Thérapie manuelle viscérale


Dans le cadre d’une lombalgie, le kinésithérapeute est en mesure de donner les conseils ergonomiques, les exercices gymniques correctifs et de masser les muscles endoloris et contracturés. Le thérapeute manuel orthopédique analyse les amplitudes articulaires de chaque étage vertébral et les tensions musculaires de façon analytique pour comprendre le déséquilibre entre les éléments longs et puissants superficiels et les éléments courts, mono-segmentaires et profonds.

La lombalgie peut être due uniquement au « blocage » d’une vertèbre et ce travail suffit mais parfois, la rééquilibration musculo-squelettique, même analytique et spécifique ne résout pas le problème. Le patient y trouve un confort pendant quelques jours mais les symptômes réapparaissent très vite. La logique fait penser que nous avons rééquilibré le système et l’impact sur la douleur prouve que nos hypothèses sont bonnes. Autrement dit, nous avions réglé le problème mais il est revenu. Pourquoi le système se déséquilibre de nouveau alors que nous l’avions régulé ? La sphère viscérale peut offrir un champ de réponses puisqu’elle aussi est composée de ligaments, d’enveloppes aponévrotiques, d’organes en mouvement nécessitant un équilibre tissulaire dans leur fonctionnement. Des organes comme la vessie ou les intestins s’attachent mécaniquement à la colonne vertébrale et au bassin (possibles contraintes mécaniques: schéma 2) mais sont aussi en rapport neurologique avec ces structures. Les nerfs les commandant (efférences) et recevant leurs informations (afférences) sont intégrés dans le système nerveux central au niveau de métamères, dans les étages vertébraux. Par exemple, le foie est en relation neurologique avec les vertèbres thoraciques D6-D8 (système orthosympathique), la jonction sous-occipitale (nerf vague; système parasympathique) et l’étage cervical C3-C4 (pour son enveloppe, la capsule de Glisson, innervation somatique).

Le système fonctionne dans une réciprocité, le viscère influençant les étages vertébraux et vice versa. Si le tissu hépatique est en déséquilibre, il envoie des messages de souffrance (nociception) au niveau de ces étages. Ceux-ci les intègrent à la manière d’un vase qui se remplit: tant que les informations ne dépassent pas un certain seuil, le vase ne déborde pas, le système peut s’adapter sans conséquence symptomatique. Lorsque le seuil est dépassé, le vase déborde et l’étage neurologique correspondant dysfonctionne entraînant des conséquences symptomatiques. Nous comprenons que si la vertèbre rééquilibrée par le thérapeute manuel est en relation avec un déséquilibre des tissus viscéraux, il faut nécessairement régulariser les tensions de ces derniers, et vérifier auprès d’un médecin l’absence de pathologie sous-jacente, pour espérer un résultat satisfaisant. Nous avons ainsi trouvé la solution pour une patiente se plaignant alternativement de lombalgies et de tendinopathies des muscles adducteurs chez qui la rééquilibration musculo-squelettique des lombaires, du bassin et des membres inférieurs n’avait pas suffi. La rééquilibration des systèmes ligamentaires de la vessie et des attaches basses du méso-côlon (attache conjonctive reliant le gros intestin à la colonne vertébrale et au bassin) au niveau du côlon sigmoïde (portion terminale du gros intestin) ont permis de trouver une solution définitive.


Patrick Ghossoub

 

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La résilience tissulaire