Jeûner pour retrouver la santé !

 

 

Pour vivre, nous avons besoin de manger, c’est incontestable. Pour dépenser de l’énergie, il faut en emmagasiner, c’est vrai également. Mais l’erreur que l’on commet, c’est de penser que les bonnes calories que l’on mange le matin vont se transformer en énergie physique et intellectuelle dans les heures qui suivent. Entre les deux, il y a la digestion. Cette transformation longue et complexe est l’une des opérations les plus consommatrices d’énergie qui soit... et elle laisse derrière elle une masse de déchets qui finit par s’accumuler dans l’organisme.

De temps en temps, le corps a besoin d’une pause. De l’éner-gie en stock, il en a. Du temps pour faire son propre ménage, il en manque. Il est toujours occupé à digérer... Offrez-lui cette pause avec le jeûne, petit d’abord (et si vous commenciez par essayer de sauter un dîner ou un petit déjeuner ?), puis plus long, jusqu’à trouver votre rythme. Vous en êtes capable, tout le monde peut le faire, et toujours avec bénéfice !

Je ne suis ni une ascète ni une rêveuse... On me reprocherait plutôt d’être un peu trop pragmatique. Je ne jeûne pas pour purifier mon esprit ou atteindre le nirvana, mais uniquement parce que j’ai été convaincue, par mes lectures et de nombreux témoignages, de l’intérêt de cette méthode pour être en meilleure santé. J’ai essayé et je peux dire que l’essai a été concluant. Non seulement on se sent mieux et les bienfaits physiques sont réels mais, en plus, on gagne en énergie intellectuelle. Ça, j’avais du mal à y croire, mais je dois reconnaître que le jeûne donne de la motivation et vous aide à passer au-delà de vos velléités.

Franchement, cela vaut la peine de tenter l’expérience (d’autant que, contrairement à tous les autres traitements, naturels ou non, c’est 100 % gratuit et vous faites même des économies) !
Lorsque l’on se demande « ce qui fait les centenaires », on obtient toujours la même réponse : longévité rime avec frugalité. Ils peuvent boire un verre de vin par repas, fumer trois cigarettes par jour, avoir eu beaucoup ou peu d’enfants, être agréables ou antipathiques, pingres ou généreux, ils ont tous eu, au moins sur de longues périodes, une alimen- tation frugale.

Halte à la goinfrerie !
Ma grand-mère est décédée à l’âge de 94 ans. Les dernières années de sa vie, ou plutôt les dernières décennies, elle se nourrissait surtout de tartines beurrées et de café au lait. Un jour où je m’étonnais de sa si grande forme alors qu’elle était diabétique, très « ronde », et qu’elle se nourrissait de n’importe quoi, un médecin ami, et pour lequel j’ai une grande estime, a répondu à mon étonnement : « Ta grand-mère a traversé deux guerres et les restrictions alimentaires qu’elle a subies l’ont préservée ensuite de bien des maladies. » La frugalité est source de santé. Jeûner, c’est un peu remettre les pendules de l’organisme à l’heure, opérer un grand nettoyage et laisser au corps le temps d’évacuer les vieilles cellules, les graisses, les déchets et les toxines qui l’encombrent. En lui octroyant, de temps à autre, ces moments de répit, vous ne lui faites que du bien.

Un jeûneur n’est pas forcémment un « fêlé » !
Si vous osez parler de jeûne à votre entourage, on vous regardera sans doute comme une ou un illuminé(e), même si les médias se font de plus en plus souvent l’écho des bienfaits de cette pratique. Peu importe, tant qu’on ne vous suspecte pas de faire partie d’une secte. Toucher à la sacro-sainte nourriture peut sembler à certains un crime de lèse-majesté... S’ils savaient à quel point on savoure encore mieux les aliments après une petite diète ! Et puis, si on vous maintient que vous êtes un ou une hurluberlu(e), envoyez vos interlocuteurs se renseigner un peu plus avant d’asséner des inepties plutôt que de se barder d’a priori sans fondement. Si l’usage empirique ancestral de ce style de diète ne suffit pas à les convaincre de leur erreur, les preuves d’efficacité et d’innocuité du jeûne se multiplient ces derniers temps.

Comme les animaux
Il n’est pas dans mes habitudes de faire des parallèles entre l’Homme et l’animal, ni même entre le chat et la souris et il me semble souvent absurde d’extrapoler à l’Homme les résultats d’études réalisées sur des animaux. Mais, en ce qui concerne le jeûne, il apparaît intéressant de constater que de nombreux animaux, dont des mammifères, peuvent se passer des semaines durant de nourriture sans pour autant s’en porter plus mal... Et, quand un animal, n’importe quel animal, est malade ou blessé, quelle est sa première réaction ? Il jeûne pour laisser son organisme utiliser toutes ses forces dans la bataille pour la guérison. Nous sommes, à ce titre, des animaux ! La maladie nous coupe l’appétit, écoutons notre organisme ! Passons-nous de nourriture le temps du rétablissement. Il n’en sera que plus rapide. Mais gare aux amis, à la famille et au médecin (dans la plupart des cas) : pour eux, il faut manger pour guérir (et cette idée fausse perdure !). Ils vont vous encourager à « reprendre des forces » en ingérant des calories. Erreur : si votre organisme refuse la nourriture, c’est qu’il a besoin de ce repos digestif pour retrouver équilibre et santé.

