi des copies d’originaux. Il existe donc des copies strictement contemporaines à l’existence de cet atelier, puis les productions que l’on peut attribuer à ses meilleurs disciples au cours du XVIe siècle, tels que Jan Mandijn et Pieter Huys.

JAN MANDIJN (Haarlem circa 1500 - Anvers circa 1560)
Né à Haarlem vers 1500, Jan Mandijn s’établit dès 1530 à Anvers. Très rapidement, il s’y bâtit une réputation par ses représentations de la Tentation de Saint Antoine et ses Saint Christophe pour lesquelles il puise largement dans le bestiaire fantastique de Jheronymus Bosch. Dans ses compositions plus drolatiques que véritablement inquiétantes, l’arrière-fond d’angoisse caractéristique du maître de Bois-le-Duc est pourtant absent. Il se distingue par le réalisme accru de ses paysages, souvent traité avec un pinceau souple et large. Les liens privilégiés qu’il entretint avec Pieter Aertsen, ainsi que l’apprentissage que firent chez lui des peintres de figures tels que Jan Mostaert et Bartholomeus Spranger laissent supposer que l’oeuvre du peintre ne se cantonna pas au genre fantastique auquel on l’associe souvent. Mandijn jouit aussi de son vivant d’un succès d’estime et d’une reconnaissance publique dépassant, ainsi que l’atteste la pension annuelle qu’il recevait de la Ville d’Anvers pour ses travaux de décorateur des sorties annuelles de l’Ommegang, le profil d’épigone de Bosch auquel on l’associe généralement.

PIETER HUYS (Vers 1519 - Anvers - 1584)
Fils et élève d’un paysagiste, frère du graveur Franz Huys, Pieter Huys est né à Anvers vers 1519. Il est inscrit comme maître à la corporation de cette même ville en 1545. Il entre alors au service du graveur et éditeur d’estampes Jheronymus Cock. Après 1560, il est signalé au sein de la maison d’édition Plantin avec pour charge de décorer les livres. Est connue une douzaine d’œuvres signées dont la datation s’échelonne entre 1547 et 1577.

Un tiers d’entre elles reprennent le thème de la Tentation de Saint-Antoine. Pieter Huys fut un des successeurs les plus adroits de Jheronymus Bosch. Il a puisé dans son répertoire iconographique ses diableries et développa, comme Jan Mandijn, un vocabulaire propre qui le distingua. Empruntant les hallucinations fantastiques et cauchemardesques à Bosch, il les introduit cependant dans une nature d’esprit plus réaliste, où se côtoient êtres hybrides, composites et aberrants. Pieter Huys joue un rôle important dans le genre fantastique du XVIe siècle; excellent coloriste, il combine avec subtilité les apports de Bosch mais aussi de Pieter Bruegel.

5 QUESTIONS À MESSIEURS DE JONCKHEERE
Bosch et son premier cercle, expliquez-nous le lien qui les unit ?
En 1560, dans ses Comentarios de la pintura, Felipe de Guevara évoquait déjà la question d’un cercle de peintres actifs autour et à la suite de Bosch : « les peintures réalisées dans ce style sont innombrables, et portent faussement le nom de Jérôme Bosch (...) ce sont des peintures fort estimables et ceux qui en sont possesseurs doivent s’en réjouir (...) ne s’éloignant jamais du style, de l’élégance et des coloris de son maître ».

Le récit de cet amateur éclairé démontre bien le souci de distinguer, déjà quelques décennies après la mort de Bosch, les œuvres authentiques du maître et celles qui auraient été produites par son atelier. Des indices laissent à supposer que cet atelier ait produit des copies des originaux de Bosch.
Ces copies sont le fruit de commandes et de l’envie de satisfaire des enjeux commerciaux. Aucun élément ne justifie hélas aujourd’hui

le fonctionnement de cet atelier, d’où l’emploi généralement, d’une terminologie plus large et plus prudente « d’École de Bosch ». Ce premier cercle d’artistes produirait quant à lui, des œuvres copiées et/ou inspirées des originaux du peintre.

