Pourquoi rêvons-nous ?

 

 

Quelle est la véritable fonction du rêve ? Si plusieurs théories circulent, aucune n’a été officiellement acceptée, ni confirmée expérimentalement. Elles se juxtaposent les unes aux autres, chacune proposant sa vérité. En voici quelques-unes :

> Une des théories, déjà ancienne, attribue au sommeil paradoxal et aux rêves une fonction de vigie. Cette activité cérébrale intense aurait pour mission d’entretenir l’excitation afin de réagir si un danger se présente pendant que nous dormons.

> Plus récemment, certains chercheurs affirment que le cerveau fonctionnerait comme un ordinateur dont il faut régulièrement décharger les circuits pour éviter d’en saturer la mémoire. Pendant le sommeil, le cerveau analyse et trie nos informations en traduisant le tout en images, en sons et en sensations. Ajoutez à cela les souvenirs que l’on a déjà, et le rêve est formé !

> D’autres démontrent que le sommeil paradoxal servirait à entretenir les circuits de neurones peu utilisés au cours de la journée. Tandis que le cerveau se croit éveillé lors de cette phase de « révision », il interprète les signaux qu’il produit de manière aléatoire, ce qui « formerait » le rêve.

> D’autres encore ont prouvé que les êtres ayant un cerveau moins développé rêvent moins car ils ont moins d’informations à traiter. En conséquence, les rêves seraient en lien direct avec l’activité cérébrale.

> Le professeur Michel Jouvet*, célèbre dans le monde entier grâce à ses découvertes sur le cycle du sommeil, affirme que le rêve serait le moment où le cerveau organise les conditions de maintenance et de restauration de sa programmation génétique. D’après lui, il faudrait voir le rêve non comme un travail sur le passé (vécu de la journée ou d’il y a plus longtemps), mais comme une projection vers le futur. Le rêve permettrait de réactiver nos comportements – ceux qui nous différencient des autres – et de reprogrammer en quelque sorte notre cerveau. Selon lui, le rêve deviendrait alors constructeur de l’individu.

> Pour d’autres spécialistes, le rêve a une fonction de mémorisation et d’apprentissage.

> Enfin, un autre point de vue serait que le rêve mettrait de l’ordre dans le cerveau en éliminant des souvenirs insignifiants et en incorporant des événements survenus au cours de la journée ; aussi, quand le dormeur ou la dormeuse a mal géré des situations difficiles pendant sa journée, le rêve devient cauchemar... En conséquence, le rêve résulterait d’un travail de tri des événements de la journée, agrémenté de belles images métaphoriques piochées dans la vie de tous les jours et des souvenirs stockés dans la mémoire, théâtralisés ou mis en scène de manière fantastique. Un travail intrigant mais jamais neutre...

Bien que ces fictions créées au cours des rêves n’aient aucune logique, elles vous permettent, entre autres, d’assimiler des informations acquises durant la journée, de résoudre certains problèmes émotionnels et de « reconfigurer » des zones du cerveau pour en améliorer la mémoire. Peut-on conclure que les rêves seraient essentiels pour maintenir un équilibre psychique et émotionnel ?

 

Régine Saint-Arnauld*

 

Pour en savoir plus, lire :
Interpréter ses rêves, c'est malin
*Régine Saint-Arnauld
http://www.editionsleduc.com