Manger bio, ç’est bon pour la santé mais ça ne fait pas maigrir !

 


Aujourd’ hui, tout peut être bio. Et pas seulement ce qui fait maigrir : chocolat, desserts, biscuits, gâteaux, glaces, jus, fromages bio ont envahi nos rayons au supermarché. D’ailleurs, il n’a pas pour vocation de promouvoir l’amincissement. En effet, le bio a surtout pour but de consommer plus sain, doublé d’une vision écologique des procédés de production alimentaire et d’élevage. Pourtant, il a pris une telle ampleur en termes de demande de la population (avec un intérêt économique non négligeable pour la grande distribution) qu’il s’organise avec les mêmes critères que la production alimentaire industrielle non bio, selon un mode de production à grande échelle, intensive et rentable. On peut donc être en droit de s’interroger sur la véracité d’un rendez- vous bio 100 % garanti.

La culture biologique n’est pas exempte de pesticides même si ces derniers sont utilisés en moindre quantité ; elle n’est pas indemne des pluies transportant des résidus de polluants dans les sols et dans l’air. Sans compter que les fermes bio sont parfois voisines d’autres non bio, les contaminations par les polluants existant bel et bien.

De plus, depuis les résultats d’ études récentes sur les conséquences des polluants appelés « perturbateurs endocriniens » (bisphénol A, phtalates, composés bromés), qui délivrent des œstrogènes, des mesures internatio- nales de contrôle sont prises par des organismes tels que l’ OCDE (Orga- nisation de coopération et de développement économiques). L’OCDE étudie les niveaux des effets néfastes des substances suspectées être des perturbateurs endocriniens, afin d’établir des normes sécuritaires quant aux produits de consommation. Certains aliments en contiennent plus que d’autres, d’où le principe de diversification d’apport et de monoto- nie à éviter dans ses menus, plus que la consommation bio en elle-même.

C’est pour cette raison que l’ANSES exerce des missions de veille sanitaire et de nombreux travaux d’évaluation de risques sur la présence de toxiques dans l’industrie, l’agriculture et les biens de consommation.

Si consommer bio est appliqué dans le cadre d’un régime amaigrissant, il n’est pas indispensable ni suffisant à sa réussite. Cependant, on conseille aux individus ayant une hypersensibilité aux effets des œstrogènes de consommer bio afin de limiter certaines conséquences endocrinologiques défavorables provoquées par ces hormones en excès : rétention d’ eau, cellulite, dérèglements hormonaux et métaboliques pourvoyeurs de prise de poids.

On déconseille également aux femmes enceintes et allaitantes, et sous pilule œstro-progestative, ainsi qu’ aux nourrissons et aux enfants (garçons et filles) en pleine croissance de ne pas augmenter leur dose d’ œstrogène avec ces polluants endocriniens qui ont pour conséquence sur la santé un risque tératogène, des kystes sur les ovaires et les seins, des dysménorrhées (troubles des règles), des migraines, des troubles de la fécondité, une puberté précoce, un risque accru de cancer hormono-dépendant (seins, endomètre, prostate, testicules)...

Si manger bio ne fait pas maigrir, on peut considérer d’un point de vue socio-psychologique qu’une volonté d’adopter une démarche bio s’inscrit dans le choix d’une hygiène de vie globale, qui considère que faire du bien à la planète, c’est aussi se faire du bien. Et se faire du bien, c’ est quelque part surveiller son poids. Ainsi, la valeur sécurisante et rassurante des partisans du « manger bio » pour guérir ou maigrir aura un effet positif indéniable sur l’ individu : convaincu, il mangera mieux, plus varié et en moindre quantité et aura donc tendance à être plus mince.

Le +
Les produits alimentaires issus de la culture biologique peuvent s’avérer très intéressants pour certaines personnes souffrant d’intolérances alimentaires et d’allergies multiples, pour les femmes enceintes et les patients en cours de traitements lourds mais aussi pour les fumeurs. Cela ne peut que réduire les substances nocives ingérées...

En revanche, culture bio ne veut pas dire sans allergènes ! Une personne allergique au gluten le sera également au blé bio- logique ; il en est de même pour les allergiques au lait quant aux produits laitiers bio.

 Dr Alexandra Dalu

 

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