Qui sont les meilleurs disciples de Bosch ?
Si certaines mains restent encore à identifier, nous pouvons distinguer deux peintres Pieter Huys et Jan Mandijn, parmi les meilleurs disciples de Bosch. Ces deux artistes, représentés sur notre stand par des œuvres emblématiques chacun, font preuve d’une grande maîtrise d’exécution qu’il s’agisse du dessin, de la couleur, du vocabulaire pictural ou de l’harmonie de la composition.

Ces œuvres sont le reflet des thèmes chers au maître comme la Tentation de Saint Antoine.

Qu’est-ce qui différencie les bons des mauvais suiveurs ?
Ces deux suiveurs Mandijn et Huys se différencient des autres par leur singularité. En effet. S’ils retiennent les motifs de Bosch, les copiant ou les détournant, ils font preuve tous deux d’invention dans l’ordonnance de leurs compositions.

Jan Mandijn se fait connaître par ses représentations de la Tentation de Saint Antoine et de Saint Christophe pour lesquelles il puise largement dans le bestiaire boschien. Mais ses compositions sont moins inquiétantes et la qualité du traitement du paysage tout à fait remarquable.

Pieter Huys quant à lui, développe des diableries et un tiers de sa production signée illustre la Tentation de Saint Antoine. Les créatures fantastiques empruntées à Bosch sont savamment exécutées et campées dans des paysages naturalistes.

Que représente pour vous de spécial la présentation de ces œuvres pour la Biennale ?
Le 500e anniversaire de la mort de Bosch est l’occasion de célébrer sa peinture dans nos collections. 40 années d’expertise nous ont donné le privilège de rencontrer son art à de nombreuses reprises, et d’accompagner certains amateurs dans l’acquisition de sujets typiquement boschiens.

Cet accrochage particulier nous donne l’opportunité de démontrer l’étonnante modernité de ce peintre, à cheval entre le Moyen-Âge et la Renaissance.

Sa redécouverte tardive par les Surréalistes le prouve, il est un visionnaire et un génie de l’invention. Le caractère extrêmement pieux de son art est englouti par un bestiaire aussi drolatique que fantasque. Il est sans doute, aux yeux des amateurs d’art moderne, un merveilleux ambassadeur de l’art ancien et de la peinture que nous défendons.

Quel regard nos contemporains portent-ils sur l’œuvre de Bosch et de ses suiveurs ?
L’œuvre de Bosch fait partie de la mémoire visuelle de chacun, ses images sont de véritables icônes. Devant le succès phénoménal de l’exposition de ‘s-Hertogenbosch, on ne peut douter de la résonnance de son art 500 ans après sa mort.

Ce qui fascine ? Indubitablement, l’étrange et le fantastique qui dominent ces sujets purement religieux. La cruauté de certaines scènes et l’audace du vocabulaire pictural employé continue de stupéfier les spectateurs. Gageons que la présentation lors de la Biennale de cette sélection touchera les amateurs, qui conscient de l’inaccessibilité des œuvres de Bosch sur le marché, pourront jouir de ses fantaisies par le biais de son premier cercle.

À PROPOS DE DE JONCKHEERE
C’est en 1976 qu’est fondée De Jonckheere à Bruxelles, galerie spécialisée dans l’étude et la vente de tableaux flamands du XVe au XVIIe siècle. En 1983, elle s’installe à Paris.

Ses différentes collections sont présentées aux plus exigeants des amateurs et notamment lors de participations aux principales foires d’art ancien telles que la Biennale des Antiquaires de Paris depuis 1978, la TEFAF de Maastricht et de New York.

En avril 2011, la galerie De Jonckheere ouvre son nouvel espace au cœur du quartier historique de Genève au 7 rue de l’hôtel de ville et en fait désormais le centre de son activité. Dorénavant et depuis l’édition 2012 de la Biennale des Antiquaires de Paris, une mise en scène d’œuvres à la fois anciennes et modernes marque les deux facettes de ses compétences.

BIENNALE DES ANTIQUAIRES PARIS du 10 au 18 septembre 2016
Grand Palais, Galerie Nationale 3, avenue du Général Eisenhower 75008 Paris