Relevez le défi !
Si vous décidez de faire un jeûne, même de courte durée, vous serez forcément pris entre deux feux, l’un plus intense que l’autre... Le feu de certains « convertis » au jeûne, de ceux qui n’hésitent pas à mettre du « mystique » dans cet effort passager de se passer de nourriture (et dont l’analyse parfois irrationnelle peut déranger), et le feu plus nourri des affolés : « Mais tu vas mourir de faim ! Tu vas tomber dans les pommes, t’es devenue complètement folle (valable aussi au masculin)... »
On peut jeûner pour se faire du bien, simplement, sans pour autant donner au jeûne des pouvoirs illimités, dont celui de vous conduire tout droit dans les hautes sphères de la spiritualité. Considérons cette méthode pour ce qu’elle est :
un moyen pour l’organisme de faire un peu le ménage, physiquement, mais aussi psychologiquement. Ne la rangeons pas du côté des exploits qui font des miracles... Le jeûne vous redonne un coup de punch au physique comme au reste, c’est- à-dire, pour moi, au moral et à l’intellect. Dès mon premier jeûne, dès que j’ai eu enfin fait l’effort de me passer de nourriture pendant plusieurs jours, j’ai compris à quel point on se faisait un monde de bien petites choses. Non seulement c’est bien moins difficile qu’on l’imagine, mais le résultat vaut vraiment la peine d’essayer. En réalité, il me semble bien moins frustrant de jeûner, même durant plusieurs jours (à condition de ne pas être confrontée à mes gourmandises préférées), que de suivre un régime alimentaire restrictif. Le dicton qui veut que « l’appétit vient en mangeant » prend ici tout son sens. On a plus de mal à manger moins (ce que l’on aime) que pas du tout. Le corps, lorsqu’on lui donne moins de nourriture qu’habituellement, attend toujours le complément... Mais quand on ne lui donne rien, après deux ou trois jours, il oublie de réclamer ! Et c’est vrai qu’on a rarement faim en jeûnant, surtout une fois passé les deux ou trois premiers jours, aussi étrange que cela puisse paraître.

Nous avons des réserves !
Le chameau est bien connu pour faire d’énormes réserves d’eau et survivre durant les traversées du désert... L’organisme humain, lui, met aussi de côté de quoi subvenir à ses besoins au cas où les temps deviendraient plus durs. La « machine » est bien orchestrée ! Non seulement chaque cellule et chaque organe disposent de réserves de nourriture, mais des réserves sont disséminées un peu partout et mises à disposition en cas de « pénurie ».
• Le foie peut fournir de grandes quantités de glycogène, excellent combustible !
• Le sang et la lymphe véhiculent bien des substances nutritives.
• Des réserves considérables de vitamines sont stockées dans différentes glandes.
• La moelle osseuse renferme des trésors nutritifs.
• Et plusieurs kilos de graisse (même chez les personnes
minces) sont stockés pour faire face aux disettes !

Dans l’organisme, vous disposez de suffisamment de réserves pour « tenir » sans problème des semaines durant. Et ce que vous devez savoir, et qui vous fera sans doute plaisir, c’est que l’organisme puise avant tout dans ses réserves de graisses. Ceux qui vous diront que jeûner fait fondre les muscles n’ont jamais essayé : avant que les muscles ne fondent, bien des réserves de graisses sont utilisées par l’organisme pour subvenir à ses besoins fondamentaux. Et le corps ne va pas aller puiser dans les cellules saines de vos organes pour compenser le « manque », n’ayez crainte !

Le Dr Shelton, praticien du jeûne durant de longues années, explique que « si tous les tissus adipeux et autres réserves sont disponibles en abondance, on peut jeûner de trente à quatre-vingt-dix jours ou plus sans entamer une seule cellule des tissus essentiels du corps ». Aujourd’hui, les spécialistes du jeûne utilisent des balances à impédance-métrie : un système qui permet de peser la personne mais aussi de connaître ses taux de graisse, d’eau, de minéraux, de protéines... Et ce n’est pas du bon muscle qu’on perd en jeûnant mais de la graisse rance et de l’eau croupie, avec quelques cellules folles qu’on a tout intérêt à chasser avant qu’elles ne s’organisent et se multiplient !

Une journée, trois jours, une semaine, en solo, en couple ou en groupe, chez soi ou en randonnées, trouvez le jeûne qu’il vous faut, selon votre rythme et vos envies. Pour rester jeune et en bonne santé, pour retrouver la ligne et la conserver, le jeûne est le plus simple des remèdes naturels !

 


Sophie Lacoste*

 

 Pour en savoir plus, lire :
Les surprenantes vertus du jeûne
*Sophie Lacoste
www.editionsleduc.com